Robert Ménard, le maire de Béziers dans l'Hérault, a pris un arrêté municipal pour permettre de retrouver et sanctionner les propriétaires de chiens à l'origine de déjections abandonnées sur la voie publique, grâce à la mise en place d'un passeport génétique obligatoire.
S'il semble loin aujourd'hui l'époque du pass sanitaire, tous ceux qui souhaitent promener leur chien dans l'hypercentre de Béziers vont maintenant devoir se procurer un passeport génétique... pour leur animal à quatre pattes.
Un arrêté municipal a été pris le 12 mai dernier par la mairie pour sanctionner ceux qui ne disposeraient pas du document. L'objectif : lutter contre la prolifération des déjections canines dans quelques rues du centre-ville en identifiant les chiens, et donc leurs propriétaires, à l'origine des crottes laissées sur la voie publique. Seules les allées Paul-Riquet et les rues proches sont concernées.
Une première tentative en 2016
Si un projet similaire avait été retoqué en 2016 par le tribunal administratif de Montpellier, cette fois-ci, les deux mois de délais pour formuler un recours sont passés. "Ce qui a changé par rapport à 2016, c'est que cette fois-ci, il s'agit simplement d'une expérimentation sur deux ans et que les contrevenants s'exposeront à un forfait nettoyage, et non une amende", détaille Robert Ménard. C'est juridiquement différent, mais cela revient un peu au même."
À l’époque, le coût du projet était estimé à 50 000 euros par an et le montant de l'amende à 450€.
Ça n'a pas de sens d'engager plus d'agents municipaux pour les ramasser, c'est aux gens de le faire !
Robert Ménard, maire de Béziers
L'exemple de l'Espagne
"Il y en a partout et ça m'excède depuis des années, alors j'ai regardé ce qui se faisait dans d'autres pays", explique l'élu. Une mesure similaire est aujourd'hui en place dans une cinquantaine de villes d'Espagne, la pionnière étant Xàtiva dans la province de Valence.
"On a fait plein de campagnes de prévention et de pédagogie, à chaque fois, on constate du mieux pendant trois semaines mais ensuite les gens reprennent leurs mauvaises habitudes", déplore l'édile, un temps proche de l'extrême droite, qui parle de plus d'un millier de crottes de chien ramassées chaque mois par la ville, en dépit des sacs plastique à disposition dans l'espace publique. Une période de tolérance est néanmoins prévue jusqu'en septembre.
122 euros pour le nettoyage
Pour ceux dont le chien aura été confondu grâce à une analyse ADN de ses excréments, une facture de nettoyage de 122 euros est prévue, tandis que la non-détention du passeport génétique de son chien en cas de contrôle de police vaudra une amende de 38 euros.
Concrètement, si une crotte est repérée dans le centre-ville, la police pourra effectuer un prélèvement qu'elle enverra à un laboratoire prestataire (l'appel d’offres est toujours en cours). Celui-ci identifiera par la suite le chien responsable à partir des passeports génétiques préétablis.
Fichage et analyse ADN
"À partir d'un prélèvement génétique sur des excréments, on peut effectivement faire le matching avec un ADN enregistré dans la base de données, confirme un laboratoire habitué à ce type de test sur les canidés. Toutefois, il faut que les cellules d'intestin récoltées sur les selles n'aient pas trop été dégradées par les intempéries, comme la pluie ou les fortes chaleurs. Idéalement, la crotte doit donc être fraîche, c'est-à-dire prélevée le jour même."
Pour se procurer le fameux passeport génétique, Robert Ménard précise que des centres seront à disposition pendant deux jours en septembre prochain dans le centre-ville pour permettre aux gens d'obtenir le document gratuitement. Autrement, les habitants de Béziers devront aller payer une cinquantaine d'euros chez le vétérinaire. Dans les deux cas, cela passera par un test salivaire. Le maire ne dispose pas encore d'estimation du coût financier de la mesure.
"C'est une bonne idée sur le principe, car les gens manquent de civisme, mais j'attends de voir comment ça va se dérouler dans la pratique", confie, sceptique, une vétérinaire à Béziers. "Déjà en 2016, nous avions plein de clients en panique qui nous ont appelés alors qu'on ne savait ni comment faire ces prélèvements, ni à quoi allait ressembler le passeport. Et aujourd'hui encore, on a zéro info de la mairie. Je vois mal comment on peut prélever en deux jours tous les chiens de Béziers, d'autant plus dans une ville avec autant de touristes."
Le maire de Béziers assure quant à lui qu'il sera fait preuve de "mansuétude" à leur égard.
