Après le déclenchement de l'article 49.3 de la constitution jeudi 16 mars, pour faire passer la réforme des retraites, de nombreux députés sont insatisfaits. Le député Renaissance de l'Hérault, Patrick Vignal, en fait partie. Il avait prévu de s'abstenir, mais était prêt à voter le texte, afin d'éviter ce passage en force.
La France a vécu une journée exceptionnelle ce jeudi 16 mars. Après deux mois de contestation dans la rue, le gouvernement a engagé sa responsabilité sur le texte explosif de la réforme des retraites. Une onzième utilisation de l'article 49.3 pour l'exécutif, avec à la clé de la colère partout en France, et des déçus jusque dans la majorité présidentielle. Patrick Vignal est de ceux-là. Pour le député Renaissance de la 9e circonscription de l'Hérault, "c'était une journée pathétique".
L'édile en vient même à se demander "ce qu'il fait vraiment dans ce monde politique". Ce résultat ne lui convient pas, et plus encore selon lui, "il ne convient pas à la République". Le député le rappelle, ils ne sont élus que par une petite partie de l'électorat français. Désormais, il va falloir composer avec le manque de confiance de la population, déjà échaudée. "On est en train de manquer de respect à la République", assure Patrick Vignal. "On perdait le vote, mais ce n'est pas pour autant qu'il fallait faire un 49.3 !"
Prêt à voter pour, afin d'éviter le 49.3
Jusqu'aux dernières heures précédant le vote, le député héraultais a douté. Il était prêt à s'abstenir, tant "cette réforme n'est pas juste, même s'il y a des avancées". Finalement, en tout début d'après-midi, sous la menace du 49.3, il décide de voter pour. "J'y étais prêt, pour éviter cette arme difficile, et j'ai enjoint mes collègues à le faire." Patrick Vignal ne "voulait pas du 49.3", car il "savait que ça allait relancer la rue". La suite des événements lui a donné raison. Plusieurs rassemblements spontanés ont eu lieu sur l'ensemble du territoire, dès l'annonce de la Première ministre, Elisabeth Borne.
"Les Français ne veulent pas obéir, mais adhérer."
Patrick Vignalà France 3 Occitanie
"Il est évident qu'avec cette proposition, on n'avait pas gagné la rue. Mais aucune réforme des retraites ne l'a jamais fait." Les députés et l'exécutif ont échoué à convaincre les Français selon lui. "La France est un pays compliqué à gérer. Les Français ne veulent pas obéir, mais adhérer."
Désormais pour l'élu, il faut changer "de manière de gouverner", et comprendre "que les Français sont éreintés", en intégrant "qu'on n'a pas le pouvoir et qu'on nous le prête tous les cinq ans". Sinon, "on va droit dans le mur", affirme-t-il.
Et maintenant ?
Se pose aussi la question de l'après. Quelles perspectives pour la majorité présidentielle après ce revers ? "Si on part sur une dissolution, ça ne change pas la donne. Les trois blocs présents actuellement à l'Assemblée ne vont pas bouger, ou très peu", prédit Patrick Vignal. "Pour une vraie remise à niveau, il faut que la majorité présidentielle embarque les syndicats, et les parlementaires qui veulent co-construire."
Quant à voter la motion de censure "transpartisane" déposée par le groupe Liot, le député de l'Hérault s'y refuse. "Je ne crois pas à la notion de fidélité en politique, mais j'ai un minimum de loyauté", dit-il. Elle a en revanche ses limites : "La loyauté, ça ne veut pas dire attendre que ça se passe." Et de déclarer : "S'il n'y a pas un sursaut de la part de l'exécutif dans les prochains mois, ça va me poser des problèmes personnels."