L'ex-sergent Vizioz assume ses responsabilités à la barre

L'ex-sergent Nicolas Vizioz, qui avait blessé 16 personnes lors d'une démonstration du 3e RPIMa à Carcassonne, en tirant à balles réelles, a voulu assumer la totalité des responsabilités de l'accident mercredi, lors de la première journée d'audience du tribunal correctionnel de Montpellier.

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Tête basse, cet ancien des forces spéciales ne se dérobe jamais. Il le confesse avec sincérité: sans son erreur, jamais il n'y aurait eu ce drame. "Tout découle de ma faute", assure ce soldat du Groupement des commandos parachutistes (GCP), l'unité d'élite au sein du 3e régiment de parachutistes d'infanterie de Marine (RPIMa).

Décrit à la barre comme "fiable, compétent et +archi-méticuleux+" par ses supérieurs, l'ex-lieutenant Christophe Allard et l'ex-capitaine Hugues Bonningues, M. Vizioz reconnaît ne pas comprendre les causes de cet accident, survenu le 29 juin 2008 après cinq démonstrations sur le thème de la libération d'otages, qui s'étaient toutes déroulées sans incident.
"Il y a eu un excès de confiance de sa part", fait valoir M. Bonningues. "J'ai rempli le chargeur de balles à blanc mais à l'intérieur il y avait des balles réelles", constate l'ancien sous-officier, révoqué sans droit à la retraite depuis les faits.
"La faute m'incombe complètement. Quelques blessés m'ont pardonné. Je les en remercie car moi je ne me pardonne pas ma faute", confie Vizioz, 33 ans, aujourd'hui cadre dans une entreprise de travail temporaire.
"Si je n'avais pas mis des balles réelles, nous ne serions pas là", ajoute M. Vizioz. "Le 14 juillet, lorsqu'on tire au canon, il n'y a pas de problème. Mais si on met un vrai obus, il peut y en avoir", reprend le président du tribunal, Philippe De Guardia.

Ces aveux sans concession ont été appréciés par les victimes. Mais pour elles, la hiérarchie ne doit pas être exonérée, même si Vizioz a endossé le rôle de seul coupable sur l'aspect des munitions. Il a ainsi admis avoir conservé un chargeur utilisé quelques jours auparavant lors d'un exercice.


Des documents embarrassants sur la gestion des munitions

En fait, c'est l'autonomie dont bénéficiait le GCP - 20 soldats sur les 1.200 du RPIMa - qui est au centre du drame. En cause, une pratique ancienne de conserver des munitions en dépit des règlements et des notes de l'état-major. Des fouilles, organisées à la suite du drame, ont mis en évidence la présence des stocks illicites.
"C'était un volant de munitions pour les exercices et préparer les engagements", font valoir les anciens cadres, prenant l'exemple d'un essai d'armes juste avant de partir en opération.
"Ce n'était pas illicite", affirme Vizioz. Et d'expliquer qu'il était courant de soustraire des munitions après les entraînements, grâce à des faux documents: "Il arrivait qu'on annonce à l'armurier que toutes les munitions avaient été utilisées alors que ce n'était pas le cas".

Selon M. Bonningues, radié des cadres en 2010 et désormais ingénieur civil de la direction de l'armement, "la pratique était institutionnalisée partout" et beaucoup de monde savait. "Cela permettait d'échapper à la lourdeur administrative", confirme le lieutenant Allard.
Mais pour MM. Allard et Bonningues, ce stock non officiel n'a rien à voir avec l'accident. "Le chargeur de M. Vizioz contenait déjà des munitions réelles", insistent-ils.

Pour le président De Guardia, il est vrai que si M. Vizioz avait respecté la règle il n'y aurait pas eu d'accident. "On peut parler de laxisme", fait-il remarquer alors que les deux officiers déplorent avoir été "des types exceptionnels le lundi et bons à jeter aux chiens le mardi". "Exceptionnels, vous l'étiez sûrement", admet le président.

Le procès est prévu jusqu'à vendredi.
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