Quatre sans-abri sont morts de froid à Montpellier en décembre. Dans la ville, le nombre d'hébergement d'urgence est insuffisant. La mairie propose un lieu de "recueillement" pour ces sans-abri tandis que les associations réclament l'ouverture des gymnases de la métropole.
Le centre tenu par la société Saint-Vincent-de-Paul accueille des sans-abri le temps d’une journée. L’occasion pour tous de se ressourcer mais aussi de se réchauffer. Les nuits d’hiver, la pluie, la neige, le vent, les températures négatives... sont un véritable fardeau à supporter pour les sans domiciles fixes.
“Un collègue est mort pas loin d’ici à Nîmes. C’était un monsieur âgé” affirme un des résidents pour la journée, avant de renchérir : “Comment tu peux laisser quelqu’un âgé dehors ?”.
"J'aurais pu ne pas me réveiller"
Le jeune homme est à la rue depuis sa sortie de détention, il y a près de trois ans. Depuis, il interpelle les autorités compétentes, le maire, le préfet, pour obtenir un hébergement d’urgence. En vain. “Le maire m’a dit qu’il y a trop de gens. Il m’a dit qu’il y a 37 000 dossiers en attente”, explique-t-il.
“Sauf que dans le Code pénal, c’est marqué droit au logement. Maintenant, il faut l’appliquer”.
Chaque nuit, le SDF doit gérer le froid. Il avoue parfois pénétrer par effraction dans certains endroits avec l’espoir de s’abriter un court instant.
Je me suis retrouvé dans des situations où je dormais dans ma voiture par exemple, et j’avais des tremblements. Heureusement, je me réveillais. J’aurais pu ne pas me réveiller.
Un locataire de passage au centre Saint-Vincent-de-Paul de Montpellier.
Il passe ses soirées d'hiver à essayer de "se cacher du froid", lassé de voir que personne ne peut l'aider, pas même le 115. "Il faut voir le froid comme son ennemi", finit-il par conclure.
En l’espace d’un mois, quatre sans-abri ne se sont pas réveillés à Montpellier à cause du froid. La faute à un manque de place dans les hébergements d’urgence. La ville recense 2.200 sans domicile fixe - comprenant les personnes vivant à la rue, mais aussi hébergées à l'hôtel, en logement temporaire et dans les bidonvilles - pour seulement 600 places disponibles.
Les associations mobilisées
L'association Sakado vient en aide depuis 2005 aux sans-abri, en collectant des sacs à dos, du style randonnée de 40 à 50 litres, ainsi que du matériel d'hygiène, et de quoi leur permettre de se réchauffer. Pour Thierry Teulade, son cofondateur, "la solution, elle est là", indique-t-il en montrant du doigt l'établissement Georges Frêche situé juste derrière lui.
"Il y a un gymnase qui est fermé. Il pourrait être ouvert et accueillir tout au long de la nuit celles et ceux qui dorment dehors. Il faut ouvrir des gymnases. Ça aurait probablement évité que l'on en soit dans le décompte macabre à Montpellier", renchérit le responsable.
Les associations de défense des sans-abri réclament plus d'actions et ne souhaitent pas se contenter de la création d'un lieu mémoriel comme l'a proposé Michaël Delafosse.
Des solutions pérennes existent dans la Métropole
Il existe un plan grand froid géré par la préfecture. Ce dernier se déclenche lorsque les températures atteignent les -5 degrés. Or les 4 sans-abri sont décédés alors qu’il faisait environ 0 degré.
Nous avons besoin que l'Etat déclenche le plan grand froid pour permettre l'ouverture des gymnases.
Clara Gimenez, vice-présidente déléguée à la Politique de la ville et à la Cohésion sociale.
L'élue rappelle avoir accueilli à l'Hôtel de Ville de Montpellier le réveillon solidaire de Noël et être en étroite collaboration avec le SIAO (service intégré d'accueil et d'orientation), un dispositif qui recense, évalue et oriente les personnes sans domicile vers des solutions d'hébergement et d'insertion.
"Et puis, nous avons engagé sur le territoire un travail sur la recherche de solutions pérennes", ajoute l'élue qui évoque notamment le plan Logement d'abord. Sept pensions de famille ont ainsi été ouvertes depuis 2018 pour loger 195 personnes. Quinze nouvelles résidences devraient ouvrir dans les cinq ans à venir. Trois cent dix-sept autres personnes ont pu accéder au logement par le biais du dispositif Bail d'abord.
Écrit avec P. Jorge.