Vendredi 9 décembre, la préfecture de l'Hérault organisait une réunion à destination des élus locaux à propos des risques de coupures d'électricité cet hiver en France. Loin d'être inquiets, les maires du département anticipent ces potentiels délestages.
RTE et le distributeur d'électricité Enedis organisent un exercice national ce vendredi 9 décembre, associant les préfectures de l'ensemble du pays, pour éprouver leurs procédures et modes de communications en cas de délestage, avec des simulations de plusieurs scénarios sur ordinateur. Il ne s'agit en aucun cas d'un test de coupures sur la population.
Ce test national repose sur des simulations de cartes, dont le rendu variera selon les manques de production d'électricité ou les conditions météorologiques. "Mais ça ne correspondra pas réellement à ce qui va se passer en cas de délestage et il n'y aura pas de délestage effectif cette journée", insiste le gestionnaire du réseau de transport d'électricité auprès de BFMTV.
Dans l'Hérault, la préfecture convie les élus locaux à "une réunion sur le délestage électrique" en visioconférence à 17h30, selon le mail communiqué aux maires jeudi 8 décembre au soir.
Réunion vendredi soir
Tous n'ont pourtant pas été mis au courant, comme Frédéric Lafforgue, maire de Castelnau-le-Lez. "J'ai alerté les services il y a une quinzaine de jours, précisant qu'on avait un risque de coupures", explique-t-il. En conséquence, sa ville a commencé à anticiper : recensement des besoins électriques de la commune, préparation de simulation pendant les vacances scolaires de coupures dans des lieux de vie (crèche, EHPAD, école) en coopération avec le SDIS de l'Hérault, anticipation de repas froid pour les groupes scolaires... Ces précautions pour "anticiper les choses et ne pas les subir" afin d'éviter de "se retrouver en difficulté", poursuit l'édile, "en attendant les décisions gouvernementales".
Des mesures qui devraient en partie être connues ce vendredi après la réunion. Francis Cros, maire de La Salvetat-sur-Agout, attend davantage de précisions sur de potentiels délestages, et d'éventuelles annonces sur les dispositifs de sécurité à prendre si cela devait arriver. L'élu a déjà pris ses dispositions avec la caserne locale des sapeurs-pompiers, qui est donc assurée d'avoir de l'électricité, et au niveau de la mairie, où une vingtaine de talkie-walkies sont disponibles pour les principaux services de secours, au cas où les antennes relais ne fonctionneraient plus pour les téléphones portables.
"Nous sommes habitués à avoir des coupures d'électricité, soit quand il y a des tempêtes, soit quand il y a trop de neige", détaille Francis Cros. Nombre de ses administrés ont d'ailleurs pris leurs précautions depuis longtemps, et sont équipés de groupes électrogènes. "On a cet entraînement lié aux conditions météorologiques en montagne", poursuit-il. "En plus, ils nous disent que ce seront des coupures de deux heures, c'est quand même relativement court."
"Soyons un peu optimistes"
Un avis partagé par Yvon Pellet, de Saint-Geniès-des-Mourgues, qui écoutera d'une oreille la réunion vendredi soir. "Je ne suis pas très inquiet, et je n'ai pas l'habitude de balancer de l'inquiétude à mes administrés, depuis le temps que je suis maire", s'amuse l'édile, à l'hôtel de ville depuis 1995. Il appelle d'ailleurs à ne pas affoler la population : "Soyons un peu optimistes, donnons un peu de gaieté aux Français."
Pour Frédéric Roig, président de l'association des maires de l'Hérault, de nombreux élus auront des questions très pratiques lors de la réunion, notamment sur les fermetures de classe. Lui aussi relativise les risques de délestage. "Deux heures de coupure, on s'organise, ce n'est pas la fin du monde, surtout quand c'est ponctuel", tempère le maire de Pégairolles-de-l'Escalette. "Si vous coupez l'électricité dans une école pendant deux heures, la température ne va pas passer à trois degrés", assure-t-il.
Une baisse de 10% de la consommation électrique en novembre
Des coupures tournantes programmées de deux heures maximum pourraient survenir durant l'hiver si les appels à réduire la consommation d'électricité ne sont pas suffisamment respectés.
Un système de signaux EcoWatt a été mis en place pour prévenir les consommateurs à l'avance, comptant trois niveaux : vert si tout va bien, orange quand le système est tendu et rouge quand le niveau d'alerte est maximal et qu'il faut redoubler d'efforts pour économiser l'énergie, par exemple ne pas brancher son four, couper son chauffage, etc.
Pour l'heure, le gestionnaire du réseau de lignes à haute et très haute tension RTE observe une baisse de la consommation électrique malgré le froid : - 8,3% sur une semaine par rapport à la moyenne de la période 2014-2019. EDF estime de son côté la baisse à -10% en novembre, par rapport à novembre 2021.