CLIMAT. Plus de tomates produites en été dans le Sud de la France dès 2050, l'étude inquiétante qui prédit les conséquences du réchauffement sur l'agriculture

Avec le réchauffement climatique, il fera trop chaud dès 2050 dans le sud de la France pour cultiver des tomates en pleine terre en été. L'agroclimatologue Serge Zaka a cartographié la saisonnalité et la répartition géographique de la production de tomates jusqu'à la fin du siècle.

Eric Pédebas cultive des tomates sous abri à Lattes près de Montpellier depuis 20 ans. Exclusivement des tomates mais à peu près toutes les variétés qui existent. "Cette année, elles ont trois semaines de retard mais la production s'annonce bonne", résume celui qui a créé la spécialité de "tomatologue". "L'année dernière, j'ai cultivé des tomates jusqu'en octobre mais la précédente a été mauvaise, je n'avais plus rien le 10 septembre." Difficile pour lui de tirer des conclusions sur l'impact du réchauffement climatique, parce qu'"aucune année ne se ressemble".

Star des productions estivales

Pour bien grandir la tomate a besoin d'eau et de chaleur, sa température optimum de croissance se situe à 26 °C, contre 22 pour les salades par exemple. Ce qui fait de ce légume-fruit (fruit en botanique et légume en cuisine) l'une des stars des légumes du soleil et de nos assiettes l'été.

Celles que l'on trouve sur nos étals viennent, par ordre d'arrivée d'abord du Maroc puis d'Espagne et enfin de France, du sud puis du centre et de l'ouest. Mais cette géographie des espaces va évoluer avec le changement climatique.

Un changement de saisonnalité et de répartition géographique qu'a modélisé et cartographié Serge Zaka, docteur en climatologie et ingénieur agronome. Il vient de publier le résultat de ses recherches et le relaie sur les réseaux sociaux.

Une étude menée sur les cultures en pleine terre

"Comme le climat se réchauffe par le sud, les pays les plus au sud qui cultivent les tomates en été ne le pourront plus. Ils la produiront au printemps ou à l'automne, puis plus du tout à l'horizon de la fin du siècle", explique le chercheur montpelliérain. 

S'adapter au changement climatique, ce n'est pas seulement l'arrosage. Il y a aussi des modifications de saisonalité et de répartition géographique.

Serge Zaka, docteur en climatologie

En 2050 par exemple, selon le chercheur, l'Andalousie, en Espagne, pourra cultiver des produits tropicaux comme la patate douce mais plus des tomates. "Et après 2050, ce sont les producteurs français qui pourraient envoyer leurs tomates en Espagne, tout le contraire d'aujourd'hui", si le réchauffement climatique continue au même rythme que prévu.

"Il faut anticiper"

L'impact du changement climatique sur les productions agricoles, c'est le domaine de prédilection de Serge Zaka. Il a fondé et dirige l'institut Agroclimat 2050 pour proposer des études et des modélisations qui doivent permettre aux dirigeants européens de prendre des décisions d'investissement sur le long terme, parce qu'"il faut anticiper les changements climatiques".

"Le changement climatique n'a pas que des effets négatifs. La Bretagne et la Manche par exemple pourraient faire du maraîchage tel qu'on le connaît aujourd'hui dans le Sud. Et les départements du sud se tourneront vers d'autres productions, ou cultiveront des tomates en hiver", développe l'ingénieur agronome.

C'est en ayant conscience des enjeux du réchauffement climatique en 2024 qu'on s'en sortira en 2025.

Serge Zaka, agroclimatologue

Et il n'y a pas que la tomate : les projections de l'institut Agroclimat 2050 sur les salades, courgettes, carottes, olives ou figues montrent les mêmes tendances de migration des cultures vers le nord.

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