L'Hérault a élu 3 députés LREM, 3 députés NUPES-LFI et 3 députés RN ou soutenus par le RN. On est loin de la configuration sortante avec 7 LREM, une LFI et une FN. Cet écroulement de la majorité présidentielle favorise le RN qui progresse partout et LFI qui s'impose à Montpellier.
5 femmes et 4 hommes représenteront désormais l'Hérault à l'Assemblée nationale.
3 des 9 députés de cette nouvelle mandature sont des parlementaires sortants. Patricia Mirallès (1ère circonscription) et Patrick Vignal (9e) pour LREM et Emmanuelle Ménard (6e).
Il y a donc 6 nouveaux députés.
Les résultats par circonscription
Pour connaître en direct, le nom de votre député pour les 5 ans à venir et les résultats sur votre circonscription, nous vous proposons cette carte interactive Franceinfo.
Tous les résultats des Législatives 2022 en Occitanie.
4e circonscription : Lodève - Sébastien Rome NUPES-LFI élu avec 674 voix d'avance
Enseignant attaché à la laïcité, fils d'ouvriers élevé dans le Gard et passionné de jazz, Sébastien Rome est le nouveau député de l'alliance entre la gauche et les écologistes (Nupes) dans la 4e circonscription de l'Hérault.
Membre de La France Insoumise (LFI), investi dans un vaste territoire de 99 communes situé entre la lagune de Thau et le nord Hérault, il a battu de justesse, avec 50,65% des voix, la candidate du Rassemblement national, Manon Bouquin.
A 43 ans, ce père de deux filles de 13 et 16 ans est directeur d'école à Lodève, dont il a été adjoint au maire chargé de la politique de la ville de 2014 à 2020. Il est né le 12 octobre 1978 d'un père travaillant à la Verrerie de Perrier à Vergèze, dans le Gard, et d'une mère salariée à la Société du Coton du Midi de Sommières.
Il a grandi dans le village de Junas, toujours dans le Gard, où il a participé à la création du festival "Jazz à Junas", dont il est encore l'un des piliers.
Enseignant et directeur d'école, Sébastien Rome a participé en 2009 au mouvement des "désobéisseurs" qui avait vu des centaines de professeurs s'opposer à des réformes du primaire jugées, entre autres, attentatoires à la vie privée.
Il s'est aussi opposé à la réforme du statut des directeurs d'école prônée par ministre de l'Education d'Emmanuel Macron, Jean-Michel Blanquer.
Celui qui se dit "profondément républicain et attaché à la laïcité" s'est choisi la grande figure historique de la gauche Jean Jaurès comme figure tutélaire dont il dit "aimer relire les discours".
A l'Assemblée nationale, celui qui se qualifie de "défenseur de la France périphérique", souhaite porter une proposition de loi généralisant la démarche "territoire zéro chômeur de longue durée" expérimentée dans sa ville de Lodève.
2e circonscription : Montpellier - Nathalie Oziol NUPES-LFI
Une Insoumise succède à une Insoumise. La candidate NUPES-LFI Nathalie Oziol est élue députée avec 63.33%, la sortante LFI Muriel Ressiguier n'étant arrivée que 5e au 1er tour n'avait pu se maintenir.
A 32 ans, la nouvelle élue est enseignante agrégée en anglais. C'est elle qui réalise le meilleur résultat des 3 députés NUPES de l'Hérault, il est vrai dans une circonscription urbaine et très favorable à LFI.
Nathalie Oziol, militante de la première heure de la France Insoumise, apporte une nouvelle fois la preuve que Montpellier est une terre de gauche en remportant haut la main la très symbolique 2e circonscription de l'Hérault.
La nouvelle députée, née à Toulouse, s'est engagée politiquement dès la création du mouvement de la France Insoumise en 2016. En 2021, elle s'était présentée aux Régionales en tant que tête de liste de l'Hérault sur la liste soutenue par la France Insoumise.
Apparaissant pendant la campagne pour les Législatives comme la cheffe de file naturelle de la Nupes dans l'Hérault, la professeure d'anglais dans un lycée de Béziers était souvent la première à saisir le micro face aux militants et aux journalistes.
Fustigeant les dissidences de tous ordres, elle a défendu sans relâche le programme porté par Jean-Luc Mélenchon autour de l'éducation, de la formation et l'emploi.
