Dans la nuit de samedi à dimanche 14 juin, un troupeau de brebis a été attaqué à la Salvetat-sur-Agout, dans l'Hérault. 13 brebis sont mortes et 29 ont été sérieusement blessées. Selon les premières constatations, un loup serait à l'origine de cette attaque.
Les faits se sont déroulés dans la nuit de samedi à dimanche à la Salvetat-sur-Agout, dans l’Hérault. Le troupeau de 70 brebis et agneaux de Dorothée et Aurélien Cabrol a été vraisemblablement attaqué par un loup.
Les deux éleveurs ont fait la terrible découverte le dimanche matin au moment d'aller nourrir les bêtes. Les brebis se trouvaient dans une prairie d'environ deux hectares clôturée, à côté d'un bâtiment d'élevage, à quelques kilomètres du logement des propriétaires.
Au total, 13 de leurs bêtes sont mortes et 29 sont sérieusement blessées :
Le matin quand on est arrivés, on a tout de suite vu qu’il y avait quelque chose de pas normal. On a sauté la clôture et on a trouvé une brebis couchée sur le chemin. Le pire c’était qu’elle était encore vivante. Elle était mangée au plexus, mordue à la gorge. On a trouvé cette bête-là, et après c’était le carnage, on est arrivé en bas et on a trouvé la moitié du troupeau déchiquetée. Nous avions 70 brebis et là, nous avons 42 brebis impactées par l’attaque.
Le paysage d’une prairie tranquille s’est rapidement transformé en un paysage cataclysmique.
Une attaque attendue
Si le marie de la Salvetat-sur-Agout parle d'un paysage tranquille c'est parce qu'il n'y a jamais eu d'attaques de loup sur sa commune. Pourtant, selon la sous-préfecture de Lodève, la présence de deux loups a été confirmée sur le secteur en 2018 suite à des observations.
"Nous jusque là, nous étions épargnés, il y a eu des attaques dans les communes voisines dans les départements de l'Hérault, du Tarn, de l'Aveyron aussi. Mais nous sommes sur un territoire de montagne, nous savions que le loup était présent sur le massif de l’Espinouse depuis plusieurs années déjà, on le suit avec la DDTM, la direction départementale des territoires et de la mer et aussi avec l’Office Français de la Biodiversité. Donc on s'y attendait, mais pas à ce que ce soit si catastrophique," nous dit le maire de Salvetat-sur-Agout, Francis Cros.
Année blanche pour le couple d'éleveurs
Au-delà de la dureté d’avoir perdu des bêtes dans de telles conditions, Dorothée et Aurélien redoutent l’arrivée d’une année blanche et ce que peut engendrer ce stress sur le reste du troupeau.
Le problème de cette attaque c’est qu'avec le stress qu’a subi la partie du troupeau qui reste, il se peut que les brebis ne se reproduise pas cette année. Donc nous sommes aux prémices d’une année blanche future. Mes clients de cette année à qui on va dire que l’année prochaine, on n’aura pas d’agneaux vont aller en trouver ailleurs. Mais le jour où on en aura ce n’est pas dit que les clients reviennent vers nous.
Regardez le témoignage en intégralité de Dorothée et Aurélien Cabrol, éleveurs à la Salvetat-su-Agout.
Protéger les troupeaux
Désormais, il faut trouver une solution pour protéger les bêtes de Dorothée et Aurélien. Pour l’instant, elles ne sont pas sorties depuis dimanche mais cette situation ne peut durer :
Nous l’objectif c’est que nos bêtes soient un maximum dehors, l’hiver quand il fait beau on les sort. Si il devait y avoir de la prédation avérée ou pas, c'est illogique que ce soit nous en tant qu'éleveurs qiu devons encore une fois, revoir nos modes d’élevage. Aujourd’hui on nous demande de nous adapter au loup, mais ce n’est pas possible.
Pour d'autres, comme le maire de la Salvetat-sur-Agout, il est urgent de protéger les animaux tout en préservant la biodiversité : "Nos populations d’agriculteurs doivent être préservées. L’idée pour nous est de les accompagner le mieux possible pour que l’on préserve leur troupeau, on préserve cet élevage de troupeau, cet élevage de montagne afin qu’il n’y ait pas d’autres attaques et pour cela il y a des mesures qui doivent être prises. Mais ça passe par des contraintes, des clôtures plus importantes, des chiens patous, toute une gamme existe aujourd’hui il faut que l’on trouve une solution pour pérenniser cette agriculture de nos montagnes, dont nous avons tant besoin, tout en maintenant une biodiversité introduite avec le loup. Pour que nos agriculteurs fassent leur travail dans de bonnes conditions," nous dit le maire de la commune.
Des agents mais aussi des scientifiques se sont rendus sur place pour effectuer les premières constatations et les prélèvements d'analyses. Les investigations sont en cours pour déterminer les circonstances de cette attaque et confirmer ou non s'il s'agit d'un loup.
Les résultats seront connus à la fin de la semaine.
Le reportage de Laurent Beaumel et Franck Detranchant