Du 11 au 15 août, la ville de Béziers dans l'Hérault organise sa traditionnelle fête taurine de la feria. Au menu, messe et corrida qui ne sont pas du goût des défenseurs de la cause animale. Un appel à manifester a été lancé par l'association Colbac pour dénoncer les mises à mort de taureaux.
Les anticorridas et novilladas montent de nouveau au créneau cette année. À l'occasion de la feria de Béziers (Hérault), du 11 au 15 août, l'association Colbac (Comité de liaison biterrois pour l’abolition de la corrida) a lancé un appel à manifester le 13 août, "pacifique" et ouvert "à tous et toutes".
Des mobilisations similaires avaient déjà eu lieu en 2020, 2021 et 2022. Le rendez-vous est donné dimanche à 15h, au 155 avenue Clemenceau. La manifestation n'a pour l'heure pas encore obtenu le feu vert de la préfecture et ne pourra pas s'approcher à moins de 500 mètres des arènes de Béziers.
81% des Français opposés à la mise à mort
Depuis 30 ans, l'association biterroise réclame l'abolition en France de la tauromachie espagnole. Mais les relations avec Robert Ménard, maire divers droite de la commune, sont au point mort. "Il nous méprise et ne manque pas de le mentionner publiquement à chaque ouverture de la feria", déplore Sophie Maffre-Baugé, présidente du Colbac.
Elle dénonce en parallèle la publicité et le soutien économique dont jouit la société organisatrice de tauromachie. "Robert Ménard refuse de faire évoluer Béziers vers la fin de cette pratique cruelle, alors que c'est la volonté d'une majorité de la population." Selon un sondage IFOP commandé par l'Alliance anti-corrida en août 2021, quatre Français sur cinq se disent opposés à la mise à mort des taureaux.
Parmi les 150 à 200 personnes attendues à ce rassemblement, l'association affirme qu'elle pourra compter cette année dans ses rangs Caroline Roose (EELV), Sandra Regol (EELV), Christophe Marie (le porte-parole de la fondation Brigitte Bardot), l'actrice Chloé François, ainsi que l'écrivain, journaliste et conseiller municipal de Nice Henry-Jean Servat. Le mouvement a aussi reçu le soutien d'autres associations de protection animale comme PETA et One Voice.
Un "silence coupable"
Une messe et un défilé de la vierge sont prévus à 19h vendredi 10 août en ouverture de la célébration. La municipalité de Bézier en fait la promotion sur des affiches à travers la ville. Une cérémonie hypocrite pour la présidente de l'association. "C'est un lieu où se déroulent des tortures d'animaux, il utilise l'église comme caution morale et le Pape ne dit rien", dénonce-t-elle.
"La messe était auparavant prévue pour un cercle de VIP. Tout ce que j'ai fait, c'est de l'ouvrir à tous, ce qui fait qu'on est passé d'une trentaine de personnes à plusieurs milliers", rétorque Robert Ménard, qui assume d'être très peu réceptif au discours des associations. "Je ne suis moi-même pas un fanatique des corridas, mais si des gens n'y sont pas favorables, qu'ils n'y aillent pas et arrêtent de nous emmerder ! C'est un principe de liberté !", tance le maire, qui ne compte pas s'opposer à la manifestation.
L'important n'est pas tant le nombre de personnes qui seront présentes au rassemblement que celui des Français opposés à cette pratique cruelle.
Sophie Maffre-Baugé, présidente de l'association Colbac
En France, la loi interdit en principe les sévices graves et actes de cruauté envers les animaux, tout en précisant que des exceptions existent pour les courses de taureaux lorsqu'une tradition locale ininterrompue peut être invoquée.
Une proposition de loi de la "niche parlementaire" de la France insoumise et des écologistes visant à interdire spécifiquement la corrida avait été soumise à l'Assemblée nationale le 24 novembre 2022, avant d'être retirée, sans avoir pu être débattue. Un "manque de courage politique" de la part des députés qui ont fait obstruction, selon l'association.