Après l'agression, filmée et diffusée sur Internet, d'une jeune fille à Béziers le 27 janvier dernier, 3 adolescentes sont mises en examen et placées en détention provisoire. La plus jeune a 13 ans et demi. Elles appartiennent à la communauté gitane, qui rejette les amalgames et appelle au calme.
On a appris tard hier soir l'interpellation de la troisième adolescente qui était recherchée dans l'affaire de l'agression filmée d'une jeune fille à Béziers (Hérault) le 27 janvier dernier. La suspecte est âgée de 13 ans et demi à peine. Selon les informations de France Bleu Hérault, elle aurait été cachée ces derniers jours par ses proches.
Des enfants de 5 ans spectateurs malgré eux
Tout comme ses deux complices présumées de 15 et 19 ans, elle a été mise en examen pour extorsion, menaces de mort, enlèvement et séquestration arbitraires accompagnés de tortures ou d'actes de barbarie. Il serait aussi question d'attouchements sexuels.
Misère "sociale, culturelle et morale"
Des faits préoccupants par leur gravité et leur apparente gratuité, selon le procureur de la République de Béziers Raphaël Balland :
Pourquoi des jeunes filles de cet âge qui n'ont jamais été condamnées jusqu'ici ont pu arriver à de tels comportements en présence d'enfants de 5 ans de leur famille qui ont assisté à beaucoup de choses ? On touche aux conséquences d'une misère sociale, culturelle et même morale absolue qui nous interroge tous.
Gens du voyage
La jeune fille âgée de 15 ans a, en outre, été mise en examen pour avoir, la veille de cette agression, dérobé avec violence à une autre victime âgée de 14 ans le téléphone ayant servi à filmer les faits. La vidéo, diffusée ensuite sur les réseaux sociaux, était devenue virale. Les 3 jeunes filles ont été placées en détention provisoire.
Elles appartiennent à la communauté des gens du voyage et ne sont pas scolarisées. Mais Gino Solès, vice-président des Gitans du Grand Sud, dénonce les amalgames : "On dit qu'on ne va pas souvent à l'école, que nos enfants ne font pas d'études. On ne parle jamais de ceux qui vont à la fac et régulièrement en cours. Je voudrais qu'on parle d'eux aussi, du positif".
De son côté, l''association DSPG (Développement Social pour la Population Gitane) Occitanie a publié un message de condamnation de ces actes sur sa page Facebook. Nous avons flouté le prénom de la victime :
Sur Twitter, la députée de l'Hérault Emmanuelle Ménard, proche du Rassemblement National, a réclamé des sanctions :
Bonne nouvelle : les jeunes filles ayant violemment agressé et filmé leur victime ont été incarcérées. Il faut maintenant une lourde sanction
Traitements humiliants et dégradants
Le procureur de la République de Béziers, Raphaël Balland, précise que la victime agressée et filmée ne connaissait pas ses agresseuses. Leurs actes auraient été purement gratuites sans mobile apparent :
Progressivement, les enquêteurs du commissariat de Béziers ont découvert la multiplicité des traitements humiliants et dégradants imposés à la victime, y compris dans l'appartement où elle avait été conduite par la contrainte.
Les trois adolescentes ont reconnu leur participation aux faits mais s'en sont renvoyé la responsabilité. Une information judiciaire a été ouverte. Les investigations vont donc se poursuivre sous l'égide d'une juge d'instruction. Compte tenu de la gravité des faits, la peine encourue par la jeune majeure est la réclusion à perpétuité. Le code pénal prévoit qu'elle soit divisée par deux pour les mineures.
Une victime tétanisée depuis son agression
Le 27 janvier 2021 à Béziers, une jeune femme de 18 ans, verbalement et physiquement agressée par trois autres jeunes filles, portait plainte au commissariat de police de la ville. Elle évoquait d'abord deux agresseurs masculins. Mais à la suite de la diffusion sur internet de la vidéo de son agression, les enquêteurs s'apercevaient que sa version n'était pas conforme aux faits. Réentendue, tétanisée depuis son agression, elle "décrivait alors progressivement et avec difficulté les faits réellement subis" : coups au visage, menaces, des traitements humiliants et dégradants commis sur la voie publique et dans l’appartement des parents de l'une des suspectes où elle avait été conduite sous la contrainte.
A l'arrivée du père d'une des jeunes filles, ces dernières se faisaient alors passer pour les bienfaitrices de leur victime, affirmant qu'elles venaient de l'aider à échapper à des garçons en train de l'agresser. Le père prêtait alors son téléphone à la jeune fille afin que sa mère puisse venir la récupérer.
3 jours d'ITT
Cette jeune fille se voyait alors délivrer trois jours d'incapacité totale de travail par le médecin légiste qui venait de l'examiner. Elle devait également être prise en charge par un psychologue.
D'autres victimes potentielles
A la suite de cette agression, les parents de la victime avaient lancé un appel à témoins sur Facebook. Un message auquel ont répondu d'autres victimes potentielles du trio, des victimes identifiées par les enquêteurs. Les deux mineures ont été placées en détention dans un centre spécialisé pour mineurs de Toulouse, la jeune majeure a été incarcérée dans un établissement pénitentiaire pour femmes.
Appel de l'incarcération de la plus jeune
Le procureur de la République de Béziers Rapahël Balland confirme qu'un vif et long débat a eu lieu hier soir concernant le placement en détention de la plus jeune, âgée de 13 ans et demi. Lui-même n'y était pas favorable mais il n'a pas été suivi par le juge de la détention et des libertés (JLD). l'avocat de la suspecte a fait appel de cette décision.
La communauté gitane rejette les amalgames et appelle au calme
Consciente du risque de stigmatisation croissant ces dernières heures sur les réseaux sociaux, la communauté gitane d'Occitanie est inquiète. Elle appelle à l'apaisement et à la retenue par la voix du Biterrois Gino Solès, vice-président des Gitans du Grand Sud :
Nous condamnons ces gestes et nous refusons les amalgames et les préjugés gratuits. En ce moment, on est harcelés sur les réseaux sociaux, on fait monter la haine contre nous. 3 cas, ce n'est pas une communauté ! On est Français et on veut être traités comme tels, que la justice fasse son travail ! Je souhaite que tout le monde prenne ses responsabilités et ramène le calme, à commencer par les médias.
Louis Gimenez, le porte-parole de DSPG Occitanie, insiste sur le fait que ces actes sont isolés et sur la solidarité avec les proches de la victime, "avec la peine desquels on compatit. S'il y a une mobilisation ou une marche, on est en pourparlers pour être présents, on viendra de toute la région".