Les représentations du ballet "Empty moves" d'Angelin Preljocaj ont été annulées, lundi et mardi soir, c'est la 3e soirée consécutive, au festival de Montpellier Danse, dont la scène a de nouveau été investie par des intermittents, avant même que les spectateurs ne puissent entrer dans la salle.
La 3e représentation, prévue mardi soir, a été annulée, en fin de journée par la direction du festival. "Il y a une radicalisation de certains", déclare anonymement un technicien de Montpellier Danse.
En revanche, "House" de Sharon Eyal et Gai Behar, ainsi que "Tout ordre perd finalement de sa terreur" de Homman Sharifi, ont été donnés.
A Montpellier Danse, on s'attend encore à des annulations impromptues dans les prochains jours. Cependant Jean-Paul Montanari n'envisage pas d'annuler le festival comme il l'avait fait en 2003. A l'époque, cette annulation avait fait tache d'huile. Avignon avait été annulé.
"Le ministère ne veut surtout pas que Montpellier Danse soit annulé. On nous appelle tous les jours. Il sait que si Montanari craque..." témoigne le directeur.
Montpellier Danse, c'est 150 intermittents par an et 8.000 heures de travail chaque année.
Lundi, sur 42 personnes sous contrat à Montpellier Danse, il y avait 6 grévistes. Il y en a 2 ce mardi.
Lors d'une conférence de presse, ce mardi matin, Jean-Paul Montanari récuse l'accusation de manipulation du vote du 22 juin et assure qu'il ne devrait pas y avoir d'annulation totale du festival. Il dénonce une "campagne ignominieuse" de la CGT spectacle contre lui.
Un conseil d'administration doit se réunir, jeudi, pour décider si le festival est maintenu jusqu'au 9 juillet ou non. La manifestation a déjà coûté autour de 400.000 euros. Sans billetterie pour cause d'annulation(s) des spectacles, Montpellier Danse 2014 serait définitivement annulé.
Bousculades, coups de gueule et agacements, lundi soir, devant l'Agora
D'après des témoins, la tension était perceptible, lundi soir, entre spectateurs déçus et intermittents du spectacle.
Lundi, 21h45, devant l'Agora, c'est l'attroupement devant la grille fermée. Les spectateurs qui attendent pour voir le ballet apprennent que des intermittents se sont introduits à l'intérieur et occupent la scène.
22h, des intermittents présents dehors prennent la parole pour annoncer, qu'en effet, ils occupent la scène et que le spectacle n'aura pas lieu. Ils commencent à expliquer leurs problèmes au public présent. S'ensuit une "discussion musclée" avec quelques spectateurs furieux et agressifs. Il y a beaucoup de personnes mécontentes mais calmes.
22h30 Jean-Paul Montanari, directeur du festival, ainsi que le président du festival et d'autres responsables sortent. Jean-Paul Montanari ne fait aucune déclaration et part, mais le président de Montpellier Danse reste pour discuter avec les spectateurs. Il explique son choix d'annuler la soirée : les intermittents occupant la scène, la seule solution était de faire intervenir la police, de "faire donner la troupe", selon ses propres termes. Ce qu'il a refusé catégoriquement. "On ne veut pas d'un festival où les spectateurs rentreraient entre deux rangées de CRS".
A la question du public, pourquoi ne pas laisser entrer les spectateurs dans l'Agora, il répond que cela aurait pu avoir comme conséquence des "bagarres" entre spectateurs et intermittents, car lundi soir, l'ambiance était beaucoup plus tendue que la veille.
Et à la question, "mais comment les intermittents ont-ils pu entrer ?", il répond : "ils ont refait les clefs, on l'a appris après".
Quelques cris "On nous prend en otage" se font entendre à l'intérieur car manifestement des intermittents employés par Montpellier Danse ne sont pas d'accord avec les grévistes, venus empêcher le spectacle.
23h, les intermittents grévistes sortent en silence et invite le public encore présent à venir discuter avec eux Place Albert 1er.
Le spectacle d'ouverture déjà annulé dimanche soir
Dimanche soir, soirée d'ouverture du festival, plusieurs dizaines d'intermittents, pour la plupart venus de l'extérieur du festival mais rejoints par quelques salariés de l'événement, avaient déjà investi la scène du ballet de Preljocaj avec des banderoles. "Empty moves", le spectacle d'ouverture, avait ainsi dû être annulé.
Dimanche après-midi, les personnels de Montpellier Danse, réunis en assemblée générale avaient décidé à une forte majorité de "privilégier d'autres moyens d'actions" que la grève (67 contre la grève, 39 pour, 11 votes blancs ou nuls).
Lundi après-midi, une assemblée générale a été organisée mais aucun vote n'a pu être organisé concernant la suite du mouvement.
D'un côté, la direction du festival a refusé le scrutin arguant que les intermittents n'avaient pas respecté le résultat du vote la veille. De l'autre, les intermittents ont reproché à la direction d'avoir "tout verrouillé" et de ne pas "respecter le droit de grève".
En réplique à la grève inattendue de dimanche, le festival a fait retirer lundi de l'Agora-Cité de la danse une banderole de soutien aux intermittents, se disant "solidaire du mouvement mais pas de la méthode".
Le festival Montpellier Danse avait été le premier grand festival annulé lors du grand conflit des intermittents en 2003.