A Montpellier, des gymnases municipaux puis l'internat du lycée Mermoz ont permis d'accueillir une soixantaine de personnes sans domicile fixe pendant le confinement. Des lieux qui vont retrouver leur usage initial très prochainement. La Croix Rouge cherche de nouveaux hébergements.
Dès le début du confinement, la préfecture de l'Hérault a estimé qu'il fallait proposer une solution d'hébergement d'urgence pour les personnes sans domicile fixe à Montpellier.
Il s'agissait pour les autorités de limiter un risque sanitaire pour la population SDF et pour les habitants de la métropole montpelliéraine en pleine propagation de l'épidémie de coronavirus.
Deux gymnases, Gambardella quartier Clémenceau et Les arts quartier Beaux-Arts, ont été mis à disposition par la ville de Montpellier, et confiés à la gestion de la Croix Rouge dès le 19 mars.
Le 27 mars, un troisième lieu, le gymnase Busnel, quartier Près d'Arènes, est venu compléter le dispositif d'hébergement d'urgence et le porter à 75 places.
Hébergement et suivi social
Le 8 avril, les gymnases Gambardella et Les arts ont fermé, remplacés par l'internat du lycée Mermoz, mis à disposition par la Région Occitanie."Les gymnases, c'est bien pour un hébergement d'urgence, à court terme. Il n'y a pas d'intimité, des sanitaires communs. On ne peut pas assurer le suivi et la prise en charge des gens à la rue, l'internat est une solution bien plus conforme pour ce que l'on souhaite faire", explique Clément Marragou, président de la Croix Rouge dans l'Hérault.
Grâce aux soixante places de l'internat, la Croix Rouge a pu entreprendre un "travail de fond" auprès des personnes sans abri.
Les équipes gèrent aussi bien les suspicions de covid que la réinsertion sociale des SDF.
"On travaille sur le suivi médical et la réinsertion sociale, on a une équipe de prévention des risques, comme la toxicomanie par exemple, un médecin addictologue, des infirmères, des travailleurs sociaux et des bénévoles."
Avec le déconfinement et la reprise progressive des cours, la Croix Rouge doit quitter le lycée Mermoz dès le 12 mai.
L'hôtel, une solution à très court terme
La solution proposée par les services de l'Etat, c'est un transfert des personnes hébergées à l'hôtel : une vingtaine dans un hôtel en périphérie de Montpellier et une vingtaine dans un hôtel plus proche du centre ville.40 places d'hôtel seraient disponibles pour 60 SDF hébergés actuellement.
"L'hôtel ne peut être qu'une solution provisoire", explique le président de l'antenne héraultaise de la Croix Rouge, "il sera difficile de continuer le suivi des SDF, tous ne voudront pas y aller, surtout si l'établissement est éloigné du centre. Et nos équipes ne peuvent être sur plusieurs lieux à la fois."
Le lien construit est fragile mais les équipes de la Croix Rouge l'assurent, certains SDF sont sur le (long) chemin de la réinsertion sociale.
Il a lancé un appel sur twitter et pris contact avec la mairie.On ne veut pas perdre tout le travail social que nous avons accompli ces dernières semaines, s'inquiète Clément Marrogou.
2/3 à compter du 11/05, faute de solut° locale, le site internat Mermoz devra laisser place à une solut° hôtelière ➕coûteuse et ➖qualitative, en périph @montpellier_ Double peine: 1️⃣ retour à la rue pour un public qui refuse l’éloignement centre-ville; 2️⃣ fin du suivi social...
— CRf34_Marragou (@CRf34_Marragou) May 3, 2020
Trouver un autre centre d'hébergement
Pour la Croix Rouge, d'autres solutions existent. Il y a par exemple des bâtiments inoccupés à Montpellier, qui pourraient rapidement être adaptés aux besoins d'un centre d'hébergement d'urgence.
"La délégation militaire départementale par exemple est en vente. Les bâtiments sont juste à côté du siège de la Croix Rouge à Montpellier. On peut l'aménager rapidement et payer un loyer, en attendant la vente", suggère Clément Marragou.
Un déconfinement trop rapide de la population SDF, qui reviendrait à la rue, c'est un risque sanitaire pour cette population fragile mais aussi pour l'ensemble de la population de la Métropole.
La Croix Rouge a pris contact avec la Mairie de Montpellier, propriétaire sans doute d'autres endroits aménageables rapidement.
Le temps presse : les premiers déplacements des personnes hébergées vers les hôtels doivent commencer dès la fin de cette semaine, pour libérer les lieux le 12 mai.