Ce 25 janvier, la cour d'assises de l'Hérault a appris qu'une main courante avait été déposée en 2006 par la femme de Rémi Chesne, qui se défend pourtant de toute violence. Un portrait en contradiction avec celui que peint Céline, actuelle compagne de l'accusé de l'assassinat de la grotte de Sète.
La 7e journée du procès de l'affaire de "la grotte sanglante de Sète" a débuté dans le chaos. Rémi Chesne, dont la thèse a été ébranlée la veille par les assauts de l'avocat général, des parties civiles et de la défense d'Audrey Louvet, devait être interrogé par ses avocats à l'ouverture de l'audience, exceptionnellement avancée à 8h30 ce 26 janvier.
La défense pose finalement un lapin. "Nous n'avons pas de question," se contente malicieusement de déclarer Me Berton à l'ouverture de l'audience, entraînant une suspension jusqu'à 9 heures et de nombreux râles dans la salle d'audience du palais de justice de Montpellier. Les débats ne reprennent qu'à 9h30, après une deuxième suspension due, cette fois, à un problème technique de visio-conférence.
Un mari pas si idéal ?
Entendu pendant six heures la veille, Rémi Chesne a fourni, presque machinalement, une explication à chaque question, avec plus ou moins de succès.
Pourquoi son téléphone était éteint au moment des faits ? Il l'avait mis hors-tension car une dame âgée qu'il coiffait avait renversé un verre d'eau dessus. Pourquoi se rendre quelques jours avant les faits au domicile de Patrick Isoird, suspecté d'avoir eu une aventure avec sa femme Nadège Chicard, pour lui demander de rendre des Walt-Disney en DVD ? "Parce que ma fille me les avaient demandés à plusieurs reprises," se défend l'accusé. Pourquoi chercher à se procurer des photos de sa femme lors de la soirée qui aurait entraîné son suicide ? "Parce que j'avais besoin d'une photo de ma femme vraiment heureuse. (…) Toutes celles que j'avais n'étaient pas terribles," répond Rémi Chesne, sous les soupirs de la famille de Patrick Isoird.
Mais une intervention de l'avocat général vient fissurer l'image de mari idéal que se donne Rémi Chesne. Exhumée à la demande de la présidente quelques jours auparavant, une main courante déposée en juin 2006 par l'ancienne femme de Rémi Chesne apprend à la cour qu'elle avait été victime "de coups de poings et de coups de pieds" de la part de l'accusé. "Je ne comprends pas. Je n'ai jamais frappé ma femme. (...) Si j'avais levé la main sur elle, elle m'aurait aussitôt quitté," rétorque Rémi Chesne, sonné.
Suite à cette déconvenue, la défense aurait-t-elle décidé de changer de stratégie dans la soirée ? Me Berton et Me Abratkiewicz plaident le caprice.
Nos questions ne doivent pas être tributaires des contraintes de planning. Si nous avions voulu les poser à 11 heures, nous les aurions posées à 11 heures.
Aujourd'hui, un couple fusionnel
Citée par la défense justement ce 26 janvier, la compagne actuelle de Rémi Chesne a brossé le portrait d'un fiancé sans reproches."Rémi violent ? Ah, non. Il est plutôt protecteur, attentionné," explique Céline lorsqu'on évoque la main courante de 2006.
Elle connaît Rémi Chesne depuis ses 16 ans et s'est rapprochée de lui après avoir été régulièrement coiffée par l'accusée avec sa mère à Sète. Elle y habite toujours, en attendant de s'installer dans l'ancienne maison des grands-parents Chesne, à Saint-Privat-des-Vieux, près d'Alès (Gard), dont les travaux ont été ralentis par l'incarcération de son fiancé. La prison semble avoir eu raison de leur projet d'enfant, confie-t-elle, des trémolos dans la voix.
À la barre, la petite quadragénaire en robe noire ne se laisse pas faire. "J'ai mon caractère et ce n'est certainement pas Rémi qui va m'imposer ses choix," sourit-elle. La présidente lit alors la déposition d'un expert, qui affirme que le grand nombre de messages que s'échange le couple laissait apparaître une certaine dépendance de Céline envers Rémi Chesne.
On parle de tout ensemble. Pour nous, c'est naturel de parler de tout. On s'appelle pour des broutilles parfois.
Jusqu'à parler d'Audrey Louvet ? "Oui, il m'a dit qu'il avait eu une relation avec elle. Ça a duré deux-trois semaines et c'est tout," ajoute-t-elle. Rémi Chesne lui avait aussi confessé le suicide de sa femme alors qu'elle n'était pour lui qu'une cliente.
Céline laisse entendre tout fonctionnait à deux chez eux. Le 23 juin 2014, date du meurtre de Patrick Isoird, elle rejoint dehors son compagnon qui nettoie l'intérieur et la carrosserie de sa voiture. "On lave ensemble la voiture, comme on fait le ménage ou la vaisselle ensemble, Il n'y a pas de tâche réservées aux hommes ou réservées aux femmes," assène la Sétoise, qui défend bec et ongles son compagnon.
Une autre proche a été citée par la défense : prévu initialement le 22 janvier, le témoignage de Laurine Chesne, fille de l'accusé et de Nadège Chicard, devrait intervenir tard dans la journée ou le 27 janvier. Au vu du bouleversement du calendrier du procès, les plaidoiries ne devraient pas débuter avant le 28 janvier.
Le verdict rendu à l'encontre de Rémi Chesne et d'Audrey Louvet, co-accusés de la séquestration et de l'assassinat de Patrick Isoird en 2014, pourrait alors être reporté au lendemain.