Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve et le patron des gendarmes ont défendu jeudi les forces de l'ordre après la mort de Rémi Fraisse lors d'affrontements sur le site du projet de barrage de Sivens, dont l'avenir doit être débattu vendredi par les élus du Tarn.
Quatre jours après la mort de Rémi Fraisse, 21 ans, sur le chantier du barrage-réservoir à Lisle-sur-Tarn, l'enquête privilégie la thèse d'un décès dû à l'explosion d'une grenade offensive lancée par un gendarme.
"Si des fautes ont été commises, il y aura des sanctions mais, en même temps, nous ne sommes pas dans un pays de justice expéditive", a déclaré le ministre à nos confrères de France Info.
Une information judiciaire est ouverte contre X du chef de "violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner, faits commis par une personne dépositaire de l'autorité publique dans l'exercice de ses fonctions". Et jeudi matin, deux juges d'instruction ont effectué une brève visite sur les lieux du drame, ont rapporté à l'AFP deux militants anti-barrage sur place.
Jeudi, Bernard Cazeneuve s'est défendu une nouvelle fois d'avoir manqué de compassion après le décès du jeune homme et a assuré que ce drame pour les proches du manifestant était aussi "une épreuve" pour lui. Mais, dans le même temps, le ministre a tenu à "rendre hommage" aux forces de l'ordre, soulignant que, "depuis le début de septembre à Sivens, 56 policiers et gendarmes ont été blessés".
Mercredi soir à Paris, un CRS avait été hospitalisé et douze "contusionnés", après des heurts survenus lors d'une manifestation d'environ 250 personnes à la mémoire de Rémi Fraisse, a-t-il dit. Cependant, d'autres manifestations se sont déroulées dans le calme. Le directeur général de la gendarmerie nationale (DGCN) Denis Favier avait également défendu l'action de ses hommes mercredi soir, excluant de suspendre le gendarme qui a tiré la grenade suspectée d'avoir provoqué la mort de Rémi Fraisse. "J'estime qu'il n'y a pas de faute intentionnelle volontaire", avait-il justifié. Selon lui, des vidéos prises par les escadrons et versées au dossier montreront que les gendarmes ont essuyé "des tirs de pierres, de cocktails Molotov, de boulons".
Jeudi après-midi, à Nîmes, une centaine de manifestants sont allés accrocher sur les grilles de la préfecture la banderole "Rémi, ni pardon, ni barrage".
Par ailleurs, les quatre personnes interpellées mardi soir en marge de la manifestation montpelliéraine en mémoire au jeune toulousain comparaissent ce vendredi devant le tribunal correctionnel. Des personnes à qui la justice reproche des dégradations sous forme de tags sur certains monuments publiques de la ville.
Ce vendredi, le président PS du conseil général du Tarn, Thierry Carcenac doit demander à l'assemblée de "suspendre les travaux" mais "en aucun cas de manière indéfinie. M. Carcenac semble résolu à poursuivre ce projet mais en tenant compte des préconisations d'experts selon qui le projet est surdimensionné et coûteux.
Le syndicat des Jeunes agriculteurs du Tarn exige des "actions fortes" des autorités. Il veut absolument voir "réaliser" ce projet qu'il juge "nécessaire et urgent" pour "assurer la vie économique d'un territoire rural pauvre".