La chambre régionale des Comptes (CRC) a revu le coût du chantier de l'Hôtel de ville de Montpellier de 132 à près de 180 millions d'euros, (+35.58%). Elle épingle aussi la gestion de la ville, entre 2006 et 2011, notamment les "voyages onéreux" des élus.
Le coût du bâtiment signé Jean Nouvel, inauguré en novembre 2011 s'est élevé finalement à 179.651.324,59 euros soit 35,58% de plus que le coût prévisionnel de 132.500.000 euros, écrivent les magistrats dans leur rapport d'observation provisoire, dont l'AFP s'est procuré une copie.
Et la Cour de dénoncer "l'arbre qui cache la forêt ou la théorie des apparences" sur l'évaluation de cette opération par la ville qui a "minoré" le chiffrage en divisant l'opération en deux, l'Hôtel de ville et l'aménagement de la Zone.
Aussi pour trouver le juste prix, la CRC a-t-elle réintégré notamment les frais de concours d'architecte (0,628 ME), le coût du parking construit sous la mairie (19,791 ME), le parc paysager autour du bâtiment (4 ME) ou encore un bâtiment longitudinal à l'Hôtel de ville où se trouvent des bureaux supplémentaires (8 ME), voire les travaux sur l'ancienne mairie (1,6 ME).
"Aucune anticipation n'a eu lieu sur l'ancien hôtel de ville. De gros travaux ont été faits une fois les locaux vides afin d'accueillir des locataires censés les rentabiliser. Le bâtiment est voué à disparaître", note la CRC.
Des "anomalies" budgétaires et un train de vie très large
Par ailleurs, les magistrats soulèvent au cours de la période étudiée (2006-2011) plusieurs anomalies, notamment quelques cas personnels, notamment celui d'un cadre "passible de la cour de discipline budgétaire et financière".
Ils mettent également en exergue "le train de vie de la collectivité".
Ils donnent l'exemple en 2010 d'une opération de communication sans lendemain "La Clapassade" (93.000 EUR), des dépenses pour les voeux (132.517,80 EUR), des frais de restauration (60.000 EUR), les achats de vins (55.294,05 EUR), de dosettes de café (7.289,23 EUR) ou encore de tabac (1757,40 EUR).
"Ces achats (de tabac, NDLR) ne semblent que difficilement relever d'un besoin de la collectivité", note la CRC.
Les cartes professionnelles de paiement trop sollicitées
La Chambre dénonce également l'utilisation "parfois étonnantes" des cartes professionnelles de paiement pour l'achat d'une bouteille de vin dans un restaurant sans repas, des tableaux d'art pour 283 EUR ou de stylos à 150 EUR pour M. Dalil Boubakeur, "sans date ni indication sur les fonctions".
S'y ajoute pour M. et Mme Boubakeur, un voyage aller-retour à Paris-Montpellier, une nuit à l'hôtel, deux petits déjeuner, un room service pour un total de 750,40 EUR, constate la CRC.
De chers et nombreux déplacements des délégations
Enfin, la CRC liste 36 villes où Montpellier a envoyé une délégation et constatent des déplacements municipaux et "onéreux" pour "des raisons très diverses". Séminaire à Louisville (USA) (29.053,32EUR/5 personnes), foire agricole à Chengdu (Chine) (5.711EUR/1 personne), visite d'expositions à Berlin et de musée à Dresde en vue création cité Hippocrate (14.921EUR/4 personnes), réunion de travail en Chine (128.298 EUR avec journalistes et élus).
Et de constater que si le maire socialiste, Hélène Mandroux, n'a été absente que deux jours en 2007, il l'a été 15 en 2008, 29 en 2009, 25 en 2010 et 27 en 2011.
Interrogée par l'AFP, la mairie a indiqué qu'elle voulait respecter la procédure réglementaire et qu'elle réservait ses réponses à la CRC.