Montpellier : le musée de l'histoire de France en Algérie n'ouvrira pas

Le maire de Montpellier l'a annoncé officiellement ce mercredi. Le projet de musée de l'histoire de France en Algérie, lancé en 2002, sera abandonné au profit d'un musée d'art contemporain. En cause, l'ampleur des travaux inachevés mais aussi un thème sujet à polémique depuis le départ.

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L'histoire de France en Algérie. Depuis le début, le projet initié par Georges Frêche pour l'hôtel Montcalm crée des remous... Certains y voyaient la nostalgie de l'histoire coloniale française, voire même un cadeau fait à la communauté des rapatriés.

Un projet contesté

Le permis de construire est accordé en 2009 après des années de tergiversations. Dès 2003, les élus verts et communistes refusent un musée qui serait à la gloire du colonialisme. Puis c'est le conseil scientifique du musée qui démissionne en 2005. Enfin c'est Hélène Mandroux qui se désengage du projet en tant que maire de Montpellier. Georges Frêche décide alors que c'est l'Agglo qui mènera le projet à bien.  Les travaux débutent. Mais sans être abandonné, sous la présidence de l'Agglo montpelliéraine par Jean-Pierre Moure, le projet ne cesse d'accumuler des retards. En cause, des travaux supplémentaires, le décès du directeur du comité scientifique du musée puis la demande de label "Musée de France". 

En 2012, une marche antiraciste est organisée par deux collectifs pour relayer l'inquiétude de la communauté algérienne de Montpellier.  Quel sera l'histoire relatée par ce musée? Va-t-il créer de nouvelles tensions ou respecter toutes les histoires: celle des harkis, des pieds-noirs, mais aussi celle des Algériens ayant combattu la présence française?  A ce moment-là, Jean-Pierre Moure déclare que " l'idée du musée se poursuit de façon objective avec tous les éléments historiques". Une façon de ne pas désavouer le projet " frêchien".

Les candidats aux dernières élections municipales divisés

Sur la liste de Jean-Pierre Moure, Monique Sérot Chaïbi, membre de l'association "coup de soleil" qui rassemble des originaires du Maghreb, soutient le projet en s'appuyant sur le sérieux du comité scientifique qu'elle juge impartiale.

Pour la candidate du Front de Gauche en revanche, Muriel Réssiguier, " la démarche reste ambigue et ne se détache pas des valeurs coloniales"

Quant au candidat UMP, Jacques Domergue, il s'engage à ouvrir le musée s'il est élu, s'appuyant sur l'importance de la communauté rapatriée d'Algérie à Montpellier, quelques 42 000 membres.

Enfin Philippe Saurel apparaît alors mitigé sur ce dossier. « si le projet évoque les bons côtés et les mauvais, ça peut être intéressant, mais si c’est dans une logique unique alors ça pose problème » explique alors le dissident socialiste.  Tout en rappelant qu’« il s’agit d’argent public et donc qu’il faut être extrêmement vigilant..."  22 millions d’euros sont en effet prévus à la réalisation du musée.

Le projet finalement désavoué



Depuis son élection, Philippe Saurel a donc affiné son analyse... pour finalement remettre en cause l'ouverture du musée prévue fin 2014. Nul doute que le maire de Montpellier justifiera sa décision par le coût des travaux. Car il semblerait que non seulement ils sont loin d'être achevés, mais le financement n'aurait pas été abondé.  Philippe Saurel a annoncé ce mercredi après-midi lors d'une conférence de presse le choix d'un projet alternatif : un nouveau lieu d'art contemporain. Le thème est nettement moins polémique... mais l'annulation du musée de l'histoire de France en Algérie ne manquera pas d'exaspérer la communauté des rapatriés. Quant aux autres élus de l'Agglo, ils pourraient eux-aussi se sentir exclus car il semble que le président de l'Agglo a annoncé à la presse la remise en cause du projet de musée de l'histoire française en Algérie avant d'en débattre en conseil d'agglomération.

Quant au musée de l'Histoire de la France en Algérie, Philippe Saurel a dit avoir des contacts avec d'autres villes ayant accueilli des pieds-noirs pour l'abriter, notamment Marseille et Perpignan. Autre solution, il pourrait l'installer dans un autre endroit à Montpellier, notamment sur un terrain que la ville a acheté à l'armée et où se trouve déjà le musée de l'infanterie.
Deux millions d'euros ont déjà été investis pour acquérir des collections pour le futur musée, a indiqué M. Saurel, ajoutant que, sinon, les acquisitions seront revendues.

Emilien Jubineau et Cédric Métairon ont suivi la visite de presse.

Le chantier de ce musée de l'Histoire de la France en Algérie (1830-1962), installé dans l'Hôtel Montcalm, à côté de la gare de Montpellier, a débuté en juin 2010 pour une durée de 18 mois. Mais les travaux, qui ont déjà englouti quelque 10 millions d'euros sur les 20 M prévus, ont pris du retard et ne s'achèveront pas avant deux ans.
"Nous sommes à une phase encore réversible du projet. Un changement de destination ne fera pas gonfler la facture", a fait valoir M. Saurel lors d'une visite de presse, déplorant aussi que les ministres de la culture, Frédéric Mitterrand puis Aurélie Filippetti, n'aient accédé à une demande d'appellation "musée de France" pour ce projet de musée d'histoire.
Pour le nouveau maire, qui avait inscrit la création d'un musée d'art contemporain dans son programme électoral, il ne s'agit pas de faire de la ville un futur acquéreur de collections contemporaines. Il envisage plutôt de passer une convention avec le FRAC (Fonds régional d'art contemporain), d'entreprendre une collaboration avec Pierre Soulages, déjà grand fournisseur du Musée Fabre, et de trouver un accord avec le Centre Pompidou à Paris.

Montpellier avait entamé des discussions il y a douze ans avec Beaubourg, avant la création de son émanation à Metz. "Nous pouvons reprendre les négociations restées en jachère", a affirmé M. Saurel qui ira aussi rencontrer Pierre Soulages lors de l'inauguration de son musée, le 24 mai à Rodez. "Montpellier a besoin de répondre à l'art contemporain", a affirmé le maire.
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