Après 48 heures de garde à vue, le jeune homme de 22 ans a été mis en examen pour les meurtres de sa concubine et de sa voisine. Des crimes qu'il a reconnu même s'il parle d'état "délirant". Il a été placé en détention provisoire.
Le drame s'est produit à Roujan, au nord de Béziers, dans l'Hérault, vendredi 14 janvier, en fin d'après-midi. Deux jeunes femmes, Amélie et Caroline ont été tuées à l'arme blanche dans une maison du centre de la commune. Le concubin de l'une d'elles a été interpellé par les gendarmes après s'être réfugié dans le commerce de son père, couvert de sang.
Lors des interrogatoires des gendarmes, il a avoué être l'auteur des 2 homicides par peur d'être lui même tué par les 2 victimes.
Des aveux mais une mémoire toujours partielle
"Tout au long de sa garde à vue, samedi et dimanche, le mis en cause a maintenu qu'il était l'auteur du double homicide et qu'il avait agi dans un état délirant après avoir fumé plusieurs joints de cannabis dans l'après-midi, se sentant en danger de mort, pensant qu'on voulait le tuer, y compris les victimes dont il aurait vu le visage se transformer" explique le procureur de la République de Béziers.
Il a souvenir d'avoir infligé de nombreux coups de couteau aux deux jeunes femmes âgées de 21 et 25 ans, en particulier au niveau du cou – conformément aux premières constatations du médecin légiste – sans pouvoir se rappeler du déroulé précis des faits.
Vendredi, le matin même des faits, il déclare avoir consulté un médecin généraliste, accompagné par sa concubine, et avoir bénéficié d’un arrêt de travail pour une durée d'un mois en raison d'un état d'angoisse et d'anxiété dont il disait souffrir.
La voisine "contrainte" à rentrer dans l'appartement
Devant le magistrat instructeur, il a confirmé l'essentiel de ses déclarations avec toutefois quelques évolutions concernant sa voisine, affirmant finalement qu'"elle était probablement entrée dans l'appartement sous la contrainte de celui-ci, alors qu'elle se trouvait dans la cage d'escalier ; qu’il avait eu la sensation qu'elle voulait elle aussi le tuer ou qu'elle était en train d'aller chercher d'autres personnes pour le tuer" précise le communiqué de Raphaël Balland.
Mis en examen pour un féminicide et un meurtre
À l'issue de la garde à vue, dans l'après-midi de ce dimanche 16 janvier 2022, le parquet de Béziers a ordonné la présentation de cet individu devant le magistrat instructeur de permanence du tribunal judiciaire de Béziers qui l’a mis en examen des chefs :
- de meurtre par le concubin de la victime sur la personne de sa compagne (peine maximale encourue : la réclusion criminelle à perpétuité)
- de meurtre sur la personne de sa voisine (peine maximale encourue : 30 ans de réclusion criminelle).
Ce dimanche 16 janvier, le mis en examen a été placé en détention provisoire par le juge des libertés et de la détention.
Les investigations se poursuivent désormais sous l'autorité du magistrat instructeur.
Comme pour toute procédure criminelle, des expertises psychiatriques et psychologiques du mis en examen seront diligentées, en complément de l’expertise toxicologique, particulièrement importantes compte tenu des déclarations du jeune homme de 22 ans jusqu'à présent, pour tenter d'expliquer son comportement.
Des protagonistes inconnus de la justice
Ni le meurtrier présumé ni sa compagne n'étaient connus des services de police ou de gendarmerie, "que ce soit comme auteur ou comme victime", a insisté le procureur de Béziers.
La famille de la jeune femme a confirmé aux enquêteurs ne jamais avoir eu connaissance ni de coup ni de menace contre elle.
L'enquête est confiée à la brigade de recherches de la compagnie de gendarmerie de Pézenas, appuyée par des militaires de la section de recherche de Montpellier.
Selon le dernier bilan du ministère de l'Intérieur, 102 femmes sont mortes sous les coups de leur conjoint ou ex-conjoint en 2020. Elles étaient 146 en 2019.
S'il est confirmé, ce féminicide serait le 5e depuis le 1er janvier en France.