Y a-t-il des failles dans la procédure de dépistage du coronavirus ? À Montpellier, les trois cas confirmés revenaient du nord de l'Italie. Pourtant, certains voyageurs de retour de cette région ne sont pas toujours dépistés.
Avec 1000 cas de contagion au coronavirus, dont 29 morts, l'Italie est le pays d'Europe le plus touché par l'épidémie. Les régions de la Lombardie, de la Vénétie, et depuis ce samedi de l'Emilie-Romagne, au nord du pays, ont été déclarées comme des zones à risques.
À Montpellier, trois cas de coronavirus ont été confirmés par l'Agence Régionale de Santé ce samedi. Pour deux d'entre-eux, il s'agit d'un couple de trentenaires revenu d'un séjour en Lombardie avec leurs deux enfants. Le troisième est un homme de 41 ans qui a récemment séjourné en Émilie-Romagne.
"J'ai peur d'infecter ma fille qui est enceinte"
Tous les français revenant de ces zones à risques, dont font également partie la Chine, Singapour ou l'Iran, doivent impérativement se signaler auprès des autorités de santé.Alors, quand un couple de Montpelliérains, de retour de Ligurie, une autre région italienne voisine de la Lombardie et de la Vénétie mais aussi de la frontière franco-italienne, constate des symptômes grippaux similaires, il s'inquiète :
Étant asthmatiques, nous sommes habitués aux bronchites. Mais par acquis de conscience, et ayant une fille qui est enceinte et donc potentiellement fragile, nous avons préféré vérifier.
Mais, lorsque le couple, qui préfère rester anonyme, appelle le 15, la procédure qui se met en place n'est pas celle à laquelle ils s'attendaient :
On nous dit que nous sommes placés en cas possibles et qu’il fallait absolument rester en confinement. S’ensuivent de nombreux appels de la part du CHU et des médecins. Entre temps, on appelle nos enfants pour leur dire de se confiner aussi. Le Samu devait venir nous voir pour nous tester. Finalement, on nous dit que tout est annulé, parce qu’à ce moment-là, la Ligurie n’était pas considérée comme une zone à risque. Sauf que le soir même, on apprend qu’en Ligurie, il y avait des cas confirmés. Et si on l’avait vraiment ? Ça veut dire qu’on peut finir comme tout le monde ! Entre-temps, personne ne nous a rappelé.
Considérant qu'ils ont été laissés "dans la nature" de manière relativement inquiétante, et présentant toujours des symptômes, ils pensent que le minimum aurait été de faire les tests "au vue de la psychose qui règne".
Psychose
Interrogée sur ce cas précis, la directrice de la communication du CHU de Montpellier, Julie Durand, a refusé de répondre, en estimant que la question était médicale :Une réponse sans explication concrète qui n'est pas pour rassurer bon nombre de personnes dans le même cas que notre témoin.On a toute confiance dans la compétence et l’expertise de nos équipes médicales et paramédicales qui sont mobilisées sur cette situation, au niveau du 15 ou du service infectiologie.
confirment les médecins. Le 15 reçoit de nombreux appels chaque jour de personnes plus angoissées que malades.Il y a un effet de panique
Le cap de la centaine de cas atteint en France
En France, le bilan de l'épidémie s'élève pour le moment à 100 cas depuis fin janvier, dont 86 hospitalisés (9 dans un état grave). Douze personnes ont été guéries et deux sont décédées.Ce samedi, le ministre de la Santé, Olivier Véran, a rappelé les recommandations à suivre pour endiguer la propagation de l'épidémie:
Il a également annoncé l'interdiction des rassemblements de plus de 5.000 personnes en milieu confiné et de certains autres en milieu ouvert, à cause de l'épidémie.Chacun doit participer à sa protection et à celles de ces proches. Je demande aux Français de ne pas se serrer la main.