Quinze personnes se sont réunies ce vendredi 17 novembre 2023 pour célébrer les cinq ans du mouvement des Gilets jaunes aux Prés d'Arènes. L'occasion pour les derniers activistes du mouvement à Montpellier, de rappeler qu'ils "sont toujours là" et que leur lutte contre les inégalités continue malgré des effectifs réduits.
Au milieu du rond-point des Prés d'Arènes, à Montpellier, une quinzaine de Gilets jaunes plaisante et ressasse leurs souvenirs autour d'un gâteau d'anniversaire. Sur le moelleux au chocolat : cinq bougies, jaunes évidemment.
Cinq bougies pour célébrer les cinq années qui se sont écoulées depuis la création du mouvement social, le 17 novembre 2018. Un anniversaire que la poignée de Gilets jaunes encore actifs à Montpellier a souhaité immortaliser ce vendredi 17 novembre 2023, sous le regard et le klaxon mi-solidaire mi-amusé des automobilistes.
Anciens et nouveaux militants rassemblés
Lors des préparatifs de l'évènement, les organisateurs ont pris le temps de ressortir quelques photos. Un poil nostalgique des grands rassemblements d'il y a cinq ans, Richard Abauzit, Gilet jaune et retraité, fait le bilan : "On ne tire pas de gloire d'avoir duré aussi longtemps, mais une satisfaction du point de vue humain."
Pour cet habitué des mouvements sociaux, les Gilets jaunes ont avant tout été une "aventure" dont il n'avait jamais vécu l'équivalent en termes de "cohésion et de chaleur humaine".
Face à Richard, Daniel feuillette les albums. Contrairement à son acolyte syndiqué pendant près de 60 ans, Daniel n'avait jamais manifesté... Jusqu'à ce premier jour sur un rond-point. "La foule faisait masse, on s’attendait pas à ça, je me souviens d’un énorme camion qui klaxonnait. C’était quelque chose qui échappait au commun, des choses qu’on avait jamais vu quoi…", il marque une pause. "On n'arrive pas à rendre toute la complexité de ce mouvement."
"Des gens qui étaient invisibles, qui n'avaient jamais milité, sont sortis pas dizaines de milliers. C'était un tournant, un marqueur."
Richard Abauzit, Gilet jaune et retraité
Richard, lui, parvient à poser quelques mots sur ce qu'ont représenté les grandes heures des Gilets jaunes : "des gens qui étaient invisibles, qui n'avaient jamais milité, sont sortis pas dizaines de milliers. C'était un tournant, un marqueur. On espère que ça finira par submerger tout le monde."
"Un jour la cocotte va exploser"
Aujourd'hui, sur le rond-point où se rassemblaient parfois jusqu'à 300 manifestants, les Gilets jaunes de Montpellier ne sont plus que quinze. Un noyau dur d'irréductibles qui se rassemble toujours deux fois par semaine aux Prés d'Arènes. "Après cinq ans, certains disent que de toute façon on n'a pas gagné, alors ils ne continuent pas. Et puis il y a ceux, comme nous, qui disent qu'on n'a pas perdu... Alors on continue", moralise Richard Abauzit. "On ne sait pas quand ça va repartir, mais surtout il ne faut pas lâcher sinon c'est trop désespérant."
Les Gilets jaunes des Prés d’Arènes ont participé à toutes les luttes sociales qui ont marqué la France ces dernières années, de la retraite à points au passeport vaccinal en passant bien sûr par la retraite à 64 ans. "Un jour la cocotte va exploser." Danielle fait partie des Gilets jaunes depuis le premier jour. Cette ancienne femme de ménage espère que le mouvement retrouve le même souffle qu'avant, dans un contexte où les inégalités continuent de grandir. "Il y a de plus en plus de gens qui ont faim, qui ont des crédits, qui ont des fins de mois difficiles, et au niveau de l'écologie ça ne va pas du tout non plus."
"Il y a de plus en plus de gens qui ont faim, qui ont des crédits, qui ont des fins de mois difficiles, et au niveau de l'écologie ça ne va pas du tout non plus."
Danielle, Gilet jaune et ancienne femme de ménage
Même si le groupe du rond-point des Prés d'Arènes a sévèrement rétréci, pour Danielle, ce qui compte c'est avant tout le symbole : "ça donne un sens à notre combat, d’être un groupe, même si on n’est pas nombreux… On est là… On est toujours là."