La rectrice demande "plus de sérénité" à la fac de lettres et confirme la pérennité de l'antenne de Béziers

La rectrice de l'académie de Montpellier a réaffirmé, vendredi, que l'antenne de l'université de Montpellier 3, à Béziers, ne fermerait pas, s'interrogeant sur les intentions de la présidente de l'établissement qui persiste à affirmer que l'Etat ne fait rien pour s'opposer à une fermeture.


Le conseil d'administration de l'UM3 déplore un déficit chronique de 3 millions d'euros annuels et envisage de nombreuses mesures d'économies, parmi lesquelles la fermeture de son antenne biterroise, qui concernerait 700 étudiants dès la rentrée prochaine.

"J'ai fait il y a plusieurs jours des propositions à (la présidente) Mme Fraïsse pour qu'on travaille sur l'offre de formation qui existe à Béziers et sur celle qui n'existe pas. Il y a un potentiel de 2.000 étudiants", a affirmé, ce vendredi, la rectrice, Armande Le Pellec-Muller, lors d'une conférence de presse, précisant qu'elle "attend la réponse" d'Anne Fraïsse, la présidente de l'UM3.


Dans un document adressé à la communauté universitaire, Mme Fraïsse écrit que "la ministre Fioraso ne souhaite pas soutenir Béziers". Dans ce texte, elle accuse la ministre de l'Enseignement supérieur Geneviève Fioraso de maquiller, "par des mensonges, y compris devant l'Assemblée nationale, sa décision de ne rien faire pour sauver Béziers".

"Mon interrogation, c'est de savoir s'il n'y a pas une tentation de transformer une situation budgétaire délicate en une crise politique dans laquelle on personnalise. Si c'est cela, ce n'est pas la bonne manière", a répondu, vendredi, Mme Le Pellec-Muller.


"Des pistes et des perspectives ont été présentées à la présidente", a-t-elle fait valoir, relevant que l'UM3 est dans une situation certes "délicate" mais moins grave que d'autres universités françaises.
"La solution d'accompagnement pour l'UM3 est la même que pour toutes les universités françaises", a-t-elle ajouté, indiquant qu'"un audit complet" de la situation financière sera réalisé entre décembre et mars.

Pour le recteur, il n'y a pas d'inquiétude à avoir sur "un retour progressif à l'équilibre des finances sur une période de deux ans" à Montpellier car il y aura "une réponse de l'État à la hauteur de la situation".

Le courrier de la présidente de l'université à la communauté universitaire (22 novembre 2013)

Hier se tenait à Paris la session plénière de la conférence des présidents d’université. A l’approche des votes sur le budget 2014, la situation se tend dans plusieurs établissements.

Si je ne parlerai pas encore « d’avancées », je dirai tout de même que les discussions entre les présidents et le ministère vont dans le bon sens.

Deux  mesures sont en débat : la compensation partielle du GVT en 2013 (glissement vieillesse technicité) qui pèse sur la masse salariale et explique largement les difficultés financières des universités et la compensation partielle de l’exonération des droits d’inscription pour les étudiants boursiers.

Cette mesure que je réclame depuis longtemps est de simple logique. Quand l’État prévoit un tarif « social » de l’électricité, il compense à EDF le différentiel entre le tarif « normal » et le tarif « social » mais quand l'état demande aux universités d'exonérer les boursiers, il ne leur rembourse pas les frais d'inscription. Il n’y a donc que pour les universités que l’État prend des mesures et ne les finance pas. Pour la première fois, le ministère a évoqué hier la création d’une enveloppe budgétaire spécifique pour cette compensation ; c’est un premier pas qui constituerait une étape importante pour notre université qui compte 42% de boursiers (chiffre SISE) et 62% à Béziers.

Dans le même temps je ne peux que regretter la lenteur avec laquelle le ministère avance sur ces propositions. Je ne peux également que constater avec regret que les universités ne sont pas la priorité de la majorité parlementaire lorsque j’apprends que la commission des finances du Sénat a décidé d’augmenter la dotation des établissements d’enseignement supérieur privés pour « réduire la portée de l’effort » qui leur est demandé…

Certes on s’en félicitera pour les quelques dizaines de milliers d’étudiants qui en bénéficieront ; je regrette que l’équivalent ne soit pas fait pour les centaines de milliers d’étudiants de l’enseignement public pour qui, en revanche, les crédits baisseront. En période de difficultés budgétaires il y a des choix à faire ; les miens vont au service public, pas ceux de la majorité parlementaire.

Je regrette également que parmi les mesures proposées, le ministère ait refusé de répondre à la problématique des antennes universitaires et, en particulier du site de Béziers. Il y a pourtant là aussi une mesure simple de justice. Le « modèle SYMPA » prévoit une majoration des financements pour les « petites » universités qui accueillent moins de 10.000 étudiants. Cette majoration est justifiée par les coûts incompressibles de toute université. La justice voudrait que les antennes bénéficient de la même disposition puisqu’elles ont les mêmes coûts incompressibles. Cela favoriserait une politique de maillage territorial de l’enseignement supérieur public et répondrait aux difficultés que nous connaissons actuellement.

Toutes ces questions inquiètent et mobilisent légitimement notre communauté universitaire mais je ne peux que déplorer que, sur le campus de la route de Mende, certains aient mis en place un blocage qui a une nouvelle fois vidé l’université de ses étudiants. Cette forme de contestation ne mobilise personne et exaspère chacun, étudiants et personnels. Il est temps que les étudiants qui veulent vraiment faire avancer la cause des universités LLASHS renoncent à une stratégie qui aboutit finalement à ce dont rêvent beaucoup de gens au ministère : la fin des enseignements en LLASHS. Les solutions aux difficultés que rencontre notre université ne trouveront d'issue favorable que dans la naissance d'un large mouvement d'opinion et une reconsidération de la politique ministérielle à l'égard des universités LLASHS qui toutes, publiquement ou en silence, sont sur le chemin de la faillite.

L’université est un lieu de dialogue et d’échange, qui vit par et pour les étudiants et c’est cette mission que je défends et continuerais de défendre.

Anne Fraïsse
Présidente de l'Université Paul-Valéry Montpellier 3
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