Une femme de 37 ans a été retrouvée morte à son domicile, apparemment poignardée à plusieurs reprises, lundi à Béziers, dans l'Hérault. Un meurtre sans doute commis par son ex-compagnon, qui l'avait déjà menacée de mort. La justice avait proposé à la victime a mise en place d'un bracelet anti rapprochement, ce qu'elle avait refusé.
Lundi 16 mai, en fin de matinée, le commissariat de police de Béziers découvrait le corps sans vie d'une femme de 37 ans, à son domicile, avenue Clémenceau.
La victime présentait plusieurs plaies au thorax susceptibles d'avoir été infligées avec une arme blanche, ce que l'autopsie devra préciser dans les prochains jours.
L'ex-compagnon alerte les gendarmes et la mère de la victime
Les premières investigations, et notamment la vidéosurveillance, montrent que l'ex-concubin de la victime, âgé de 40 ans et père des deux enfants, s’est présenté au domicile de la victime vers 8 heures du matin et qu’il en est ressorti en milieu de matinée.
Un peu plus tard, il téléphone à la mère de la victime ainsi qu'aux gendarmes pour les prévenir qu'il a commis des violences à l'encontre de son ex-compagne, sans pour autant parler de meurtre. Ce sont ces deux appels qui provoquent l'intervention des policiers et la découverte du corps.
L'arrestation dans l'Aude
D'importants dispositifs de recherches sont alors mis en place pour le retrouver, y compris avec l'aide d'un hélicoptère de la gendarmerie nationale et dans les zones frontalières avec l'Espagne.
Le véhicule utilisé par le suspect est finalement repéré dans l'après-midi, sur une aire d'autoroute de l'A.61, dans l’Aude entre Narbonne et Carcassonne. Puis, le suspect se manifeste à nouveau, en fin de soirée, auprès de la gendarmerie nationale qui le localise et l'interpelle à Marseillette, peu avant 20 heures.
Une information judiciaire pour meurtre
Dans la soirée, le procureur de la République de Béziers précisait dans un communiqué, les chefs d'inculpations de l'information judiciaire qu'il allait ouvrir.
Placé en garde à vue, dans l'Aude, le suspect sera transporté et entendu au commissariat de Béziers en charge de l'enquête, dans la perspective de l'ouverture dans les prochains jours d'une information judiciaire par le parquet du Béziers du chef de meurtre par ex-concubin, crime faisant encourir la réclusion criminelle à perpétuité.
Raphaël Balland, procureur de la République de Béziers
Un quadragénaire au très lourd passé judiciaire
Le mis en cause a déjà fait de la prison à plusieurs reprises notamment pour des crimes.
En 2008, il est condamné pour des viols à 8 ans d'emprisonnement et 12 ans de réclusion criminelle, ces 2 peines font suite à des périodes de détention provisoire. Après les avoir purgé, en partie confondue entre elles, il sort de détention en juillet 2018.
Le 25 septembre 2020, il est à nouveau condamné en comparution immédiate par le tribunal correctionnel de Béziers pour des délits routiers et des menaces de mort sur son ex-compagne, à 3 ans d'emprisonnement dont 18 mois avec sursis probatoire assorti notamment de l'interdiction d'entrer en contact avec la victime.
Après avoir purgé la partie ferme de sa condamnation, il est à nouveau libéré le 1er septembre 2021 et suivi dans le cadre de son sursis probatoire.
A la suite d'un signalement, le 3 novembre 2021, des agents du service d'insertion et de probation (SPIP) de l'Hérault indiquant qu’il est retourné vivre au domicile de la victime et qu'il aurait proféré de nouvelles menaces à son encontre, le parquet de Béziers ordonne le jour même, son placement en garde à vue au commissariat de Béziers puis il est présenté au juge de l'application des peines qui révoque à hauteur de 6 mois, son sursis probatoire en ordonnant de nouveau son incarcération immédiate.
Libéré le 21 mars 2022, il est de nouveau suivi par le juge de l'application des peines et le SPIP qui lui rappellent le maintien de son interdiction d'entrer en relation avec la victime.
De plus, avant sa remise en liberté, le juge de l'application des peines a reçu la victime le 22 février 2022 pour lui proposer la mise en place d'un bracelet anti rapprochement, ce qu'elle a refusé.
D'après un bilan du ministère de l'Intérieur, 146 femmes ont été victimes de féminicides en 2019 et 102 en 2020. Le collectif féministe contre les violences sexistes et sexuelles #NousToutes a dénombré 113 féminicides en 2021.
Au total, en France, plus de 200.000 femmes sont victimes de violences chaque année, selon le ministère.
Les 2 enfants du couple pris en charge
Les deux enfants de la victime et du suspect, âgés de 12 et 17 ans, se trouvaient dans leurs établissements scolaires respectifs au moment du drame.
Le parquet de Béziers a pris en charge les 2 jeunes en les confiant au Conseil départemental de l'Hérault et à l'association d'aides aux victimes France Victime 34, avec l'aide d'une psychologue. Ils ont été accueillis par le service de pédiatrie du centre hospitalier de Béziers, en lien avec des membres de la famille de la victime.
Une autre femme tuée dans le week-end
Après le meurtre d'une femme dans la nuit de samedi à dimanche au Plateau des Poètes, à Béziers, trois hommes ont été placés en garde à vue au commissariat de la ville, lundi. Ils ont été appréhendés suite au témoignage d'un SDF.
L'un d'eux a été relâché dans la soirée. La victime, âgée de 32 ans, aurait été rouée de coups puis étranglée.