2 avril, journée mondiale de sensibilisation à l'autisme. Pour mieux comprendre comment un enfant autiste perçoit le monde, les professionnels de l'institut médico-éducatif de Lunel ont animé des ateliers au collège Ambrussum. 2ème épisode de notre série sur les troubles du spectre de l'autisme.
Cette année, la journée mondiale de sensibilisation de l'autisme est orientée vers le grand public pour aider à mieux connaître les troubles du spectre de l'autisme. De nombreuses manifestations sont organisées de fin mars à mi-avril 2019 pour combattre les clichés, voire les craintes, et aider à mieux accepter les personnes autistes.
Des opérations de sensibilisation ont notamment lieu dans les écoles.
Comme au collège Ambrussum de Lunel dans l'Hérault, où les éducateurs, psychologues, psychomotriciens de l'institut médico-éducatif (IME) et du service d'éducation spécialisée et de soins à domicile (SESSAD) les pescalunes ont réussi à immerger les élèves dans le cerveau d'un autiste.
Différent comme tout le monde :
Pour les 90 collégiens de 5 ème concernés, l'heure d'immersion a commencé avec ce petit film de présentation, créé en 2017 par le producteur d'animation indépendant Alex Amelines à destination des enfants.Comme l'explique d'emblée Karine Rudelle, psychologue au sein de l'IME les pescalunes de Lunel, une personne autiste peut avoir des réactions surprenantes, des troubles qui comportement qui proviennent de la façon très particulière dont les autistes perçoivent le monde qui les entoure.
C'est pour aider à mieux les comprendre, qu'avec une partie de ses collègues, elle est venue partager son expérience au collège Ambrussum.On voit des enfants qui secouent les mains, qui sautillent en poussant de petits cris, ça , ce sont des manifestations qui expriment leurs émotions, de la peur, de la joie.
Un parcours ludique, concret et saisissant
Un peu plus loin, à l'abri des regards, Audrey Swarc, psychomotricienne, installe Maëlys, 12 ans, dans une position très inconfortable :En équilibre instable, des éponges grattantes serrées autour de son coup, un casque empli de bruits dans les oreilles et des lunettes déformantes et tout devient soudain plus compliqué pour la collégienne qui a bien du mal à répondre aux questions simples posées par Audrey.L'objectif de ce stand, c'est de saturer les sens et d'avoir l'espace d'une minute la même perception du monde que les enfants autistes.
Les élèves passent d'un atelier à l'autre et entrent peu à peu dans la tête d'un enfant autiste.Tu te concentres sur le bruit et après tu te concentres sur la parole, ça fait tout en même temps et ça fait peur.
Un parcours ludique et concret pour voir le monde comme lui.
L'un des stands les plus efficaces propose aux collégiens de regarder des petites vidéos, puis de les revoir mais telles que l'autiste, lui, les perçoit. L'effet, bouleversant de vérité, a sidéré Gianni, Guilhem et Edvinn.
Noëllie Bras, éducatrice, explique aux collégiens qu'une personne autiste va entendre le brouhaha, toutes les personnes, voir toutes les lumières mais ne va pas faire le tri entre les différentes informations, alors que les collégiens vont arriver à se concentrer sur une voix en particulier.On les entend respirer fort, on sent le stress monter avec tous les bruits alors que nous, on les entend à peine.
Pour Guilhem, 13 ans, cette sensibilisation est très utile.
ça nous permet de plus les accepter les autistes. Avec ce que l'on a appris ici, on ne va pas se moquer de lui mais aller plus facilement vers lui.
Mieux comprendre pour mieux accepter :
Dans le collège Ambrussum de Lunel, 2 enfants autistes sont scolarisés, l'un en classe Ulis (voir encadré), l'autre dans une classe dite "ordinaire".A travers les 90 élèves de 5ème venus ce jour-là, professionnels et enseignants espèrent sensibiliser l'ensemble du collège et les familles : mieux comprendre les autistes pour mieux les accepter.
Comme l'a dit en conclusion Guillaume Gouchault, le principal du collège Ambrussum, le rejet est bien plus souvent la conséquence de l'ignorance que celle de la malveillance.
Reportage de Carine Alazet et Juliette Mörch :
Les Ulis en bref :
Les Ulis sont des unités localisées pour l'inclusion scolaire, c'est-à-dire des classes qui accueillent au sein des établissements scolaires des élèves en situation de handicap, qui ne peuvent pas suivre une scolarité "ordinaire" en permanence.Chaque fois que possible, les élèves d'Ulis rejoignent une classe classique.
Dans l'Hérault, il y a
- 65 Ulis dans les écoles maternelles et primaires soit 780 élèves,
- 48 Ulis dans les collèges,
- 10 Ulis dans les lycées soit 696 élèves en tout pour le secondaire.