"C'est ma maison (...), j'ai sué pour la gagner". Tout en évoquant ses "regrets" et sa panique au moment des faits, René Galinier, 78 ans, jugé pour avoir grièvement blessé en 2010 deux jeunes cambrioleuses roms, a évoqué mercredi, au premier jour du procès, sa volonté de "défendre" son bien.
"Je regrette ce qui est arrivé. J'ai pas eu de chance. Ça aurait pu arriver chez ma voisine et, malheureusement, c'est arrivé chez moi", a déclaré René Galinier au premier jour de son procès pour tentative de meurtre devant les assises de l'Hérault.
"Votre maison vaut-elle des vies humaines ?" lui a demandé Philippe Desruelles, avocat de la partie civile.
C'est ma maison, mon bien. J'ai sué pour la gagner. Je la défends contre les voleurs (...). C'est pour ça que je dis que si on touche à ma maison, on touche à mon coeur", a rétorqué René Galinier.
Pour le psychiatre, cet homme a bien eu "peur pour sa maison, pour ses biens", alors qu'il a déjà été victime de deux cambriolages ou de dégradations, comme ses voisins.
C'est un homme simple, spontané, envahi par une peur panique qu'on le ligote et le torture", a diagnostiqué le psychiatre Ahmad Sulaiman. "On est visiblement en présence d'un sujet en situation de panique", a corroboré le psychologue Bruno Manfrédi.
Depuis le début de l'affaire, René Galinier, défendu notamment par Gilbert Collard, par ailleurs député du Gard et secrétaire général du Rassemblement bleu marine, plaide la panique, une version contestée par les parties civiles, qui le qualifient de "chasseur".
Il m'a regardée. Je lui ai dit : Ne fais pas ça. Mais il a tiré quand même", a affirmé l'une des victimes, Marina Petrovic, 25 ans, avant l'ouverture de l'audience.
"Je cherchais l'aumône", a déclaré la jeune femme, reconnaissant que si elle voulait de la nourriture, elle était prête avec sa cousine à voler aussi "des vêtements et des bijoux". "Mais j'aurais préféré prendre cinq ans de prison, puis vivre normalement plutôt que de souffrir", a-t-elle assuré, indiquant qu'elle voulait maintenant "être dédommagée" car elle ne peut "plus travailler".
Un élan de solidarité pour René Galinier - 16.000 lettres et 14.000 courriels de soutien
Polo rayé bleu et blanc sur pantalon bleu, les cheveux gris légèrement en bataille, René Galinier, ancien conducteur d'engins de chantier et de camions, comparaît libre pour tentatives de meurtre. Incarcéré après les faits, il a effectué 68 jours de détention provisoire et encourt 30 ans de réclusion criminelle.
Souffrant d'une importante surdité depuis 20 ans, M. Galinier a éprouvé les pires difficultés à comprendre les questions posées par le président Régis Cayrol. Il est néanmoins parvenu à conter une vie sans histoire jusqu'aux faits.
"J'ai fait mon service militaire comme tout le monde --en Algérie pour faire des ponts, des routes--, je me suis marié, j'ai eu un fils et malheureusement je me retrouve là", a-t-il relaté, assurant avoir reçu quelque 16.000 lettres et 14.000 courriels de soutien depuis les faits qui lui sont reprochés, dont certains des États-Unis, de Chine ou d'Australie.
Le 5 août 2010, à Nissan-lez-Ensérune, près de Béziers
René Galinier a, selon ses dires, été réveillé de sa sieste par le bruit d'une sonnette.
S'apercevant qu'il était victime d'un cambriolage, il a téléphoné aux pompiers à 17H23, leur demandant d'alerter au plus vite la police.
Armé de son fusil, il a ensuite tiré sur chacune des deux jeunes filles âgées de 20 ans et 11 ans, surprises en train de fouiller les commodes dans deux chambres contiguës de sa maison. Il a rappelé les pompiers à 17H26 pour les informer de son geste.
Deux hommes et quatre femmes, plus deux jurés supplémentaires, ont été tirés au sort pour former le jury, dont le verdict est attendu vendredi.