60 ans que la vente à perte est interdite en France. L'annonce du gouvernement d'une exception sur les carburants, après des mois d’inflation record, divise les automobilistes et inquiète les pompistes indépendants. 161 stations dans l'Hérault
"C’est très bien, au moins ça fera jouer la concurrence sur l’ensemble des stations." "Si on arrivait à repasser comme on voit en Espagne à 1 euros 5, ce serait déjà un bel effort." À la pompe, certains automobilistes apprécient la nouvelle tombée dimanche.
Alléger la facture pour les automobilistes, mais à quel prix ? Hors de question pour l’État de remettre la main à la poche, après la politique des chèques et des remises à la pompe : 12 milliards d’euros en 2022. "C’est encore une histoire du gouvernement pour pas alléger les taxes." "Ça va enlever du travail aux petits pompistes non ?"
Les géants... et les indépendants
Aux distributeurs de faire un geste, mais seuls les géants comme Total et la grande distribution pourront se permettre de vendre à perte.
Dans le village de Boisseron, au nord-est de Montpellier, le gérant d'une petite station indépendante attend de voir comment se comporteront ses concurrents. "J’ai eu des écart de 10 à 15 centimes avec eux, ca changera pas grand chose, après s’il y a 30 ou 40 centimes, ce sera différent", explique Lionel Have, le gérant d'un garage et d'une station-service.
L'inquiétude est la même chez le dernier pompiste indépendant de Montpellier. 43 ans qu’il fait face à la grande distribution et à ses tarifs agressifs. Il attend désormais la feuille de route du gouvernement.
Les gens ne vont plus venir chez nous ou très peu.
Serge Martinez, dernier pompiste indépendant de Montpellier
"Les gens ne vont plus venir chez nous ou très peu, s'inquiète Serge Martinez, gérant de la dernière station-service indépendante de la capitale de l'Hérault. Moi je veux bien le vendre à prix coûtant, dans la mesure où l’état nous rembourse notre marge, mais s'il ne nous rembourse pas, il est hors de question de faire prix coûtant et encore moins de vendre à perte ça c’est sûr."
Le projet de loi sera débattu au mois d'octobre à l’assemblée nationale pour une application début décembre. Les distributeurs pourront alors vendre à perte du carburant pendant six mois.