A l'annonce du reconfinement, Emmanuel Macron a autorisé l'activité de certaines entreprises, mais d'autres doivent fermer. Les fédérations, syndicats et organismes de tous les secteurs sont inquiets. Ils redoutent les conséquences catastrophiques que pourrait engendrer le deuxième confinement.
A l'annonce du reconfinement, mercredi soir, Emmanuel Macron a annoncé que l'activité serait maintenue dans certains secteurs. C'est le cas notamment dans l'industrie, dans le Bâtiment et les Travaux Publics (BTP), dans l'agriculture. Les hôtels et restaurants, eux, vont à nouveau devoir fermer comme de nombreux commerces non-essentiels. Les acteurs économiques de la région réagissent à ces nouvelles mesures de reconfinement.
Pour l’économie c’est un véritable tsunami
"On est véritablement dans un système qui se répète une deuxième fois. C'est un gros choc pour la totalité des commerçants" déclare André Deljarry, Président de la Chambre de Commerce et d'Industrie (CCI) de l'Hérault.
Depuis l'annonce du confinement, la CCI renforce sa cellule d’appui : "tout le monde devient expert CCI de l’accompagnement d’entreprise. Pendant le premier confinement on a eu 30500 appels sur 80000 entreprises". André Deljarry est prêt à affronter la deuxième vague mais reste inquiet : "Je suis inquiet par rapport aux dépôts de bilan qui verront le jour en 2021 et 2022. Un commerce ce n'est pas ON/OFF. Il y a besoin d’une relance, de reprendre des habitudes et donc faire revenir des personnes en centre ville".
La CCI Hérault répond aux entrepreneurs en difficultés.
— CCI Herault (@CCIHerault) October 29, 2020
Vous pouvez poser vos questions en utilisant l'adresse e-mail dédiée au mesures d'accompagnement disponible : covid19@herault.cci.fr https://t.co/BaiHQn1glR
Les hôtels, restaurants et commerces à l'arrêt
Jacques Mestre, président de l'union des métiers et des industries de l'hôtellerie (UMIH) fait part de sa réaction à l'annonce du reconfinement : "au départ, je pensais qu’on pourrait aller jusqu’à dimanche soir. C'était une annonce brutale pour nous, on était choqués. Après cette annonce, il y a eu les larmes et le desespoir".Auourd'hui, Jacques Mestre est dans un autre état d'esprit : "la colère monte. On nous laisse pas arriver jusqu’à dimanche alors que c’est la Toussaint". Les activités de vente à emporter sont néanmoins autorisées dans les restaurants.
Jacques Mestre souhaite en savoir plus sur des modalités... "pas nettes" selon lui !
On me donne des crédits que je dois rembourser. Ils nous ont donné deux ans de plus, mais c'est un report d'échéances.
En Occitanie, 93% des entreprises comptent moins de 10 salariés et 98% des entreprises ont moins de 25 salariés. Samuel Cette, président de la Chambre des Petites et Moyennes Entreprises (CPME) en Occitanie fait part de son inquiétude : "On a juste le droit de beaucoup s’endetter et de ne pas créer de richesse".
Certains commerces de proximité ont dû fermer , "c'est une concurrence déloyale par rapport aux grandes surfaces. Aucune justification sanitaire, on ne comprend pas. C’est insupportable et incompréhensible". Il ajoute "plus on va avancer, moins elles seront capables de rembourser. Je demande la prise en charge intégrale du préjudice subi".
Les usines continuent à produire
"C'est une bonne nouvelle que les usines restent ouvertes, particulièrement dans une région comme la nôtre" déclare Christophe Meyruey, délégué général de l'Union des industries et métiers de la métallurgie en Occitanie. Cependant, il craint une baisse de la consommation : "Certains commerces sont en lien direct avec nous. Les concessions automobiles fermées, c’est des voitures qui ne se vendent pas".En Occitanie, 60 000 salariés travaillent dans l’aéronautique et le spatial. Christophe Meryruey est inquiet pour les sous-traitants : "Airbus c’est 5 milliards d'euros d’achats des sous-traitants dans la région. On ne sait pas dans quel état on va sortir du confinement".
Le BTP en mode dégradé
A l'annonce du reconfinement, le secrétaire général de la fédération française du bâtiment (FFB) dans le Gard, Olivier Polge, n'a pas été surpris d'apprendre que son activité ne cessera pas : "On le savait. Les chantiers continueront comme avant tout en respectant les gestes barrières". Les chantiers seront tout de même au ralenti : "Ce qui est compliqué c’est la multiplication des cas positifs et cas contacts dans les équipes. On a la chance de pouvoir travailler mais en mode dégradé".Les délais d'instruction des permis de construire ne seront cette fois-ci pas prolongés : "Pendant le premier confinement, tout ce qui était administratif était à l'arrêt. Plus personne n'instruisait les demandes. Emmanuel Wargon nous a rassuré ce matin".
Les commerces de gros, pour se fournir, resteront aussi ouverts :"On est plutôt confiant mais faut être vigilant sur la réalité de ce qu’on peut faire ou pas faire". Le Président de la FFB a lui aussi réagi aux annonces présidentielles sur les réseaux sociaux, ce jeudi soir.
Les agriculteurs s'adaptent
Le secteur de l'agriculture, lui, n'a pas été confiné en mars : "Ça continue à pousser pendant le confinement" déclare Jean-Pascal Pelagatti, secrétaire général de la fédération héraultaise des syndicats d'exploitants agricoles (FDSEA). Leurs salariés, eux aussi, pourront travailler pendant ce reconfinement : "Là c'est plus de la gestion de salariés. Il ne faut pas les faire co-voiturer, une rangée sur deux à la vigne et pas les faire manger ensemble pendant les repas."Cependant, Jean-Pascal Pelagatti est inquiet pour les producteurs qui vendent leurs produits aux cafés, hôtels et restaurants : "C'est le point négatif. Il faut à nouveau s'adapter, faire des drives, et des livraisons à domicile." Jean-Pascal Pelagatti est aussi angoissé par rapport à la vente du vin en vrac : "Les négociants qui vendent dans la grande distribution, ça marche, mais sinon non." Il conclue "S'il y a que novembre, ça va limiter les dégâts".
Jean-Pascal Pelagatti garde l'espoir d'une réouverture pour les fêtes, une grosse période de commercialisation des produits issus de l'agriculture et de l'élevage.