Deux familles toulousaines, dont des membres étaient suivis par la DGSI, ont loué deux camping-cars pour se rendre en Syrie. Les véhicules n'ont pas été ramenés. L'un d'eux a été loué à Montpellier selon la Dépêche du Midi qui révèle cette affaire, et devait être restitué le 2 mai.
Selon les informations de la Dépêche du Midi, deux familles, l'une de Toulouse, une autre de Portet-sur-Garonne, sous couvert de périple touristique en Europe, auraient été repérées en Syrie après avoir loué deux camping-cars, à Muret et Montpellier, ces derniers jours. Des membres de ces deux familles faisaient l'objet de surveillance par les services de la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). Ces véhicules tout équipés et grand confort à l'intérieur n'ont toujours pas été ramenés aux sociétés de location.
Le 23 avril, à Muret, près de Toulouse, un père de famille de 39 ans, loue un premier camping-car pour lui et ses deux enfants. Destination affichée : la Turquie. «Tous ses papiers étaient en règle et il devait restituer le véhicule le 2 mai à 10 heures», certifie la responsable de l'enseigne de location, entendue par les enquêteurs de la DGSI. Le camping-car loué et bénéficiant de toutes les options, n'est jamais réapparu. Ce père de famille, placé sous surveillance, aurait donc quitté le territoire. Un départ minutieusement préparé et qui ressemble fort à un exode définitif. «Sa maison a été vidée et ses affaires embarquées», ajoute une source proche de l'enquête.
À Montpellier, au même moment, un homme et une femme domiciliés quartier Reynerie à Toulouse, louent un modèle de camping-car identique. «Cet autre modèle ne se trouvait que dans notre seconde agence basée dans l'Hérault, c'est pourquoi ils ont été le louer là-bas», ajoute la présidente de l'agence de location. Sur le contrat établi en bonne et due forme par les deux familles, l'itinéraire précise : voyage en Turquie par l'Italie et la Grèce. A priori rien d'anormal. À Muret, une caution de plus de 3 000 € est déposée et le père de famille règle la facture en carte bancaire, soit 1 200 € pour 10 jours de location. L'homme, ancien dirigeant de société, ne lésine pas sur les moyens : il loue le top du camping-car, un véhicule suréquipé. Idem à Montpellier, où le couple de Toulousains dont la femme fait elle aussi l'objet d'une surveillance par la DGSI, s'équipe avec du haut de gamme.
L'alerte est donnée lorsque les deux véhicules censés être ramenés le 2 mai ne reviennent pas. Le signalement des clients indélicats parvient dans un premier à la gendarmerie où une plainte est déposée pour «non-restitution de véhicule.» La même procédure est engagée à Montpellier où le commissariat de police prend à son tour connaissance des mêmes faits. Les services de la DGSI prennent le relais car deux noms figurant sur les contrats de location sont connus des enquêteurs. En revanche, ces personnes ne feraient l'objet d'aucune mesure coercitive, judiciaire ou administrative, les obligeant à rester sur le territoire.
D'ordinaire, les candidats au jihad s'envolent vers la Turquie via Barcelone. «Depuis quelque temps, cet itinéraire est délaissé au profit d'autres trajets plus discrets pour ne pas attirer l'attention», explique un spécialiste des départs pour la Syrie. Reste à savoir quelles sont les motivations de ces familles désormais en possession de 2 camping-cars de luxe. À raison de 500 € de pénalités par jour de retard, l'argument financier reste un sérieux frein à un éventuel retour à Toulouse.