Le maire de Béziers, Robert Ménard, a qualifié l'affiche de sa municipalité présentant un pistolet en gros plan comme le "nouvel ami" de la police municipale, d'affiche "qui dit les choses clairement, sans fioritures". Mais la campagne de pub dérange et les réactions comme les pastiches fusent.
Cette campagne d'affichage a notamment valu au maire de Béziers, élu avec le soutien du FN, d'être vertement critiqué par la ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, qui a dénoncé "la tonalité délibérément provocatrice de la campagne".
"Pourquoi cette polémique? C'est une affiche qui dit les choses clairement, sans fioritures. Je voulais que les Biterrois sachent que leur police municipale était armée depuis le 1er février", a déclaré Robert Ménard à l'AFP. "Voilà, le message est passé. C'est vrai que c'est percutant, explicite, mais c'est la réalité qui est percutante".
"Pour moi, la provocation, c'est quand le Premier ministre est accueilli à Marseille à coups de Kalachnikov", a encore ajouté l'édile, en référence aux tirs qui ont retenti dans la cité marseillaise de La Castellane lundi matin, quelques heures avant une visite de Manuel Valls. "Il faut appeler un chat, un chat".
"A l'heure actuelle, Bernard Cazeneuve a d'autres chats à fouetter", a encore estimé M. Ménard: "Cette espèce de rhétorique, j'espère que c'est un gratte-papier de son ministère qui la lui a faite".
"L'affiche a pour objectif de rassurer les Bitterois et d'expliquer aux délinquants et autres petits voyous que maintenant, ils peuvent vraiment commencer à s'inquiéter", a-t-il conclu.
Placardée dans les rues de la ville, l'affiche présente en gros plan un pistolet avec un écusson tricolore sur la crosse. "Désormais, la police municipale a un nouvel ami", proclame-t-elle. "Armée 24h/24 et 7j/7, police municipale de Béziers", est également écrit, en plus petit. De source policière, le pistolet affiché est un Beretta 92fs.
Les arguments de Robert Ménard peinent à convaincre Catherine Vandroy, conseillère municipale d'opposition
UMP: "Manifestement, on a confondu dissuasion et provocation", a-t-elle déclaré: "Quelle image pour la ville et pour sa jeunesse!".
Même du côté des policiers municipaux, l'initiative suscite des réserves. "Le procédé est pour le moins maladroit, à peine plus d'un mois après les assassinats" des trois policiers (dont une policière municipale) tués par les frères Kouachi et Amédy Coulibaly à Paris début janvier, a estimé Yves Elbechir, policier municipal et secrétaire général de la Fédération autonome de la fonction publique territoriale (FA-FPT) de la ville de Béziers.
"Nous avons été solidaires de la démarche de M. Ménard lorsqu'il s'est agi d'armer la police municipale, nous ne le sommes pas lorsqu'il s'agit d'exploiter avec autant de mauvais goût la sécurité quotidienne de nos collègues", a poursuivi Yves Elbechir.
Les réseaux sociaux ont commenté et détourné les affiches biterroises
Sur les réseaux sociaux, les affiches ont fait les délices des internautes qui l'ont déjà détournée de nombreuses fois, remplaçant le pistolet de l'affiche par un char d'assaut, une bouteille de pastis ou un cerveau, tour à tour présentés comme "le nouvel ami" de la police municipale. D'autres ont diffusé des caricatures de Robert Ménard ou des policiers municipaux biterrois en cow-boys.
Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a vivement critiqué la campagne d'affichage de la mairie de Béziers
Dans un communiqué publié mercredi soir, le ministre de l'Intérieur a dénoncé "la tonalité délibérément provocatrice de la campagne".
"Dans la République, les symboles que l'on choisit ont un sens. L'arme est, pour les forces de l'ordre, un moyen dont l'usage est, comme chacun le sait, strictement réglementé. Leur mission est d'assurer la sécurité de tous les Français".
"L'outrance de cette campagne ne peut qu'aboutir à de graves contresens. Réduire l'action des forces de l'ordre à leur arme, c'est en premier lieu méconnaître la conception qu'elles se font de leurs missions", a ajouté Bernard Cazeneuve.
"Les meilleurs amis des policiers municipaux et nationaux ne sont pas leurs armes, garantie de leur protection, mais les citoyens respectueux des valeurs républicaines", a-t-il poursuivi, évoquant le "message de gratitude et de respect que les Français ont adressé aux policiers lorsqu'ils sont sortis dans la rue le 11 janvier".
Le député UMP de l'Hérault Elie Aboud, candidat malheureux aux dernières municipales de Béziers, s'est lui aussi emporté contre la "violence" de cette affiche. "Au lieu de présenter un projet d'armement de la police, sérieux, fondé sur la sécurité, on nous propose le Far West", a-t-il lancé dans un communiqué.