Il est incarcéré à Béziers depuis le 24 mai dernier. La chambre de l'instruction de la cour d'appel de Montpellier vient de décider de remettre un sexagénaire en liberté car "son état de santé n'est pas compatible avec une mesure de privation de liberté et d'enfermement".
Monsieur M. a 66 ans. Depuis une tentative de suicide en 2019, il a une balle logée dans le crâne. Cette situation a entraîné un très long coma et de lourds handicaps physiques et cognitifs. Il a perdu toute autonomie et est dans l’incapacité de marcher, de s’alimenter, de se laver ou de s’habiller seul. De plus, il présente un ralentissement psychomoteur ainsi que des difficultés d’élocution et de compréhension.
Aujourd'hui, il pèse 53 kilos pour 1m90.
Un verdict incompatible avec son état de santé
Dès sa condamnation, à 20 ans de réclusion criminelle pour l'assassinat de sa femme, l'OIP, l'Observatoire international des prisons, et l'avocat de Monsieur M. ont alerté la justice sur ces handicaps en expliquant que l'incarcération était impossible pour lui.
"J'ai fait appel et j'ai demandé une remise en liberté. Il est totalement dépendant pour tout. Tout le monde a pu le voir durant le procès. Un centre pénitentiaire ne peut pas et n'est pas adapté pour ce genre de malade polyhandicapé. Les agents n'ont ni le temps, ni les compétences nécessaires", explique son avocat.
Placé en cellule pour personnes à mobilité réduite, Monsieur M. est resté alité une grande partie de sa détention. Malgré la visite d’une auxiliaire de vie chaque jour de la semaine, pendant 45 minutes pour des soins d’hygiène, l'état physique et sanitaire du détenu s'est aggravé.
Du vendredi matin, après le passage de l'auxiliaire de vie qu'il payait lui-même, au lundi matin, on lui mettait une couche et il restait au lit sans bouger, sans être changé... C'est inhumain. En un mois son état s'est détérioré, on le voyait dépérir chaque jour.
Grégoire Mercier, cabinet d'avocats BAM à Béziers
À tel point qu'il a dû être hospitalisé à Toulouse, victime d'une grave infection, de dénutrition sévère, de chutes et d'escarres.
Hospitalisé puis libéré mais sans structure d'accueil
Le CHU délivrait alors un certificat expliquant que le patient subissait "une altération de l’état général importante qui pourrait à terme entraîner des conséquences extrêmement graves sur sa santé et engager le pronostic vital". D'où l'arrêt de la cour d'appel de Montpellier en date du 25 juillet, autorisant sa remise en liberté. La décision était très attendue par son avocat et l'Observatoire international des prisons qui dénonçaient une détention indigne et dégradante.
Toujours admis à l'unité hospitalière sécurisée interrégionale de Toulouse, sa libération n'est pas pour tout de suite. Car entre-temps, Monsieur M. a perdu sa place dans l'Ehpad près de Béziers où il séjournait jusque-là avant son procès.
Son avocat et sa tutrice légale se battent désormais pour lui retrouver une place dans une maison spécialisée.