Les fabricants de masques ont obtenu un coup de pouce de l'Etat. Le gouvernement vient d'instituer de nouvelles clauses d'achat pour les services publics de la santé. Un coup de pouce dont va bénéficier un entreprise de l'Hérault à Frontignan.
Les fabricants français de masques et de protections contre le risque sanitaire ont le sourire. Après un an de négociations, le gouvernement vient d'accepter de créer des "clauses d'achats responsables" obligatoires pour les services publics de santé.
Le critère économique n'est plus le seul à prendre en compte dans l'obtention des marchés publics. La préférence nationale ou européenne, le respect de l'environnement et des normes européennes doivent désormais être évaluées.
Selon les professionnels du secteur, ces nouvelles règles sont obligatoires si on veut permettre à cette filière stratégique de continuer à produire en Europe, pour ne pas revivre la pénurie de masques connue au début de la pandémie.
Un coup de pouce
A Frontignan dans l'entreprise PRISM, sur une chaîne de fabrication, 7 000 masques sont produits chaque heure. Des chirurgicaux d'un côté et des FFP2 de l'autre, tous 100% français, de la matière première à la machine en passant par les emballages.
C'est une volonté des associés qui ont créé cette PME juste avant la pandémie de coronavirus. La crise sanitaire a ensuite montré l'importance de développer cette production en France. Le gouvernement l'a même reconnu à plusieurs reprises. Pourtant, ici, 80% des clients viennent du secteur privé ou de pays étrangers.
" Lorsqu'on a eu l'occasion d'interpeller notre président de la République, c 'était pour lui dire qu'on ne comprenait pas pourquoi il y avait des appels d'offres publics, que nous perdions au profit d'importateurs avec des masques chinois. Pourquoi ? Parce que le critère économique était prépondérant dans l'appel d 'offres. Donc on arrivait 10ème ou 11ème sur l'appel d'offre alors qu'on était le premier fabricant français, " explique Jérôme Yvanez, directeur commercial chez Prism.
Préférence européenne
Un masque français coûte en effet 2 à 3 fois plus cher qu'un masque chinois. Les entreprises du secteur, une trentaine en France, ont convaincu le gouvernement d'encourager les services publics à acheter français. Condition indispensable selon eux pour maintenir leur filière. Une circulaire a été adressée aux agences régionales de santé il y a 3 semaines : le critère économique n'est plus le seul à entrer en compte. Des clauses de préférence européenne, de qualité et de protection de l'environnement doivent désormais être respectées.
Faire faire 15 000 kilomètres à un produit qui fait 3,5 grammes, c 'est quand même un désastre environnemental !
Christian Curel, président du syndicat français de fabricants de masques.
"Faire faire 15 000 kilomètres à un produit qui fait 3,5 grammes, c 'est quand même un désastre environnemental ! Nous les avons convaincus là-dessus, donc ils ont introduit des critères environnementaux. Et il y a les critères de qualité, les Français sont contrôlés, ce qui n'est pas le cas des Chinois. Dès que l'on contrôle des masques en provenance de l'étranger, il y a souvent des repris, " détaille Christian Curel, président du syndicat français de fabricants de masques.
Pour l'instant, seuls les établissements publics de santé sont concernés. Mais les fabricants de masques espèrent un élargissement de ces nouvelles règles à l'ensemble des administrations. L'an dernier, 97% des marchés publics ont été attribués à des entreprises étrangères.