La star du handball français Nikola Karabatic devrait répéter qu'il n'a jamais parié lors de sa convocation devant le juge d'instruction mardi à Montpellier dans l'affaire des soupçons de match truqué, malgré des révélations troublantes parues dans la presse.
"Il n'a jamais parié, il a toujours été contre le pari", a rappelé avec force son avocat Me Jean-Robert Phung jeudi après les auditions de la compagne du joueur, Géraldine Pillet, de son frère Luka Karabatic et de l'amie de celui-ci Jeny Priez.
Et les défenseurs du clan Karabatic de s'interroger: pourquoi "avant chaque audition, des informations qui sont couvertes par le secret de l'instruction sortent-elles très opportunément, de façon à nous mettre la pression?"
La presse a révélé la semaine passée que, selon des expertises informatiques versées au dossier, une application de la Française des Jeux avait été téléchargée la veille du fameux match entre Montpellier et Cesson, en mai dernier, sur le téléphone portable de Nikola, puis effacée en septembre au moment où le scandale éclatait.
Des captures d'écran, avec la cote de la FDJ du score à la mi-temps (2,9), ont aussi été trouvées sur l'ordinateur portable de Nikola Karabatic.
"Qui veut la peau de Nikola qui subit en outre un contrôle fiscal, et pourquoi ?", a demandé Me Phung jeudi, avant de s'en prendre à Patrice Canayer, l'entraîneur de Montpellier.
"On ne sait plus s'il est pour le club ou contre le club, pour ses joueurs ou contre ses joueurs", a dit Me Phung.
Montpellier : Nikola Karabatic chez le juge mardi et devant le LNH mercredi
Les doutes de Patrice Canayer contre les "Karabatic" et "le vestiaire"
A l'origine de ses reproches, les propos de Canayer lors de sa convocation dans les bureaux du Service central des courses et jeux de la police judiciaire à Nanterre avant les fêtes.
"La gangrène du jeu avait atteint le vestiaire de façon importante", aurait-il alors déclaré aux enquêteurs.
L'entraîneur doute et cherche des réponses. Tout comme le club. A force d'avoir vu et revu les images du match du scandale, il n'est finalement plus aussi certain de la sincérité du résultat, reconnaît une source proche du club, qui précise: non pas sur ce qu'il voit sur le terrain mais sur ce qui se passe aux abords et sur la tendance de certains à parier.
Le président Rémy Lévy a volé au secours de son entraîneur qui, à ses yeux, s'est exprimé dans "la ligne de conduite du club". "Il cherche à connaître la vérité, quelle qu'elle soit, il n'est pas dans celle consistant à charger ou à protéger des joueurs", a souligné M. Lévy, avocat lui aussi.
Toujours est-il que les atteintes au secret de l'instruction que dénoncent ses avocats ne devraient pas changer la stratégie de défense qu'a adoptée Nikola Karabatic depuis le début de l'affaire - à l'inverse de son frère par exemple qui a reconnu avoir joué.
Devant le magistrat instructeur où lors de sa première comparution il s'était contenté d'un texte liminaire, il devrait donc tenir le même discours: il n'a pas
parié, c'est Géraldine, sa fiancée, qui a joué 1.500 euros.
Et il devrait aussi dire que c'est elle qui a téléchargé l'application et consulté les cotes.
Nikola, sous contrat au moment des faits avec une société de paris de jeux en ligne, ne reconnaît qu'une erreur: avoir su mais n'avoir rien dit.
Au total dans cette affaire, treize personnes, dont sept joueurs (cinq montpelliérains et deux ex-montpelliérains), ont été mis en examen pour escroquerie et/ou complicité d'escroquerie présumée au préjudice de la Française des Jeux. Les paris s'étaient élevés à 88.000 euros.