Après le passage obligé en CHU pour les cas épidémiques les plus atteints, jusqu’à parfois l’intubation et mise sous assistance respiratoire, certains ne rentrent pas directement chez eux. Il y a besoin d’un suivi de soins et parfois d’une rééducation respiratoire.
Le 9 mars dernier, Danièle, 77 ans, est opérée pour mise en place d’une prothèse du genou. Opération « banale » s’il en est aujourd’hui qui, pour elle, la conduit en maison de rééducation. Quelques jours plus tard, premiers symptômes : fièvre, courbatures et cette perte de repère, explique la septuagénaire :
J’étais tellement fatiguée que je ne faisais que dormir, mais je ne m’en rappelle pas.
Dépistée positive au Covid-19, Danièle Raynaud va être hospitalisée pendant quinze jours au CHU La Peyronie à Montpellier. Entre temps, elle a contaminé son mari qui a lui-même contaminé une de leurs filles :
Pour moi je n’ai pas vraiment eu peur, ça a été. Mais lui a eu des complications, une pneumopathie. Aujourd’hui, il est toujours en réanimation et soins intensifs. On le réveille petit à petit. Mes filles me donnent de ses nouvelles.
A sa sortie du CHU, Danièle n’est pas rentrée directement à la maison. Toujours contagieuse, elle a pris la direction de la clinique du Pic Saint-Loup à Saint-Clément-de-Rivière dans la banlieue de Montpellier. Pour y poursuivre la rééducation de son genou mais aussi pour retrouver son souffle après la gêne respiratoire occasionnée par le Covid-19 :
Mardi 14 avril, Danièle passera sa visite de contrôle pour savoir si elle a bien récupéré et si elle n’est plus contagieuse. Elle pourrait alors revoir son chez-elle, en attendant son mari.Tous les matins, j’ai mes exercices à faire en chambre car nous ne devons pas en sortir par précaution. Heureusement que le personnel est vraiment gentil et attentionné.
Retrouver un second souffle
C’est ainsi que depuis quelques jours, des patients atteints par le coronavirus, provenant du CHU de Montpellier, de cliniques privées et de différents Ehpad sont accueillis dans cette clinique du Pic Saint Loup.Cela permet de libérer des lits dans les services de réanimation, soins continus, pneumologie et maladies infectieuses du CHU et autres établissements en première ligne de front contre le virus.
Etablissement spécialisé dans la prise en charge des affections respiratoires et cardio-vasculaires, la clinique du Pic Saint-Loup a dû aménager un secteur spécifique pour cet accueil comptant 17 lits.
Une équipe de spécialistes (pneumologues, cardiologues, gériatres, psychiatres et nutritionnistes) suit ces patients atteints de Covid-19, "car il s’agit de rééduquer sur plusieurs niveaux parfois", explique Philippe Gallet de Santerre, médecin gériatre, responsable du secteur Covid-19 clinique du Pic Saint-Loup. "Ils ont été perturbés souvent par l'hospitalisation au niveau musculaire, nutritionnel et psychologique. Et bien évidemment respiratoire."
Nous avons des séances de réadaptation du souffle, une sorte de réautonomisation à l’effort respiratoire avec installation de pédalier dans les chambres. Et si besoin des séances de draînage respiratoire par un kinésithérapeuthe.
Du personnel protégé obligatoirement
Le confinement et l’isolement des patients notamment dans l’aile spécifique dédiée encore contagieux ont amené des nécessaires réorganisations de travail : service des repas en chambre, doublement parfois de personnel. Le tout sous protection obligatoire, détaille Olfa Es Sifi, directrice des soins :Tous sont équipés d’un « pyjama » (pantalon et blouse) jetable, par-dessus une casaque (surblouse) et un tablier jetables, une charlotte pour la tête, des surchaussures, double gants et bien sûr masques FFP2 (offerts en partie par mairie de Saint-Clément-de-Rivière) et lunettes de protection. Et quand on sort de la chambre, on change de gants.
Ce travail supplémentaire pour le personnel est bien évidemment vital pour éviter toute contamination et propagation du virus aux agents eux-mêmes, mais aussi de chambre en chambre.