Etang de Thau : 100% des moules tuées par la malaïgue et un tiers des huîtres

Conséquence du manque d'oxygénation du milieu, 100% des moules et un tiers des huîtres de l'étang de Thau (Hérault)  n'ont pas survécu à cet été caniculaire. Le préfet demande en urgence la reconnaissance de calamités agricoles afin que les conchyliculteurs puissent être indemnisés. 

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Les chiffres sont tombés ce 30 août et ils reflètent à eux seuls l'ampleur de la catastrophe environnementale et économique : 100% des moules et un tiers de la production annuelle d'huîtres de l'étang de Thau (Hérault) ont péri du fait de la malaïgue, un manque d'oxygénation du milieu dû à la conjonction des chaleurs caniculaires de cet été 2018 et à l'absence de vent.
 

Plusieurs millions d'euros de pertes


Ce constat émane du travail d'un comité d'expertise départemental qui vient de rendre le rapport lié à sa mission de terrain, effectuée du 14 au 20 août, sous l'égide de la Direction Départementale des Territoires et de la Mer (DDTM). Son directeur, Cédric Indjirdjian, précise :
 

Concernant les huîtres, on a des taux de mortalité importants avec 52% dans la zone de Marseillan et 63,5% dans celle de Mèze. En volume, cela représente 2.703 tonnes d'huîtres détruites en quelques jours, soit 4,7 millions d'euros. Concernant les moules, les pertes sont de 1.218 tonnes, soit une perte de production équivalente à 1,22 million d'euros.
 

Demande de classement en calamités agricoles


Le préfet de l'Hérault, Pierre Pouëssel, va saisir la commission nationale de gestion des risques agricoles, en vue de la reconnaissance du sinistre par arrêté ministériel. Il a aussi transmis une demande d'exonération totale des charges sociales ENIM, des redevances domaniales et des taxes sur le
foncier non bâti. La préfecture précise qu'avec les banques, l'URSSAF, la DIRECCTE (Direction Régionale des Entreprises, de la Concurrence, de la Consommation, du Travail et de l'Emploi) et les représentants de la profession :
 

Une réunion sera organisée dans les jours à venir, afin de prendre en compte les problèmes de trésorerie des entreprises en difficultés et envisager le recours à l'activité partielle pour celles qui le souhaitent.
 

Car selon  Patrice Lafont, président du syndicat des conchyliculteurs de Méditerranée, certains ne récolteront rien l'an prochain, ni peut-être l'année d'après. Il l'a dit à nos reporters Thierry Will et François Jobard.
 


Un phénomène lié à la canicule


La malaïgue (qui veut dire "mauvaise eau" en Occitan), ne s'était pas manifestée sur les 7.000 hectares de la lagune de Thau depuis 2006. Ce phénomène de propagation d'algues lié au réchauffement climatique engendre une chute de la teneur en oxygène de l'eau qui décime les huîtres. Quant à la surmortalité des moules, elle est directement due à l'élévation de la température de l'eau cet été (plus de 29°C enregistrés sur 8 jours).


La conchyliculture génère 3000 emplois sur l'étang de Thau

    
L'étang de Thau est la plus grosse zone conchylicole de Méditerranée. Il concentre 10% de la production nationale d'huîtres, production qui génère près de 3.000 emplois dans les 500 entreprises du secteur. A plus long terme, cet écosystème fragile pourrait être durablement impacté par le changement climatique. 


Le projet VIVALDI, partition clé de la lutte contre le réchauffement


Combattre les maladies des coquillages et leurs effets sur un secteur qui emploie 42 000 personnes en europe, c'est justement l'objet d'un colloque, au Corum de Montpellier. Il réunit des chercheurs venus de 21 pays européens et impliqués dans le projet VIVALDI.  Car il y a urgence à agir. Heureusement, des pistes existent.
 

Plusieurs solutions encore à explorer


La diversification et la sélection des espèces peuvent par exemple aider à combattre cette mortalité, en particulier celle de l'huître creuse, comme l'explique Isabelle Arzul, chercheuse à l'IFREMER :
 

L'huître creuse a cette particularité de pouvoir s'adapter à de grosses variations de températures. On la retrouve un peu partout dans le monde et elle est capable de grandir et de se développer dans différentes conditions environnementales. Par contre, dans certains secteurs géographiques, on n'est pas à l'abri d'un déclin de cette production.
 

La diversification, une obligation économique


Une autre piste pourrait être l'exondation des huîtres, une technologie consistant à les sortir de l'eau afin de reproduire un phénomène de marée. Florent Tarbouriech, ostréiculteur à Marseillan (Hérault), a ainsi pu sauver une partie de sa production, victime de l'anoxie, ou absence d'oxygène liée aux fortes chaleurs :
 

On a eu 50% de mortalité en moins sur une table exondée, ça n'est pas rien ! On a aussi une partie de notre production en mer, où il n'y a pas de problème d'anoxie. Donc pour répondre au problème et faire face aux difficultés économiques, il faut à mon sens avoir plusieurs solutions techniques et élever plusieurs espèces.


Demain, des milieux irrémédiablement modifiés


Mais cette technologie, aussi subtile soit-elle, et que l'ostréiculteur de Marseillan exporte déjà, ne pourra pas répondre à tous les effets du réchauffement. Notamment l'un d'entre eux qui pourrait arriver plus tôt que prévu, selon François René, ancien membre de la Commission Générale Pêches et Aquaculture en Méditerranée :
 

Nous n'échapperons pas à l'élévation du niveau de la mer, qui va profondément modifier les paysages côtiers : des villes risquent de disparaître. Un mètre d'eau, c'est déjà colossal... 7 mètres : on y arrive.


Ces intervenants sont à retrouver dans le reportage de Laurent Beaumel et François Jobard.
 
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