Les examens du premier semestre se tiendront le 18 janvier prochain en présentiel à la Faculté de droit de Montpellier. Une décision qui suscite l'incompréhension de certains étudiants : pourquoi permettre la déroulement d'examens en présentiel mais maintenir les cours en distanciel ?
Du 18 au 29 janvier, le brouhaha quotidien va reprendre à la Faculté de droit et de science politique de Montpellier. Les étudiants vont regagner les bancs des amphitéâtres pour les traditionnelles sessions d'examen.
"En tant que professeurs, nous ne pouvons admettre que nos étudiants soient coupés plus longtemps des modalités classiques d’examen, de peur qu’ils ne sachent plus s’y confronter et que cela nuise gravement à leur formation et aux concours qu’ils souhaiteront passer", explique Guylain Clamour dans une lettre adressée aux étudiants.
Protocole sanitaire
Pour permettre le respect des gestes barrières, un protocole a été mis en place par la Faculté. Au programme : distanciation sociale, aération des salles, accès aux salles par différents bâtiments pour réduire les flux...
Mais voilà que l'annonce fait réagir sur les réseaux sociaux. Le syndicat étudiant, SCUM, répond à cette lettre envoyée par le doyen : "avez-vous pensé au risque que vous leur faites prendre, à eux et à leurs proches, en les entassant dans les couloirs, en les faisant tous utiliser les mêmes WC et en leur faisant traverser la ville en transport en commun ?"
Je ne peux pas demander aux étudiants de ne pas faire part de leurs craintes, de leurs revendications, c’est totalement normal. Mais concernant les examens, il n’y a pas de solution optimale.
Pas de solution optimale et de simples "recommandations" livrées par l'Etat, de quoi jeter le flou du côté des présidents d'universités désormais "libres" d'organiser les examens en présentiel ou à distance.
Pour certains étudiants malgré tout, le retour à la faculté pour les examens c'était nécessaire : "c’est important pour nous, pour notre avenir de maintenir ces examens en présentiel. Je n’ai aucune inquiétude concernant les mesures sanitaires qui vont être prises. Il y a un protocole strict mis en place pour respecter les gestes barrières", confie Quentin, un étudiant en seconde année de science politique à Montpellier.
Incohérences autour des décisions prises
Pour Quentin, la question soulevée par cette tenue des examens en présentiels et partagée par ses camarades de promo c'est "l'incohérence des mesures prises".
On nous interdit d’aller en cours mais à côté de ça on organise les examens en présentiel. Pourquoi ne pas nous permettre de retourner à la faculté, en semi-présentiel ? On n'y comprend plus rien.
Depuis octobre dernier, les cours se font en effet uniquement à distance. A la Faculté de droit et de science politique, il n'y a pas de travaux pratiques, les élèves passent donc leurs journées derrière leur écran.
Une situation devenue aujourd'hui intenable pour eux mais aussi pour les professeurs inquiets de l'avenir de leurs étudiants. "En science politique, nous avons 500 étudiants de la première année au doctorat. C’est une filière à part puisqu’elle est sélective. Mais nous évaluons malgré tout le décrochage à 40-50% environ. Après une journée de 8h derrière un écran comment voulez-vous qu’ils ne décrochent pas", s'indigne Alexandre Dézé.
Quid des élèves malades ?
Autre interrogation soulevée par le syndicat étudiant, l'organisation des examens pour les élèves malades du Covid-19 ou cas contacts. Le SCUM demande la "mise en place d’une session d’examen supplémentaire pour les étudiants ayant contracté le COVID-19, qui se tiendrait de façon différée des examens du premier semestre".
Une requête à laquelle le doyen de la faculté, Guyclain Clamour, a répondu : "il y aura une session de rattrapage comme pour tous les examens. Mais on ne peut pas mettre en place une troisième session, ce serait illégal par rapport à l’arrêté qui prévoit deux sessions".
Sur cette question, les directives du gouvernement sont floues. Dans un premier tweet, le ministère de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'innovation déclare que des sessions de substitutions doivent être organisées pour les étudiants contraints de rester en isolement.
Puis dans second tweet, il précise que ces sessions de sustitutions sont une simple "recommandation"et non une obligation.
Après remontée à la Direction de l'Enseignement Supérieur (DGESIP) des remarques d'internautes, il s'avère que la tenue d'examens de substitution pour les malades du covid-19 ou en contact n'est pas une obligation mais une recommandation. Veuillez nous excuser pour cette erreur.
— Ministère Enseignementsup, Recherche, Innovation (@sup_recherche) January 8, 2021
"Instances démunies"
Pour les professeurs difficile d'y voir clair dans la politique du gouvernement.
Ce n’est qu’une succession de mesures brutales prises sans concertation. On est murés, cloîtres, on ne peut rien faire aujourd’hui toutes les instances sont démunies. On est en train de sacrifier une génération d’étudiants sans s’en soucier davantage alors qu’il y a des solutions envisageables.
Pour finir, certains étudiants s'inquiètent également des attentes des professeurs lors de ces examens. "On ne veut pas un diplôme au rabais mais il faut tenir compte des difficultés qu’il y a eu pendant le semestre. On ne peut pas faire comme si de rien n’était", ajoute Quentin.
A travers cette "polémique" autour de l'organisation des examens c'est finalement le désarroi d'une institution qui en ressort avec un sentiment commun : l'abandon. "La fac et les étudiants, ce n’est pas la priorité du gouvernement. Il n’y a pas eu de travail derrière pour trouver des solutions et permettre aux étudiants de retourner en cours", conclut Quentin, étudiant en deuxième année de science politique à Montpellier.
Enième maladresse du gouvernement
Hier, lundi 11 janvier, Frédérique Vidal, la ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation s'est rendue à Cergy-Université pour le "retour symbolique" des étudiants à l'université à l'occasion des examens. Un déplacement au cours duquel la ministre a tenté de justifier le non-retour possible vers des cours en présentiel : "le problème c'est le brassage. Ce n'est pas le cours dans l'amphitéâtre mais l'étudiant qui prend un café à la pause, un bonbon qui traîne sur la table ou un sandwich à la cafétaria avec les copains".
Une maladresse de plus qui indigne les élèves de permière année de Science politique à Montpellier. Sur les réseaux sociaux, ils viennent de lancer le #étudiantsfantômes afin d'être entendus et d'arrêter d'être infantilisés.