Coronavirus Hérault : une infirmière contrainte à quitter son logement de Montarnaud, les propriétaires seront jugés

Les propriétaires de Mélina, infirmière au CHU de Montpellier, n'ont pas supporté qu'une partie de la famille de la jeune femme vienne occuper son logement pendant le confinement. Agés de 75 et 80 ans, ils ont tout fait pour les faire partir. Le couple est convoqué le 29 juin devant le tribunal.

[MAJ 15 avril 2020] - Le procureur de la République de Montpellier, à l'issue d'une enquête préliminaire, a placé le couple de bailleurs en garde à vue.

L'octogénaire et son épouse ont été présentés au parquet et ils se sont vus notifier une convocation par procès-verbal à l’audience du tribunal correctionnel de Montpellier du 29 juin 2020.

Ils font l’objet de poursuites pour les infractions suivantes :

  • Emploi de voies de fait ou contrainte pour forcer des personnes à quitter leur lieu d’habitation
  • Harcèlement moral
  • Atteintes à l’intimité de la vie privée
  • Dégradations volontaires légères
 

L'infirmière "harcelée" ?


Mélina, 37 ans, est infirmière anesthésiste au bloc opératoire et au service de réanimation au CHU Lapeyronie à Montpellier. Pendant près de six mois, elle a vécu avec son conjoint à Montarnaud, au rez de chaussée d’une grande maison de près de 200m². Le premier étage étant occupé par les propriétaires, un couple âgé de 75 et 80 ans.

Lorsque le confinement est annoncé par le gouvernement, Mélina décide de rapatrier sa famille à Montarnaud pour protéger les siens : La fille de Mélina, âgée de 20 ans vit dans un appartement de 25m² à Montpellier avec sa fille de 3 ans ; La mère de Mélina, âgée de 62 ans vit dans une résidence pour séniors :

Au début du confinement, nous avons décidé d’isoler le reste de ma famille, donc ma fille, ma petite fille et ma mère dans notre maison à Montarnaud et moi j’ai décidé de prendre le logement de ma fille qui se situe à Montpellier à côté du CHU pour éviter d’être en contact avec eux et ainsi de contaminer ma fille, ma petite-fille, mon conjoint et ma mère.


La peur d’être infecté par un membre de la famille


L’infirmière en parle aux propriétaires, c’est alors que les ennuis ont commencé pour Mélina et sa famille : " Au début, la propriétaire n’était pas forcément d’accord, elle a dit qu’elle ne voulait pas d’étrangers chez elle... On a essayé de lui faire comprendre que c’était chez nous parce que nous louons l’appartement depuis juillet 2019. Je pense que ce qui a fait peur à la propriétaire c’est que ma famille soit venue... Alors qu’à la base nous étions deux dans ce logement, là ils se sont retrouvé à cinq. Je pense qu’elle a eu peur de ma mère, âgée de 62 ans et qui vit dans une résidence pour séniors, puisqu’elle lui a dit : "retournez dans votre ehpad ! " On lui a dit qu’ils avaient le droit d’être là et elle nous a répondu qu’elle allait nous faire partir... Je comprends la peur, mais ça n'excuse pas tout ! "
 


Plus d’eau, plus de télé mais des menaces  

A plusieurs reprises Mélina est allée voir la propriétaire pour lui expliquer la situation. En vain : "De toute façon, elle n’allait pas les croiser, il n’y avait aucune raison d’avoir peur sauf qu’elle n’a pas voulu comprendre, au fur et à mesure il y a eu des insultes. Ils nous ont coupé la chaudière, ils nous ont lancé des objets à travers la pièce et coupé la télé."

Le conjoint de Mélina, lui, tempère :

Je suis peiné pour ma belle-famille, je ne pensais pas que des gens comme mon ancienne propriétaire pouvait arriver à ces limites-là de vouloir absolument nous faire partir surtout en plein confinement.
Je n’ai pas compris son raisonnement, sa façon de faire. Les nuisances je ne pourrais pas les certifier, ni les prouver. Mais avant le confinement, tout se passait bien. C’est donc pour ça que nous nous sommes posés des questions.


Fatigués et lassés de la situation, Mélina et sa famille décident de quitter le logement d’eux-mêmes à la fin du mois de mars 2020.

De notre côté, nous avons essayé à plusieurs reprises de contacter les propriétaires pour connaître leur version, pour l'instant, nous n'avons eu aucun retour de leur part. 


Logement solidaire


La maman de Mélina est retournée vivre dans sa résidence pour séniors. Sa fille et sa petite-fille sont retournées, elles, dans leur appartement près du centre hospitalier de Montpellier. Quant à Mélina et son conjoint, ils sont logés dans un appartement solidaire.

Mais l’infirmière garde de l'amertume : 

Ça m’inspire de l’égoïsme pur, induit par la peur. Je comprends la peur mais je ne comprends pas du tout cette méchanceté, confie l’infirmière à la fin de l’interview.

 

Que dit la loi ? 

Pour en savoir un peu plus, nous avons contacté l'Association nationale de défense des consommateurs et usagers, Simone Bascoul, nous dit que cette infirmière est en droit d'héberger momentanément les membres de sa famille chez elle : 

Si cette dame est titulaire du bail, elle peut héberger momentanément des membres de sa famille chez elle pour un, deux ou trois mois. Ces relations familiales ne regardent pas les propriétaires. Et même dans le cas où il y avait eu une procédure d'expulsion les propriétaires auraient dû attendre la fin de la trêve hivernale qui a été repoussée au 31 mai 2021. 

 

Enquête ouverte


Le procureur de la République de Montpellier a ouvert une enquête préliminaire après le témoignage et la plainte de Mélina et les gendarmes de Castelnau-le-Lez doivent mener l'enquête pour vérifier la réalité de ces mesures d'intimidations et si elles constituent un délit. 
 
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