La phobie scolaire, ou refus scolaire anxieux, touche de plus en plus de jeunes et peut aller jusqu’à la déscolarisation. Une unité spécialisée a été mise en place au CHU de Montpellier pour aider ces enfants à retrouver le chemin de l'école.
Kalista, aujourd’hui en classe de seconde, a vécu une véritable descente aux enfers à partir de la quatrième.
"Quand j'allais à l'école, j'étais tout le temps très stressée. Je rongeais mes ongles et je ne comprenais pas pourquoi. J'avais beaucoup d'histoires avec les autres et j'ai commencé à avoir très peur d'aller à l'école. Mes notes ont commencé à baisser. Les professeurs ont eu moins d'estime pour moi", témoigne l'adolescente.
Malade
En classe de troisième la situation empire, impossible pour elle d’aller à l’école. "C'étaient des pleurs, du stress, de l'eczéma, des maux de ventre. Je vomissais."
Le médecin m'avait prescrit des anti dépresseurs mais ça ne marchait pas vraiment. Et donc c'était vraiment compliqué.
KallistaElève de seconde, atteinte de phobie scolaire
Pour vaincre sa peur, Kalista change d’établissement pour l'école internationale Antonia à Montpellier. Dans celui-ci un dispositif spécial a été mis en place, il accueille cette année six enfants. Ils viennent ici une fois par semaine.
"La plupart des élèves que l'on reçoit ont du mal a gérer leurs émotions. Des émotions sédimentées, accumulées dont ils ne savent pas quoi faire. Tout le travail qui est effectué ici consiste à aider ces enfants à laisser sortir ces émotions. Qu'ils ne sont pas que ces émotions, mais seulement eux", précise Nathalie Will, directrice de l'école internationale Antonia.
Unité hospitalière contre la phobie de l'école
Les établissements scolaires proposant un accueil spécifique sont rares. Le CHU de Montpellier a mis en place une unité du refus scolaire anxieux pour les adolescents.
Elle accueille au maximum cinq adolescents par classe, pour deux heures de cours en présentiel par jour, pendant un an.
La particularité majeure au départ, c'est vraiment de trouver une posture d'élève.
Mera Nasri-GrognetProfesseur des écoles dans l' Unité du refus scolaire anxieux
Souvent ces élèves-là ont été absents durant des semaines voire des mois et quand ils reviennent dans ce dispositif, ils doivent réapprendre à être élèves. Avoir une posture, se remettre au travail, accepter le regard de l'autre et retrouver la confiance en soi et établir une méthodologie, ce qui est très important pour ces élèves", ajoute Mera Nasri-Grognet, professeur des écoles dans l'Unité du refus scolaire anxieux .
Le refus de scolarité est un symptôme d’une anxiété très importante qu’il faut donc entendre et accompagner.
Quand un jeune n'arrive plus à aller à l'école ou commence à avoir des difficultés pour y aller, ce n'est pas forcément un caprice ou de la flemme mais peut-être car il est trop anxieux.
Hélène DenisPédopsychiatre, responsable de l'Unité du refus scolaire anxieux
Le fait d'engager la conversation sur ces choses honteuses en leur demandant "est-ce que tu veux qu'on en discute ?" est une façon d'aborder les chose qui peut être intéressante", conclut Hélène Denis, pédopsychiatre, et responsable de l'Unité du refus scolaire anxieux.
L’anxiété est le mal du siècle. On estime qu'en France, un élève sur cinq est anxieux par rapport à l'école et la "phobie scolaire" touche environ 1 à 2 % des enfants scolarisés. Heureusement, bien accompagnés, les élèves peuvent retrouver le chemin de l’école.
Ecrit avec Thierry Will