Procès Galinier : un septuagénaire jugé à Montpellier pour avoir blessé 2 cambrioleuses roms

Un septuagénaire comparaît à partir de ce mercredi matin devant la cour d'assises de l'Hérault pour 2 tentatives d'homicide volontaire. Il a reconnu avoir grièvement blessé, de deux coups de fusil, deux jeunes cambrioleuses roms, dont l'une de 11 ans, en août 2010, à son domicile, près de Béziers.

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Le procès aux Assises de Montpellier est prévu jusqu'à vendredi. L'accusé encourt 30 ans de réclusion criminelle.
Les avocats misent sur un procès de la propriété privée, de la légitime défense et aussi de la misère voire du racisme.

2 cambrioleuses roms blessées à coups de fusil à Nissan-lez-Ensérune, près de Béziers

Le 5 août 2010, René Galinier, 73 ans à l'époque, raconte avoir été réveillé de sa sieste par le bruit d'une sonnette. S'apercevant qu'il est victime d'un cambriolage, il téléphone aux pompiers à 17h23, leur demandant d'alerter au plus vite la police. Armé de son fusil, le retraité tire sur deux jeunes filles, l'une de 20 ans, la seconde de 11 ans, en train de fouiller les commodes dans deux chambres de sa maison, et rappelle les pompiers à 17h26.

Depuis cet ancien chauffeur de bus se défend d'avoir voulu tuer et explique son geste par la panique. Il assure qu'il ne savait pas s'il était en présences d'hommes ou de femmes même s'il parle de femmes aux secours. Il affirme avoir fait des sommations en criant "haut les mains".

Pour l'accusation, l'intention d'homicides de René Galinier découle notamment de sa connaissance des armes et de ses tirs peu de temps après avoir alerté les secours, alors qu'il aurait pu quitter les lieux. En outre, la légitime défense, initialement soulevée par la défense, a été écartée car aucun élément n'a démontré une attitude agressive des cambrioleuses.

C'est le dossier de la légitime peur. Cet homme, qui regrette ce qu'il a fait, a été débordé", plaide l'un des avocats de l'accusé, Me Gilbert Collard, par ailleurs député du Gard et secrétaire général du Rassemblement bleu marine.



"Légitime peur" pour la défense ou instinct de "chasseur" pour les parties civiles

Niant "l'état de panique", Me Silvio Rossi-Arnaud, défenseur de la plus jeune victime qui aura des séquelles à vie, estime au contraire que René Galinier s'est comporté "en chasseur". "Il les a laissées rentrer et leur a tiré dessus à bout portant", souligne-t-il.

Les jeunes filles, deux cousines, ont avoué être des cambrioleuses, par nécessité de se nourrir, selon l'aînée. Sur les faits, leurs versions ne discordent pas.
A une exception: la plus âgée certifie qu'on lui a asséné un coup de crosse sur la tête et mis le canon de l'arme dans la bouche.

2 mois de prison qui ont fait débat en France


L'incarcération de René Galinier avait suscité de nombreuses réactions politiques, au FN et à l'UMP, son secrétaire général de l'époque Xavier Bertrand se déclarant "choqué". M. Galinier avait recouvré la liberté sous contrôle judiciaire le  13 octobre 2010.

Au terme de l'instruction, la reconnaissance d'un crime lié à l'appartenance ethnique des victimes n'a pas été retenue par le magistrat instructeur. Rien n'accrédite cette thèse avant ou après les faits, a-t-il relevé dans son ordonnance, même s'il constate que René Galinier a tenu lors de ses auditions des propos à connotation raciste.

Me Gilbert Collard nie l'idée d'un quelconque racisme. "Elles auraient été belges, c'est la même chose. Mettre en avant que ce sont des Roms, c'est faire du racisme par anticipation", fait valoir Me Collard, constatant que "la peur n'a pas d'état-civil".


Reportage F3

 

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