Le maire de Béziers a encore frappé avec une nouvelle campagne d'affichage d'un genre douteux. Robert Ménard crée la polémique en banalisant les violences faites aux femmes.
Une ligne de chemin de fer, avec à ses extrémités une femme ligotée et une locomotive. Le slogan : "Avec la LGV, elle aurait moins souffert !" C'est avec cette affiche que le maire de Béziers, Robert Ménard, a lancé une nouvelle campagne d'affichage municipale.
#Béziers #TGV #occitanie #lgvoccitanieoui Notre nouvelle campagne d'affichage débute aujourd'hui ! pic.twitter.com/SW9M7LUBBi
— Robert Ménard (@RobertMenardFR) 11 décembre 2017
Cette affiche ferait-elle référence à la campagne de la présidente de la région Occitanie pour l'ouverture d'une LGV ? En octobre dernier, Carole Delga a lancé une campagne pour soutenir la ligne LGV Bordeaux-Toulouse et Montpellier-Perpignan.
Le maire de Béziers utilise lui aussi le hashtag #lgvoccitanieoui.
"Elle s'appelait Emilie, elle avait 34 ans"
Sur Twitter, les réactions n'ont pas manqué.
Tout d'abord, l'ex-ministre des Droits des femmes, Laurence Rossignol s'est insurgée : "Elle s'appelait Emilie, elle avait 34 ans et 4 enfants. En juin 2017, son mari l'a assassinée en l'attachant sur les rails du TGV. L'ignoble @RobertMenardFR la tue une 2ème fois. Je demande retrait immédiat + poursuites."
Elle s'appelait Emilie, elle avait 34 ans et 4 enfants. En juin 2017, son mari l'a assassinée en l'attachant sur les rails du TGV. L'ignoble @RobertMenardFR la tue une 2ème fois. Je demande retrait immédiat + poursuites. (via @SebastienDenaja) pic.twitter.com/CIx4QdT91b
— laurence rossignol (@laurossignol) 11 décembre 2017
L'ancienne ministre socialiste n'est pas la seule à avoir reconnu un fait divers survenu en juin 2017. En Eure-et-Loir, une femme était morte ligotée sur la ligne LGV Atlantique. C'est son époux qui l'y aurait attachée.
Le procureur de Béziers Yvon Calvet a annoncé avoir ouvert une enquête pour recenser d'éventuelles "infractions" dans un communiqué publié lundi soir.
Le communiqué de presse du procureur de la République à Béziers
Dans un communiqué, le Préfet de l'Hérault a tenu à rappeler "qu'une femme sur trois est victime de violences au cours de sa vie". Et d'ajouter :
M. Ménard ne mesure toujours pas la souffrance physique et psychologique qu'engendrent ces atteintes à leur intégrité, pas plus que la mobilisation contre ces violences faites aux femmes qui est une priorité du gouvernement.
"Le maire de Béziers a, une nouvelle fois, lancé une campagne d'affichage marquée au sceau de la vulgarité. Il se sert du corps de la femme pour faire passer des messages populistes et la met en scène en victime de violences", poursuit le représentant de l'Etat.
Beaucoup d'internautes ont interpellé la secrétaire d'Etat chargée de l'égalité entre les Femmes et les hommes. Marlène Schiappa a finalement réagi elle aussi :
Campagne une fois de plus odieuse, de surcroît venant d'un élu de la République.
— MarleneSchiappa (@MarleneSchiappa) 11 décembre 2017
J'ai saisi ce matin le Préfet afin que tous les recours possibles soient étudiés et activés.
Merci pour vos signalements. #NeRienLaisserPasser https://t.co/YRzhrmxAWm
Contactée, la mairie de Béziers n'a pas encore répondu à nos sollicitations.
Sur Twitter, entre indignations et détournements
Certains internautes n'ont pas manqué de détourner l'affiche polémique. Comme celui-ci, qui a remplacé le visage de la jeune femme ligotée par celui de Robert Ménard.
c'est mieux comme ça ? pic.twitter.com/Rx9dIWOmjX
— rinsa (@notrinsa) 11 décembre 2017
Certains feignent de ne pas avoir saisi le message envoyé par le Bittérois :
Peut être que le message c’est qu’aucun train ne devrait s’arrêter à #Beziers pour éviter les souffrances ? Ça serait pas mal.
— Bouvierse-PSL (@bouvierse75018) 11 décembre 2017
Vous faites la promotion du TGV ou du meurtre ?#ménardmatuer
— Luigi Vacca (@LuigiVacca) 11 décembre 2017
Le maire de Béziers a réagi à ces tweets sur le même réseau social.
Les réactions outrées et paranoïaques à notre affiche en disent long sur l'ordre moral qui plombe le pays. Les mêmes auraient brûlé #Johnny en 1960, #charliehebdo en 1970 ou #Gainsbourg en 1980. Inquiétant. ..
— Robert Ménard (@RobertMenardFR) 11 décembre 2017
Le reportage de Valentine Leboeuf et Benoit de Tugny :
Violences faites aux femmes : des chiffres alarmants
En France, selon la mission interministérielle de l'Observatoire national des violences faites aux femmes (Miprof), une femme est tuée tous les trois jours par son conjoint ou son ex-conjoint.En France, 123 femmes sont mortes sous les coups de leur mari en 2016.
Un tiers des viols enregistrés sont le fait d'un partenaire.
Seuls 9% des viols sont commis par un inconnu. 46% le sont par une personne connue, et 45% le sont par le conjoint.