La LGV Montpellier-Perpignan "oubliée" des travaux prioritaires par Jean-Marc Ayrault

Jean-Marc Ayrault a dévoilé mardi un plan d'investissements pour les dix ans à venir qui recycle nombre de chantiers déjà engagés, mais ne sera doté que d'une enveloppe de 12 milliards d'euros. La ligne à grande vitesse Montpellier-Perpignan n'est même pas citée.


La liaison LGV Montpellier-Perpignan n'a pas été évoquée durant l'intervention du premier ministre.
Sa construction est donc reportée sine die, au moins au delà de 2030 voire 2040.



Décision surprenante quand on sait que cette portion, d'intérêt européen, permettrait de relier des lignes déjà décidées ou construites, Madrid-Barcelone-Perpignan et Montpellier-Lyon-Paris, vers Lille, Londres, Amsterdam, Bruxelles, l'Allemagne, la Suisse et l'Italie.



Rigueur budgétaire et arbitrages politiques

Alors que des voix ne cessent de s'élever dans la majorité pour réclamer moins de rigueur, le gouvernement veut ainsi montrer que la réduction du déficit ne constitue pas le seul horizon. "L'investissement public doit être ciblé, réfléchi, rigoureux", a résumé le chef du gouvernement à l'université Jussieu à Paris.
Ce plan d'investissements, demandé le 6 mai par François Hollande pour lancer l'an II du quinquennat, sera ainsi doté de 12 milliards d'euros pour les dix années qui viennent, a annoncé M. Ayrault.

Le Premier ministre a souhaité "placer ce programme sous le double emblème de la compétitivité et de la transition écologique", selon son entourage.
Son financement est ainsi conçu pour avoir un "impact minimal" sur la trajectoire de rétablissement des comptes publics.
Il sera en partie assuré par des ventes de participations de l'État dans des entreprises publiques. L'État a déjà cédé des parts dans l'équipementier aéronautique Safran et dans le groupe d'aéronautique et de défense EADS au cours des derniers mois.
Parmi ces 12 milliards, "la moitié" sera "consacrée" directement ou indirectement "à la transition écologique", a promis M. Ayrault. Une semaine après le limogeage de Delphine Batho et ses violentes critiques contre la ligne politique suivie,
le gouvernement peut donc afficher des ambitions écologiques intactes. 
M. Ayrault a ainsi annoncé la généralisation d'ici à 2020 du compteur électrique intelligent Linky qui permet notamment des économies d'énergie et des relevés à distance.

Renouvellement intégral des trains Intercités entre 2015 et 2025

Autre gros morceau de ce plan d'investissements d'avenir, les transports.
Le gouvernement a voulu rompre, selon Matignon, avec la "logique de grands projets pharaoniques sans le début d'un financement". "La logique est inverse, on part des besoins des territoires", a-t-on expliqué.
L'objectif est ainsi de concentrer les investissements sur le réseau déjà existant et sur les transports du quotidien. "Une ligne TGV à 12 milliards d'euros, c'est quatre fois le remplacement de tous les trains Corail de France", a-t-on relevé à Matignon.
"Les trains Intercités, qui maillent vraiment le territoire et qui facilitent la mobilité, seront intégralement renouvelés entre 2015 et 2025", a promis M. Ayrault.
L'État doit lancer dès cet été une première commande, "d'un minimum de 500 millions d'euros pour des trains neufs", a expliqué le chef du gouvernement. Ils doivent permettre d'assurer "un service plus efficace, plus confortable, plus accessible financièrement".
Un appel d'offres doit être lancé dès 2015 pour une deuxième tranche d'investissements, prévue à l'horizon 2018-2019, a précisé Matignon. Il doit permettre de renouveler les anciens trains Corail.

La grande vitesse à la peine

Pour les lignes à grande vitesse, le gouvernement maintient le lancement des travaux avant 2030 de la seule ligne Bordeaux-Toulouse.
Les autres LGV (Bordeaux-Hendaye, Paris-Orléans-Clermont-Lyon, Poitiers-Limoges, seconde phase de la LGV Rhin-Rhône...) sont renvoyées à l'après-2030.

La priorité sera aussi donnée à un certain nombre de grands "noeuds ferroviaires", destinés à désengorger de nombreuses gares, comme les gares de Lyon et Saint-Lazare à Paris, la Part-Dieu à Lyon ou Saint-Charles à Marseille.

Quelque deux milliards d'euros sont néanmoins provisionnés pour engager la construction de certaines LGV avant cette date, au cas où les lignes existantes arriveraient à saturation plus tôt que prévu.

"La France ne tourne pas du tout le dos à la grande vitesse", a maintenu Jean-Marc Ayrault, soulignant que les priorités en matière de mobilité seraient revues tous les cinq ans.

Réaction de Christian Bourquin, président du Languedoc-Roussillon

« Présentant cet après-midi ses orientations en matière d’investissements d’avenir, le Premier ministre a fait des déclarations concernant les infrastructures de transport qui sont positives au regard du projet de Ligne nouvelle entre Montpellier et Perpignan mais qui restent à confirmer.
Alors que le rapport Duron avait renvoyé en neuf lignes le projet du Languedoc-Roussillon à l’après 2030, Jean-Marc Ayrault n’a évoqué qu’une seule date, celle de 2017, précisant que jusque là, les études de tous les projets concernant la grande vitesse se poursuivront. Je me félicite d’autant d’une telle déclaration que la délégation que j’ai conduite le 2 juillet dernier au ministère des Transports avait justement plaidé pour que les études ne soient pas interrompues. Le calendrier de la LNMP est donc préservé et il est d’ailleurs prévu que les études en cours et l’enquête publique courent jusqu’en 2016-2017.
Le Premier ministre a par ailleurs indiqué que chaque projet serait évalué tous les cinq ans et j’ai eu confirmation qu’une instance de suivi spécifique sera mise en place pour chaque ligne, et donc pour Montpellier-Perpignan. Cette instance de suivi devra prendre en compte les différentes phases de notre projet et elle devra aussi intégrer les financements. La Région y sera particulièrement vigilante, au vu des engagements qu’elle a pris et des financements qui doivent être mobilisés au niveau européen.
Plus que jamais, je reste déterminé à faire valoir les atouts et les spécificités de la ligne Montpellier-Perpignan, un projet qui est déjà bien avancé et qui est d’envergure européenne et internationale. Notre motivation doit rester intacte et j’entends bien poursuivre le travail mené en lien avec tous les acteurs locaux concernés, au premier rang desquels les membres du comité de pilotage de la ligne. Je reste à la disposition du Premier ministre et du ministre des Transports pour continuer à travailler sur ce dossier majeur pour l’avenir du Languedoc-Roussillon, de la France et de l’Europe. »
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