Entièrement située sur le territoire de Montpellier, plus jeune et plus pauvre que la moyenne nationale et composée de cités populaires et de quartiers bourgeois-bohème, la circonscription que Nathalie Oziol représentera à l'Assemblée nationale est l'ancienne chasse gardée de l'ex-maire emblématique
de Montpellier, Georges Frêche.
Au 1er tour de la dernière Présidentielle, Jean-Luc Mélenchon y avait remporté plus de 45% des suffrages.
La députée sortante, Muriel Ressiguier, issue de La France Insoumise (LFI) mais non réinvestie, un cas exceptionnel car en délicatesse avec Mélenchon, avait été éliminée dès le premier tour des Législatives. Tout comme Fatima Bellaredj, une dissidente socialiste soutenue par l'actuel maire de Montpellier, Michaël Delafosse.
5e circonscription : Clermont-l'Hérault - Stéphanie Galzy RN
Mère célibataire travaillant comme intérimaire à la Banque Postale, Stéphanie Galzy, 40 ans, a été de toutes les campagnes du Rassemblement National (RN) depuis 2014, sans jamais être élue, jusqu'à devenir ce 19 juin, députée de l'Hérault.
Née à Pézenas, le 20 octobre 1981, elle a grandi à quelques kilomètres, à Agde. Elle a figuré en vain sur sept listes électorales du parti d'extrême droite en huit ans, en Occitanie avant de s'emparer ce dimanche de la 5e circonscription de l'Hérault, avec 54,24% des suffrages contre 45,76% pour le candidat de la Nouvelle union populaire écologiste et sociale (Nupes), Pierre Polard.
"Je serai toujours présente à toutes les élections tant que le Rassemblement National ne sera pas gagnant", avait-elle affirmé avant les législatives.
Elle exhortait les électeurs en ces termes: "Protégez votre identité, protégez votre tranquillité, protégez-vous".
"Mon engagement a vraiment commencé quand je suis tombé enceinte", a aussi expliqué cette mère d'un garçon de sept ans. "Dans quel monde va-t-il vivre?", interrogeait cette fille d'un éboueur et d'une femme de ménage, en mettant en avant la lutte contre "l'insécurité".
Je suis là pour faire avancer les choses (difficiles), parce que je les vis au quotidien.
Stéphanie Galzy, députée RN de la 5e circonscription de l'Hérault.
C'est la revendication de cette ancienne propriétaire de boutiques de vêtements, qui se définit comme "la Française du peuple", payant plus de 300 euros de gazole par mois.
3e circonscription : Montpellier Castelnau-le-Lez - Laurence Cristol LREM
C'est Laurence Cristol, candidate LREM, qui succédera à Coralie Dubost qui n'a pas pu se représenter. Elle est élue avec 53.10%, contre 60.45% pour la sortante en 2017.
A 54 ans, Laurence Cristol est une femme très occupée. Médecin oncogériatre à l'ICM Montpellier, mère de 4 enfants, elle a été élue en avril 2018, maire de Saint-Clément-de-Rivière apparentée LR, après la démission de son prédécesseur Rodolphe Cayzac.
La native de Montpellier est également vice-présidente de la Communauté de communes du Grand Pic Saint-Loup en charge du tourisme et conseillère départementale d'opposition LR depuis mars 2015 du canton de Saint-Gély-du-Fesc. En 2021, elle a été réélue en binôme avec Jérôme Lopez, le maire de Saint-Mathieu-de-Tréviers qui appartient lui à la majorité de gauche, socialiste, solidaire et écologique.
Laurence Cristol, ancien soutien des ex-Premiers ministres de droite François Fillon et Alain Juppé, est parvenue à maintenir la 3e circonscription de l'Hérault dans le camp d'Emmanuel Macron malgré le renoncement forcé de la médiatique députée sortante LREM, Coralie Dubost.
Laurence Cristol a donc été choisie au pied levé par l'état-major de la majorité sortante pour tâcher de conserver dans son giron une circonscription allant des faubourgs de Montpellier aux limites du Gard, la seule du département où Emmanuel Macron avait viré en tête au premier tour de la dernière Présidentielle.
