Le confinement a provoqué un élan de solidarité dans le village d’Adissan, entre Clermont-l’Hérault et Pézenas. Elus, commerçants et jeunes de la commune se mobilisent pour aider les personnes seules ou en difficulté. La crise du coronavirus a crée du lien dans la population.
Adissan, 1220 habitants, une mairie, une épicerie, une pharmacie, deux maraichers et un animal totémique : le poulain dont une association porte le nom. Dès le premier jour du confinement le 17 mars, la mobilisation a été générale. Et depuis, chaque début de semaine, élus et jeunes sont en contact direct avec les personnes seules ou en difficulté pour recenser leurs besoins médicaux ou alimentaires.
On a eu raison de rouvrir l’épicerie du village. La population en a vraiment besoin, Patrick Lario,
maire d’Adissan.
Quand l’ancienne épicerie a fermé ses portes sur décision du groupe qui l’exploitait, la mairie d’Adissan a décidé d’effectuer des travaux dans un local communal. Le maire Patrick Lario explique en avoir proposé la gestion à un ancien vendeur sur les marchés, moyennant une location très modique. Et avec les restrictions de déplacements, le commerce rencontre aujourd’hui un succès grandissant et a développé les livraisons à domicile, en limitant ses horaires d’ouverture.
Elus et jeunes au service de tout le monde
Pour aider les habitants isolés, les personnes âgées ou fragiles ou celles manquant de temps comme les personnels soignants, y compris des villages alentour, les courses d’alimentation sont assurées en grande partie par des jeunes volontaires, sous la houlette de l’association ‘’Le poulain d’Adissan’’. Ce sont eux qui assurent les tournées pour livrer chaque semaine la vingtaine de commandes passées par téléphone auprès de l’épicerie ou au supermarché de Paulhan à 3 kms. Les deux maraichers installés dans le village assurent eux-mêmes leurs livraisons.
Le président de l’association, Gauthier Favier, n’avait que 19 ans lorsqu’il en a pris les rênes en 2018. Autour de lui, la plupart sont âgés de 15 à 27 ans. ‘’Nous sommes là toute l’année pour organiser les fêtes du village, aux côtés du comité des fêtes. Agir pour ce type de cause était pour nous tout-à-fait naturel’’. Une page Facebook ‘’Le poulain d’Adissan’’ y raconte la vie du village et parle des partenaires impliqués dans les différents événements de la commune.
Je suis fier d’eux. Ils ont eux-mêmes pris cette initiative. C’est un beau geste de solidarité, Patrick Lario salue l'initiative des jeunes d'Adissan.
Le maire d’Adissan admire leur implication. ‘’Leur geste est un joli geste de solidarité. Je suis fier des jeunes du village. Ils s’étaient déjà mobilisés après la tempête de 2016’’. A l’époque, il avait fallu participer au nettoyage des rues et au déblaiement des débris. Des arbres avaient été déracinés par des vents violents, des tuiles s’étaient envolées, des portails avaient été pliés. Et ces jeunes avaient déjà répondu présent.
Les élus, eux, prennent en charge les besoins en médicaments en se rendant à la pharmacie à la place des personnes ne pouvant se déplacer. Chaque lundi, la liste est établie grâce à une série d’appels individuels. Et si la mairie est fermée, elle reste joignable par téléphone. Et les attestations de déplacement dérogatoire peuvent même être récupérées… par la fenêtre. Un système de garderie a également été mis en place pour accueillir les enfants des personnels soignants le mercredi lorsque l’école reste porte close.
Tout le monde prêt à rendre service
Mais en période de confinement et de blocage d’une partie importante de l’économie, des artisans eux-aussi proposent leurs services. Maçon, électricien ou plombier, ils sont prêts à intervenir chez l’habitant en cas d’urgence. Même l’organiste habituel des messes du dimanche a pris l’initiative de faire sonner les cloches de l’église tous les soirs à 20h.
De ce confinement sont nés des rapports nouveaux entre les habitants. Et même si certains font part de leurs craintes face à l’épidémie qu’il s’agisse de personnes âgées ou de parents, tous apprécient ce lien social. ‘’En se parlant même de loin, on apprend à se connaître. C’est essentiel. Pourvu que tout cela ne disparaisse pas avec la fin de la crise’’ explique Gauthier Favier.