Insécurité à Nîmes : violences, trafic de drogue, fermeture de la médiathèque, des renforts de police annoncés dans le quartier Pissevin

Depuis des mois, violences et règlements de compte sur fond de trafic de drogue et d'armes se multiplient dans les quartiers sensibles Pissevin et Valdegour à Nîmes. Mais ces dernières semaines, la situation s'aggrave. Après la fermeture de la médiathèque par la mairie et l'agression d'un journaliste en reportage ce mardi, le ministre de l'Intérieur annonce des renforts de police.

Face au danger et aux pressions exercer sur les agents municipaux, le maire de Nîmes avait décidé de fermer la médiathèque du quartier de Pissevin ce mardi.

"Des dealers exercent une forte pression sur le quartier de Pissevin depuis plusieurs années. Mais la situation, connue de tous, vient de prendre une tournure qui m’interpelle et me choque. Ils agissent en toute impunité" se lamentait ces derniers jours Jean-Paul Fournier.

Ce mardi matin, un journaliste de M6, a été victime d'une violente agression alors qu'il réalisait un reportage dans le quartier. Il a été hospitalisé et sa caméra a été cassée par deux assaillants. Un adolescent est ce soir en garde à vue dans ce dossier.

Mais la situation n'est pas nouvelle. Régulièrement, des compagnies de CRS sont appelées en renfort pour "pacifier" les lieux, notamment après des meurtres violents ou des fusillades. C'était aussi le cas en février 2022, quand des dealers avaient installé des barrages filtrants à l'entrée du quartier du Mas de Mingue, narguant la police en essayant de racketter les automobilistes au passage.
En 2021, Jean Castex, alors Premier ministre, était venu dans ce quartier avec 3 ministres. Pissevin était lors qualifié de quartier, dit de "reconquête républicaine". 12 éducateurs étaient recrutés et des forces de police affectées au lendemain de plusieurs fusillades.

Plus récemment, la semaine dernière, Chloé Demeulenaere, sous-préfète du Gard en charge de la politique de la ville et de la rénovation urbaine, a été la cible de projectiles alors qu'elle effectuait une visite dans le quartier Pissevin.

Le quartier Pissevin est un ensemble de plus de 15.000 habitants, l'un des 10 plus grands quartiers prioritaires d'Occitanie où deux personnes sur trois vivent sous le seuil de pauvreté. Le taux d'emploi y est inférieur à 30%.

"Une compagnie de CRS en renfort dans les prochaines heures"

Rapidement après l'annonce des violences contre notre confrère, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a condamné "fermement l'agression" du journaliste et lui a apporté son soutien.

Il a surtout décidé l'envoi d'une compagnie de CRS "afin de garantir la paix publique". Soit une centaine d'hommes de terrain en plus des officiers de commandement.

"Une intensification de la présence de la police"

Dans le même temps, la préfète du Gard, Marie-Françoise Lecaillon, a pour sa part annoncé dans un communiqué de presse, une "intensification de la présence de la police nationale", en lien avec la police municipale et en coordination avec la procureure, avec "une montée en puissance dans la perspective de la réouverture prochaine de la médiathèque".

Selon la préfète, ces violences sont une réponse à l'engagement des services de l'Etat pour lutter contre la délinquance.

Elles interviennent dans un contexte de guerre de territoire et se développent en réaction aux opérations de police et au démarrage des ambitieux travaux de renouvellement urbain.

Marie-Françoise Lecaillon, préfète du Gard.

Dans un tweet, elle rappelle que depuis le début de l'année, 93 opérations de police (anti-délinquance, lutte contre le trafic de stupéfiants, contrôles anti-rodéo urbain et opérations de visibilité sur réquisition du Parquet) ont eu lieu. Cela conduisant à 44 interpellations et des saisies de drogue et d'argent liquide.

Une enquête de flagrance

La procureure de Nîmes, Cécile Gensac, a annoncé avoir ouvert ce mardi, une "enquête préliminaire" sur les faits concernant la médiathèque et une "enquête de flagrance" pour l'agression dont a été victime le journaliste de M6.

Elle a indiqué que, depuis un an, "138 jugements concernant 66 auteurs ont été rendus" en matière de stupéfiant à Nîmes, "soit une hausse de 253,7% des décisions de condamnations pénales".

"Il faut une force mobile à demeure"

Le maire de Nîmes constate depuis des années que la situation de plusieurs quartiers est préoccupante. En 22 ans de mandat, il ne compte plus ses demandes aux différents gouvernements pour affecter des moyens policiers à sa ville.

Jean-Paul Fournier, avait annoncé lundi avoir pris la "terrible décision" de fermer jusqu'à nouvel ordre la médiathèque Marc Bernard, l'un des derniers services publics de Pissevin.

Depuis décembre dernier, des dealers exercent une pression de plus en plus forte sur le quartier avec l'instauration de barricades/checkpoints pour encadrer leur commerce illicite. Ainsi, depuis plusieurs mois, les 18 agents du centre culturel sont victimes de menaces et d'agressions verbales au vu et au su de tous.

Jean-Paul Fournier, maire de Nîmes.

Communiqué de presse.

Le maire va donc dans le sens de la préfète et de la procureure, en réclamant "l'affectation de façon quasi-permanente d'une Unité de Force Mobile" à Pissevin.

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