Accès au numérique, communication professeurs-élèves... Une étude de la Fédération des Conseils de Parents d'Elèves (FCPE), réalisée dans les 5 départements de l'Académie de Montpellier, met en lumière les difficultés de l'école à la maison pendant le confinement.
Le 25 mars dernier, la FCPE a lancé sur ses réseaux sociaux un questionnaire à destination des parents d'élèves des cinq départements qui composent l'Académie de Montpellier : en deux semaines, 4500 réponses ont pu être recueillies dans l'Aude, le Gard, l'Hérault, les Pyrénées-Orientales et en Lozère.
Le formulaire se compose d'une quinzaine de questions : celles-ci abordent aussi bien l'accès au numérique que le temps passé aux devoirs ou encore les inquiétudes éventuelles sur le déroulement de l'école à la maison.
A partir de ces informations, l'organisation de parents d'élèves a dressé la liste des points qui fâchent.
L'inquiétude palpable des parents d'élèves sur la continuité pédagogique
Lancée par le ministère de l'Education nationale depuis la fermeture des écoles le 16 mars dernier, la "continuité pédagogique" peine à faire ses preuves dans les foyers de la région.Selon la FCPE, 44 % des parents d'élèves en maternelle et en primaire se disent "inquiets" pour la poursuite de la scolarité de leur enfant. C'est 64 % pour les parents d'élèves au collège et au lycée. Ces derniers sont d'ailleurs seulement 27 % à considérer que l'école à la maison se déroule "correctement".
Parmi les sources d'appréhensions, la quantité de travail, le poids des notes ou encore l'organisation du quotidien scolaire à domicile.
"Chez les parents d'élèves en troisième et en terminale par exemple, on se pose beaucoup de questions sur le brevet et le baccalauréat", explique Rémy Landri, président départemental de la FCPE 66, avant d'ajouter :
La validation des acquis est d'ailleurs un autre motif de questionnement pour tous les parents : est-ce que leurs enfants auront le niveau nécessaire pour passer dans la classe supérieure à la fin de l'année scolaire ?Beaucoup trouvent dommage bien sûr que leurs enfants ne passent pas leurs examens comme le veut la tradition. Mais ils craignent également que cela puisse leur porter préjudice pour l'orientation et la validation de certains acquis.
"Tous les points du programme ne pourront pas être abordés pendant le confinement comme en classe, donc forcément les élèves auront des lacunes", commente Rémy Landri. "Mais nous demanderons aux enseignants de l'année suivante de la bienveillance, le but étant que personne ne soit laissé sur le carreau à la rentrée. Nous pouvons également envisager des stages de remise à niveau pendant l'été pour les élèves en difficulté scolaire."
Un accès inégal aux outils numériques
L'école à la maison fait aussi ressurgir un problème loin d'être nouveau : la fracture numérique. En Occitanie, comme ailleurs en France, l'accès à un ordinateur et à une bonne connexion internet n'est pas garanti pour tous les foyers, et notamment dans les territoires défavorisés. "Les supports de cours et d'exercices, envoyés par les enseignants, sont multiples et transitent par des canaux différents : il est parfois compliqué pour parents et élèves de s'y retrouver", poursuit le président de la FCPE 66.A ce constat s'ajoute la question de l'inclusion des enfants handicapés, qui peuvent se retrouver en situation de difficulté sans leur accompagnant.
Une communication pas toujours assurée entre professeurs et élèves
De ces inégalités d'accès au numérique découlent parfois des problèmes de communication entre les élèves et leurs professeurs, surtout dans l'enseignement secondaire."Certains professeurs ne jouent pas toujours le jeu : ils sont parfois mal équipés eux-mêmes et peinent à envoyer des cours et exercices aux élèves. A contrario, d'autres en demandent trop, ce qui n'est pas positif non plus : ce qui compte en ce moment, c'est de maintenir les connaissances et de conserver le lien social", estime Rémy Landri.
Le plus grave justement, c'est lorsque le lien social est rompu : selon la FCPE, des élèves de l'Acédémie de Montpellier sont complètement sortis des radars de l'école depuis le 16 mars dernier.
Le 31 mars dernier, Jean-Michel Blanquer estimait qu'entre 5 et 8 % des élèves français avaient été "perdus" par l'Education nationale depuis le début du confinement.Certaines familles n'ont pas pu être contactées, car elles ne possèdent pas de connexion internet. D'autres ont directement été touchées par le coronavirus. Il ne faut pas oublier que la maladie reste la préoccupation n°1 dans la tête des gens.
"Cela vient aussi d'un manque de communication entre le Ministère et les enseignants", analyse Rémy Landri. "Tout le monde est balloté entre des informations complètement contradictoires. Il est donc compliqué d'assurer la continuité pédagogique dans ces conditions."
Pour la FCPE, il faut "relâcher la pression"
Selon le président de la FCPE 66, en demander trop aux élèves peut être contre-productif. "Il faut que les enseignants revoient leurs ambitions à la baisse et qu'on relâche la pression", défend-il, avant d'ajouter : "La priorité, c'est d'aller chercher les élèves décrocheurs et d'essayer de les maintenir dans le système scolaire."Rémy Landri plaide d'ailleurs pour la non prise en compte des notes du troisième trimestre dans le bulletin. "Je pense que le contrôle continu est la moins mauvaise des solutions. Mais il ne faut pas pour autant pénaliser les élèves qui n'ont pas tous les outils pour bien travailler pendant ce confinement."