L'ex-présidente du Syndicat de la magistrature, Françoise Martres, a été condamnée jeudi en appel dans l'affaire du "Mur des cons", pour injure publique envers un père de victime mais aussi le Rassemblement national et le maire de Béziers Robert Ménard.
La révélation de l'existence de ce "Mur" dans les locaux parisiens du Syndicat de la magistrature, classé à gauche, avait suscité une vive polémique en 2013.
Une vidéo filmée discrètement par un journaliste de France 3 avait révélé que des dizaines de photos de politiques, magistrats ou journalistes, étaient accrochées sur ce trombinoscope. Le site d'Atlantico avait diffusé ces images.
Plaignants de droite et d'extrême droite
Saisi par une quinzaine de plaignants, essentiellement des personnalités politiques de droite ou d'extrême droite, le tribunal correctionnel avait sévèrement critiqué en janvier ce trombinoscope injurieux et "inconcevable de la part de magistrats", mais avait presque entièrement relaxé Françoise Martres pour des questions de forme.Peine confirmée en appel
Uniquement condamnée pour injure envers le général Philippe Schmitt, qui avaitcritiqué le "laxisme" de certains juges après l'assassinat de sa fille par un récidiviste
dans le RER, elle avait fait appel.
Amendes
La cour d'appel de Paris a confirmé cette condamnation à 500 euros d'amende avec sursis, 5.000 euros de dommages et intérêts et 10.000 euros au titre des frais de justice.La plupart des autres plaignants en étaient restés là, satisfaits de la virulente critique du tribunal envers le "Mur" en dépit de la relaxe de Mme Martres.
La "Flamme" qui fâche
Déboutés car leurs plaintes étaient incomplètes, Robert Ménard (proche du RN) et le parti d'extrême droite - qui s'estimait visé par l'inscription "Amuse-toi à coller une petite flamme sur le front des cons fascistes" - avaient fait appel.La cour, qui n'a statué les concernant que sur le plan civil, a jugé leurs plaintes suffisamment claires et a condamné Françoise Martres, pour injure publique, à leur verser un euro de dommages et intérêts et 1.000 euros au titre des frais de justice.
Exutoire
La cour a estimé que le local syndical, lieu privé, était devenu "occasionnellementpublic" au moment notamment de la visite du journaliste, et que le syndicat avait
"conscience que le panneau serait vu par des tiers".
La défense de Mme Martres soutenait le contraire et considérait les poursuites
comme prescrites.
En première instance, Mme Martres avait décrit le "Mur" comme un "exutoire" s'inscrivant
"dans un climat extrêmement violent où les attaques contre la justice venaient
du pouvoir exécutif" notamment sarkozyste.