"Même si les dealers sont polis, difficile d'emmener des enfants au soutien scolaire" : un centre social fermé "pour des raisons de sécurité"

Les salariés du centre social Adages ont fait valoir leur droit de retrait. Situé près d'un point de vente de drogue au cœur du quartier sensible de La Devèze à Béziers, leur local a baissé le rideau. Le centre accueille 200 familles. Ses activités ont été externalisées dans les établissements alentour

"Pour des raisons de sécurité, le centre social est contraint de suspendre ses activités temporairement. À très bientôt." Une affichette a été scotchée sur le rideau baissé du centre social.

Ateliers de Français, aide aux devoirs cours de cuisine et de couture. Les deux cents familles qui bénéficient des activités du centre social Mas de rencontre Adages au cœur du quartier sensible de La Devèze à Béziers, en sont privées depuis le 29 février dernier, date de fermeture de l'association. Se sentant désormais en "insécurité", les sept salariés ont fait valoir leur droit de retrait.

Point de deal

Ce qui a provoqué le ras-le-bol et la peur croissante des salariés ? "Une suite d'évènements graves et indésirables"; explique Sébastien Pommier, le directeur général du centre.

Des dealers ont tenté de s'introduire dans le centre, des produits stupéfiants sont tombés des grilles du centre où ils avaient été dissimulés pendant la nuit par les revendeurs.

Sébastien Pommier, directeur général du Centre social Adages

En tout, une quinzaine d'incidents ont provoqué l'arrêt des employés et des usagers du centre social qui ne peuvent plus "cohabiter" avec les personnes fréquentant le point de deal à proximité. 

 Activités externalisées

"Ce lundi 18 mars, le local de l'association est toujours fermé mais 90 % de ses activités endogènes (auparavant prévues à l'intérieur du centre) ont repris et ont été externalisées", précise Sébastien Pommier. Les cours de soutien scolaire ont lieu dans les écoles et collèges alentour. Le point de départ des sorties sera déplacé à 200 mètres du local actuel.

Comment reprendre le travail ?

"Il ne s'agit pas de stigmatiser la population et les besoins du quartier sont très importants. La question est de savoir dans quelles conditions le site peut rouvrir ses portes. Même si les dealers, en tout cas les plus jeunes d'entre eux, ceux qui sont là le matin sont polis, disent bonjour, c'est difficile d'emmener des enfants au soutien scolaire qui vont être obligés de passer entre des gens et leurs volutes de fumée de drogue", ajoute Gwladys Foucher, une des responsables du centre.

Drogue et nuisances

"Le trafic de drogue génère des nuisances de plus en plus importantes : transactions, jeux d'argent. Une augmentation de l'agressivité et du sentiment d'insécurité la question qui se pose pour les employés et leur direction. Dans quelles conditions ce site peut-il rouvrir tout en assurant la sécurité des salariés et des usagers. Peuvent-ils continuer dans ces conditions ?", s'interrogent les responsables du site.

Une fermeture incompréhensible pour Gérard Antoine, habitant du quartier et président de l'association Orange Devèze. " On vit bien dans ce quartier. Il y a un point de deal mais il est derrière l'immeuble. On a fait une enquête auprès des commerçants, ils ont dit qu'ils n'avaient pas de problèmes avec les dealers. On tape tout le temps sur La Devèze, on en donne une mauvaise image", déplore-t-il, interrogé par une équipe de France 3 Occitanie.

Rencontre en sous-préfecture

Les salariés d'Adages ne sont pas du même avis. Une rencontre avec le sous-préfet et les forces de police aura lieu lundi 25 mars 2024 pour tenter de trouver une solution. Cette histoire en rappelle une autre un peu similaire à Nîmes : la fermeture de la médiathèque dans le quartier Pissevin. Comme celui de La Dévèze, un quartier gangrené par le trafic de drogue.

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