Alors que l'on redoute des coupures d'électricité en janvier, RTE et Enedis s'unissent pour les éviter au maximum. Entre le dispositif Ecowatt du transporteur et le site web du distributeur, le délestage sera l'ultime recours.
Les possibles coupures d'électricité de cet hiver sont au cœur des conversations. Les préfets des départements ont reçu une circulaire d'Elisabeth Borne demandant de se préparer à cette éventualité en cas de difficultés d'approvisionnement d'électricité.
Ces potentielles coupures pourraient concerner jusqu'à 60 % de la population, à l'exception de 14 000 clients dits "prioritaires" (hôpitaux, prisons...). Les personnes considérées comme "à haut risque vital" peuvent être concernées par les délestages, mais bénéficient d'un accompagnement spécifique.
20 réacteurs sur 56 à l'arrêt
Dans ce contexte "inédit", "des coupures programmées ne s'étaient jamais produites par le passé", expliquait le transporteur RTE Méditerranée. Et ce qui vaut cette situation, c'est l'indisponibilité du parc nucléaire, avec 20 réacteurs sur 56 à l'arrêt. Cela est dû à des maintenances programmées ou prolongées, ou bien encore des problèmes de corrosion.
La Ville de Marseille a d'ailleurs signé la charte d'engagement EcoWatt, dans l'objectif d'éviter ces coupures de courant cet hiver. "Nous sommes en pleine crise énergétique donc il faut que chacun s’engage à faire quelque chose pour lutter contre cette crise de l’énergie, car on risque de manquer, expliquait Michèle Rubirola, première adjointe au maire de Marseille, lors de la signature de la charte le 22 novembre 2022. Si la ville met déjà en place des écogestes, les citoyens doivent en faire de même."
EcoWatt et Enedis
Le dispositif Ecowatt permet aux usagers d'avoir une consommation responsable de l'électricité dans un contexte annoncé tendu cet hiver. Il s'agit d'une sorte de "météo de l'électricité" qui informe les usagers, en temps réel, le niveau de consommation d'électricité des Français, et d'être au courant en cas de coupures envisagées.
Lorsqu'une journée est classée rouge, cela signifie que la consommation est anormalement élevée avec un risque de coupure d'électricité. Un signal sera alors émis trois jours à l'avance. Suite à cette consommation supérieure à la production d'électricité, RTE pourrait mettre en œuvre des mesures exceptionnelles de coupures, afin de préserver l'alimentation électrique en France.
Les délestages tournants, de deux heures maximum, ne sont pour l'heure que des hypothèses si l'approvisionnement en électricité vient à poser problème en janvier. Ces coupures auraient lieu entre 8 h et 13 h pour la première partie de la journée, et entre 18 h et 20 h, lors des moments de pics de consommation.
Pour en savoir plus sur ces coupures, Enedis, principal fournisseur d’électricité en France, met à disposition un site internet sur lequel il est possible de renseigner son adresse, et "qui permettra, en cas de coupure, d’identifier si leur logement est touchée ou pas. Pour l’instant, le message est plutôt sympathique", explique Sylvain Gendre, délégué territorial des Bouches-du-Rhône.
Adopter les bons gestes
Il est possible de retrouver des conseils, les bons réflexes et le faire en toute sécurité pour anticiper une coupure temporaire, comme par exemple couper l'alimentation des appareils sensibles avant le créneau qui présente un risque de coupures, ou encore recharger les appareils qui fonctionnent avec des batteries (portables, ordinateurs...) de manière à ce qu'ils soient opérationnels durant la coupure.
Mais aussi d'adopter les écogestes proposés par le dispositif EcoWat comme la baisse du chauffage, la fermeture des volets à la tombée de la nuit, la réduction des éclairages publics et privés, le report de l'utilisation des appareils électriques les plus consommateurs, sont des gestes à adopter pour cet hiver qui s'annonce tendu.
Sylvain Gendre insiste également sur un point important en termes de sécurité : "Les personnes qui sont tentés de mettre en place un chauffage d’appoint, à gaz ou pétrole, doivent être prudents concernant l'intoxication au monoxyde de carbone."
Les coupures en dernier recours
Sylvain Gendre se veut pour l'instant rassurant : "Les coupures ne viendraient qu’après que tous les moyens qui existent aient été mis en place." D'abord, "l’interruptibilité", en coupant le courant aux 14 acteurs les plus électro-tensifs du pays, dont de gros industriels, qui sont rémunérés pour cela.
RTE peut également "actionner une baisse de tension de 5 % sur le réseau de distribution, sans grande conséquence pour l'usager", poursuit le délégué des Bouches-du-Rhône. S'ajoute à cela la bascule de l'alimentation des ballons d'eau chaude la nuit et enfin, "RTE a aussi la possibilité de mobiliser des entreprises qui ont des groupes électrogènes", souligne-t-il.
"Le rôle d'Enedis est d’appliquer ce que RTE nous demande afin de faire en sorte que ça se passe le mieux possible pour tout le monde", conclut Sylvain Gendre.