La maladie d’Alzheimer touche 900 000 personnes en France et 600 nouveaux cas sont détectés chaque jour. Mais les malades peuvent désormais nourrir un grand espoir dans un nouveau traitement : l’Aduhelm. Ce médicament est un anticorps monoclonal humain, très cher, testé aux USA.
L'Aduhelm est un traitement qui cible une lésion caractéristique d’Alzheimer. On va injecter des anticorps spécifiques à l’amyloïde qui est une protéïne du cerveau qui va se modifier chez les malades d’Alzheimer et former des plaques. Le système immunitaire va réagir et nettoyer ces plaques toxiques qui s’accumulent dans les neurones des patients.
Ce traitement a été approuvé en juin par l’agence américaine du médicament et sa mise sur le marché est en cours. Pourtant un comité d’experts s’était prononcé contre une autorisation de ce médicament. Ils estimaient que le traitement n’avait pas suffisamment fait preuve de son efficacité. Mais l’agence américaine du médicament a déterminé qu’il existe des preuves substantielles que l’Aduhelm réduise les plaques amyloïdes dans le cerveau et que la réduction de ces plaques soit raisonnablement susceptible d’entraîner d’importants bénéfices pour les patients.
Cependant l’autorisation de l’agence américaine du médicament peut être annulée si le médicament ne fait pas ses preuves lors d’études en vie réelle.
En Europe et en France, si tout va bien, il pourrait être commercialisé en 2022.
On a jamais été aussi prêt d’avoir un traitement sur le marché. Même si les bénéfices restent modestes car le patient peut encore présenter des symptômes, on constate une amélioration des capacités mémorielles de l’ordre de 30% et des effets sur les activités fonctionnelles de 40%.
Ce traitement pourra être prescrit à des patients qui ont une forme légère à modérée de la maladie. Aujourd'hui, son coût est estimé à environ 50.000 euros par an.
Des avancées dans la prévention de la maladie
Les lésions surviennent 20 ans avant l’apparition de signes cliniques. Le centre mémoire ressource et recherche de Montpellier travaille en ce moment sur un nouveau protocole d’identification des personnes à risque pour mettre en place des stratégies de prévention personnalisée.
Car on connaît aujourd’hui les facteurs à risque. Cela peut être les antécédents familiaux, les problèmes cardiovasculaires ou encore le diabète. Et on connaît aussi les facteurs de protection comme la nutrition, le sommeil de qualité ou encore l’activité physique.
On va pouvoir établir un score de risque et proposer une stratégie vraiment personnalisée pour éviter que la personne décline.
Une cinquantaine de patients teste actuellement ce protocole en France.
Vers une prise en charge plus complète
A l’hôpital de Béziers au centre Perréal, il existe une filière médicale consacrée à cette pathologie, du diagnostic jusqu’à la phase la plus avancée.
La première étape, c’est le diagnostic. Nous réalisons une consultation mémoire et tous les examens de type bilan neurologique ou IRM peuvent être réalisés à l’hôpital. L’idée est d’adapter la prise en charge en fonction des troubles et du mode de vie du patient.
Une fois le diagnostic établi, de multiples possibilités existent selon le stade de la maladie. Diverses unités permettent de répondre à chaque besoin. Le centre dispose d’un accueil de jour de 15 places qui a pour objectif de maintenir un tissu social et d’éviter que les gens soient isolés, ce qui favoriserait le développement de la maladie. Les patients viennent à leur rythme et peuvent y pratiquer des activités cognitives ou de stimulation de la mémoire.
Aider les aidants... même à domicile
Mais dans cette maladie, les aidants, fatigués par la gestion des patients à domicile et éprouvés psychologiquement ont eux aussi besoin d’être soutenu. Il existe donc un centre de répit où du personnel médical, infirmières et assistantes de soin en gérontologie peuvent prendre en charge le patient pour soulager l’aidant.
La nouveauté, c’est que le personnel va désormais pouvoir se déplacer au domicile du patient et permettre à l’aidant de souffler à raison de 4h par semaine.
Des solutions d’hébergement
La filière comprend également des solutions d’hébergement. Il y a déjà un secteur ouvert en Ehpad et dans quelques semaines, le Pasa (pôle d’activités et de soins adaptés) sera 100% opérationnel.
"Les patients pourront faire de la cuisine, des lotos pour le travail de la mémoire et l’attention mais aussi marcher. Beaucoup de patients n’ont pas pu pratiquer d’activités physiques à cause du confinement. C’est pourtant essentiel pour l’équilibre, éviter les chutes et contre les douleurs" explique Estelle Beaudouin.
Il existe aussi un secteur fermé comprenant un espace "protégé" destiné aux personnes ayant un trouble du comportement modéré, et un UHR (unité d’hébergement renforcée) de 12 lits, actuellement complet, pour les malades qui ont une forme sévère d'Alzheimer.