Les hommes en noir du District de l'Hérault mettent le sifflet à terre ce week-end des 11 et 12 décembre pour alerter sur les violences dont ils sont l'objet lors des matches de foot. Une façon de sensibiliser les joueurs, les dirigeants, les parents et les instances du football dans l'Hérault.
La violente agression d'un des leurs par un jeune joueur de foot de 16 ans à Marseillan dans l'Hérault le 2 octobre 2021 a certainement été la goutte d'eau qui a fait déborder la colère des arbitres du District de l'Hérault. La commission de discipline du football de l'Hérault a pris des sanctions exemplaires : le joueur a été suspendu pendant douze ans, son entraîneur ne pourra pas exercer pendant un an et le président de son club est interdit d'exercer ses fonctions pendant trois mois.
Une grève pour alerter
Mais les arbitres ne souhaitent pas en rester là, tant la violence envers eux, en actes ou en paroles, est monnaie courante sur et au bord des stades de football, dès le plus jeune âge. Ils ont donc décidé de ne pas se présenter sur les terrains samedi 11 et dimanche 12 décembre. "Nous sommes soutenus par nos instances dirigeantes, le District de l'Hérault comme la commission arbitrale, c'est important pour nous mais avec ce mouvement, nous souhaitons sensibiliser l'ensemble des acteurs du football", explique Arnaud Muller, arbitre depuis 28 ans, "car depuis la reprise des championnats après l'interruption due à la pandémie, nous avons l'impression que les gens sont devenus fous. C'est n'importe quoi sur le terrain, surtout pour les catégories de jeunes, U15, U17 ou U19."
Les accompagnants, les dirigeants et les entraîneurs doivent faire passer le message. Un banc de touche qui conteste sans arrêt les décisions de l'arbitre entraîne forcément des problèmes avec l'équipe sur le terrain.
Pour cet arbitre très expérimenté, le climat des rencontres est de plus en plus souvent tendu. "Un exemple flagrant, c'est que sur les matches des U15, c'est-à-dire avec des joueurs de 14 ans, on avait l'habitude de mettre des arbitres débutants, pour qu'ils prennent de l'expérience," détaille Arnaud Muller, "maintenant, sur certains matches de cette catégorie, il y a des arbitres comme moi, avec au minimum 10 ans d'expérience, qui savent mieux anticiper les risques de dérapages, parce qu'on sait qu'il y en aura."
Pas de rencontres annulées
Entre un tiers et la moitié des rencontres de ce week-end ne seront pas arbitrées. Mais elles ne seront pas annulées pour autant. Sans arbitre, le règlement prévoit un tirage au sort entre deux bénévoles, un de chaque club en présence, pour désigner l'arbitre central. Pour les arbitres de touche, chaque club désigne un bénévole. Les matches pourront donc se dérouler comme prévu, mais les questions d'impartialité et d'équilibre garantis par un arbitre neutre vont forcément se poser. Une situation qui provoque l'inquiétude dans les clubs.
Le match de dimanche est un derby, c'est toujours une rencontre un peu plus tendue que les autres, alors ça nous inquiète de ne pas avoir d'arbitre.
Le soutien du District de l'Hérault
Le District de l'Hérault prend ces questions de violences envers les arbitres très au sérieux. "Nous avons déjà mis en place plusieurs actions", précise David Blattes, président du District de football de l'Hérault, "nous avons par exemple créé une commission d'action qui regroupe le procureur de la République, la gendarmerie, les instances dirigeantes du District et nous l'activons dès qu'il y a eu un problème sur un match. C'est simple et rapide." Pour le président du District, qui soutient l'action de sensibilisation des arbitres, il est aussi très important de valoriser les clubs qui respectent les règles et les arbitres.
Nous avons mis en place le carton vert, qui permet d'exclure un joueur un peu énervé pendant 5 minutes pour qu'il se calme. Et aussi un système de bonus-malus pour enlever ou ajouter des points aux équipes en fonction de leurs comportements.
Avec le bonus-malus, les cartons jaunes et rouges des équipes sont comptés et enlèvent des points au classement. Il est aussi possible de gagner des points si les équipes font preuve de fair-play.
D'après le District de l'Hérault, les actes de violences sont présents dans 1% des rencontres, toutes catégories confondues. Mais tous les acteurs de terrain ont constaté que l'état d'énervement général de la société, avec une violence qui arrive plus vite et des gens plus irascibles depuis la pandémie, se retrouve sur les terrains de football.
Une réunion est prévue entre les dirigeants du District et les arbitres lundi 13 décembre, afin de voir comment mieux prévenir encore les incidents.