Eric Boucher, un quinquagénaire comparaît pour meurtre aggravé. En novembre 2016, lors d'un cambriolage qui a mal tourné, il a tué la lingère d'un ehpad de plusieurs coups de couteau à Montferrier-le-Lez près de Montpellier. Le 1er jour de son procès était consacré à l'examen de sa personnalité.
Un mètre 80, cheveux poivre et sel coupés courts, polo gris, allure athlétique. L’accusé Eric Boucher répond d’une voix calme aux questions du président qui veut sonder sa personnalité. Un calme qui tranche avec le déchaînement de violence dont il a fait preuve en tuant Catherine Segaud de plusieurs coups de couteau ce 24 novembre 2016 à Montferrier-sur-Lez, alors qu’il venait cambrioler l’ehpad abritant des personnes âgées de missions africaines qui l’avait employé quelque temps auparavant.
« Je suis incapable de donner les raisons de mes actes. Je sais que j’ai ôté une vie que j’en ai gâché une autre, je sais ce que j’encours et je l’accepte, je parle pour les victimes. J’ai du mal à vivre, je me déteste . Si je me suis rendu après les faits, c’est parce que j’étais perdu», dira en préambule l’accusé.Je suis incapable de donner les raisons de mes actes. Je sais que j’ai ôté une vie que j’en ai gâché une autre
Il détaillera ensuite sa vie entre ses demi-sœurs, un père alcoolique et violent qui « lui mettait des tartes en rentrant du bar » et dont sa mère divorcera quand il aura 5 ans.
Le gamin discret replié sur lui-même , n’aura dans son enfance de marques d’affection que de la part de sa grand-mère paternelle.
L’accusé se décrit ensuite comme « un papa présent pour ses deux enfants, et qui a fait le choix d’être en congé parental pour les élever ». Ses deux enfants ont coupé les liens avec leur père depuis l’affaire.
La spirale de l’échec
Le parcours professionnel d’Eric Boucher est une suite d’échecs. Echec au CAP de mécanique. Echec de son engagement dans un service militaire long : intégré dans un commando de parachutistes de l’Armée de l’air, il devra renoncer à partir en mission au Tchad à cause de problèmes dentaires.Démissions
Il n’a eu que deux emplois en CDI dans sa vie « même quand vous avez un emploi stable vous démissionnez. En détention vous avez un emploi de contremaître, et vous démissionnez... », soupire le président de la cour d’assises Régis Cayrol.Il démissionne des Chênes verts, l’établissement qu’il a attaqué, suite à un accident de moto-cross et même si à la barre il s’en défend, il accuse la directrice du centre d’avoir aggravé sa situation financière en refusant de le reconnaître en accident du travail.
L’accusé et sa femme sont alors en situation de surendettement.
« -Vous décidez alors que la solution à vos problèmes, c’est le cambriolage ?, interroge le président.Vous décidez alors que la solution à vos problèmes, c’est le cambriolage
-Oui, répond l’accusé
« J’ai l’impression que vous êtes un peu comme Gribouille, ce personnage de la littérature qui se jette à l’eau quand il pleut », lance encore le président.
Du virtuel au réel
L’accusé ressemble quelque part à un grand enfant, fan de moto cross, de jeu video et de jeux de rôles pour adultes qui s’amusent avec des armes factices Airsoft reproductions parfaites d’armes de guerre.Lorsqu’il attaque l’ehpad, l’accusé est porteur de ces armes. Le couteau qui a servi a tuer la pauvre lingère est bien réel en revanche et avait été acheté quelque temps auparavant. Pour les avocats des victimes, l’accusé qui portait une cagoule avait parfaitement préparé ce cambriolage et n’excluait pas d’en découdre.
Parfaitement préparé
Se levant, pour la partie civile Me Jacques Martin (qui défend le père et le fils de la victime) s’énerve :« Je veux que l’on revienne au réel. Lorsque Mr Boucher frappe, il saît que ses coups seront mortels. Il vole le portable de la victime pour ne pas qu’elle puisse appeler les secours et la laissera agoniser ».
L’audience se poursuit jusqu’à la semaine prochaine. Le verdict est attendu mardi 17 septembre.