Elle a été plutôt mal accueillie par les militants locaux de LREM, qui ont boycotté sa campagne et lui ont reproché de pencher trop à droite, mais aussi d'avoir pris la place de candidats putatifs mieux implantés localement.
Ses adversaires de gauche lui ont aussi reproché une proximité supposée avec la "Manif pour tous", ce qu'elle dément. Affirmant se sentir depuis toujours d'une droite "sociale et républicaine", elle a finalement écarté la candidate écologiste de la NUPES, en recueillant 53,10% des voix.
A l'Assemblée, elle veut agir dans les domaines de la santé, du vieillissement ou encore du handicap.
7e circonscription : Agde-Sète - Aurélien Lopez-Liguori RN
Attaché parlementaire du député européen RN Jean-Lin Lacapelle, ex-militant de"Debout la France", Aurélien Lopez-Liguori a remporté haut la main, à 29 ans, la 7e circonscription de l'Hérault face à un candidat de la NUPES. Originaire d'une famille de pêcheurs et de commerçants pieds-noirs arrivée dans le sud de la France dans les années 1960, le jeune homme s'est largement imposé, avec près de 60% des suffrages, face à Gabriel Blasco, qui espérait devenir le premier député communiste de l'Hérault depuis 15 ans.
Né le 17 mai 1993 à Aix-en-Provence, dans les Bouches-du-Rhône, Aurélien Lopez Liguori est titulaire d'une licence de relations internationales et d'un master en affaires publiques. Il a rejoint le Rassemblement national (RN) en 2019 et a été élu conseiller municipal d'opposition à Sète en juin 2020.
Il avait auparavant été assistant parlementaire de la sénatrice Les Républicains des Français de l'étranger, Joëlle Garriaud-Maylam, pendant une année, jusqu'en juillet 2020 et travaillé pour le parti de Nicolas Dupont-Aignan pour les élections européennes de 2019, avant d'avoir "des divergences d'idées" avec le président de "Debout la France" et de quitter le parti. Il fait également partie du bureau national de la Droite populaire, un mouvement satellite du RN présidé par Thierry Mariani, député européen RN, où il était responsable de la presse. Ce quasi-trentenaire ne souhaite pas préciser sa situation familiale.
8e circonscription : Montpellier-Pignan - Sylvain Carrière NUPES-LFI
Arrivé en tête au 1er tour, Sylvain Carrière transforme l'essai avec 458 petites voix d'avance (50.59%) devant Cédric Delapierre RN (49.41%). Le candidat NUPES-LFI est élu sur cette circonscription dont le sortant LREM Nicolas Démoulin ne se représentait pas.
A 31 ans, Sylvain Carrière est commercial en "jardinerie et animalerie". Il est installé à Vic-la-Gardiole. Son combat, lutter contre les fermes usines et les grands projets inutiles. Il veut être le messager de sa circonscription et faire remonter les problématiques de son territoire.
Avec des communes du littoral qui penchent nettement pour le parti de Marine Le Pen, mais aussi un bout de Montpellier nettement favorable à la gauche, cette terre d'étangs, de garrigues et de quartiers en développement n'était pas gagnée d'avance pour ce natif de Béziers.
Le jeune homme à la silhouette fine, aux cheveux courts et à la barbe soignée, a néanmoins devancé au premier tour, de cinq points, un conseiller régional Rassemblement national (RN) à la stature nettement plus imposante, Cédric Delapierre, qui espérait bien réussir là où les précédents candidats d'extrême droite s'étaient heurté à un plafond de verre.
Je me présente pour la première fois car les urgences sociales, écologiques et démocratique ont besoin d'être prise en compte rapidement et pour contribuer au renouveau de la classe politique. (...) Nous avons besoin de députés qui nous ressemblent, proches du peuple, et non plus des personnes qui ont fait de la politique leur métier depuis de nombreuses années.
Sylvain Carrière, député NUPES-LFI élu sur la 8e circonscription de l'Hérault.
Le trentenaire milite à gauche depuis une dizaine d'années : "Engagé politiquement et sensible aux questions agricoles et alimentaires, j'ai rejoint la campagne unitaire du Front de Gauche en 2012 et par la suite le parti de Gauche et la France Insoumise", a-t-il expliqué avant l'élection.