Les élections départementales 2021 sont marquées par un taux d'abstention record. En Occitanie, il est de plus de 62 %. A Montpellier, dans certains quartiers populaires, il dépasse 86 %. "Nous sommes en perte de repères", résume une habitante du quartier de la Mosson.
Canton Montpellier 1, le fief de l'ex-président socialiste du conseil départemental de l'Hérault, André Vézinhet qui avait fait le choix de ne pas se représenter en 2015.
Plus de 53 000 habitants. Un canton aux fortes disparités de revenus, avec Grabels d'un côté et des quartiers populaires de Montpellier de l'autre: La Paillade, Les Hauts-de-Massane, la Mosson, Alco, Celleneuve, Le Petit-Bard, la Pergola, les Cévennes et Malbosc.
Le binôme de la majorité municipale (gauche et EELV) est arrivé en tête de ce premier tour, en ballotage avec le RN. Ce dimanche, le taux d'abstention global dans ce canton est de 76,77 %. Un score très élevé mais dans certains bureaux de votes, c'est encore bien pire.
1132 inscrits et 152 votants
Dans celui de l'école maternelle James Joyce (quartier Mosson), il est de 86,57 %. Ici, sur 1132 inscrits, seuls 152 électeurs se sont déplacés aux urnes. Pas très loin de là, quartier Petit Bard, à l'école élémentaire Julie Daubie, le taux d'abstention est de 85,76 %. Les quartiers populaires ont délaissé, voir ignoré ces élections.
On est en perte de repères
"La priorité des gens, c'est de remplir leur sac de courses surtout dans les quartiers populaires. Tout le monde ne va pas partir en vacances cet été," explique cette femme rencontrée lors de la friperie traditionnelle, tous les lundis, à la Mosson. Le questionnement politique reste tout de même très présent. "Il n'y a pas grand chose qui m'inspire. Ils sont en conflit entre eux en permanence. Cela ne fait pas plus avancer le pays qu'autre chose," raconte un jeune habitant du quartier. "On est en perte de repères", résume cette autre habitante.
Lorsque l’abstention est si haute, les inégalités sociales de participation atteignent un niveau record
Jean-Yves Dormagen, Professeur de science politique à l'Université de Montpellier tente une explication: "La campagne de très faible intensité à laquelle nous avons eu droit n’a absolument pas produit de mobilisation. Ce que l’on ne voit pas toujours très bien, c’est que lorsque l’abstention est si haute, les inégalités sociales de participation atteignent un niveau record. C’est pour moi le point le plus important".
Emmanuel Négrier politologue et directeur de recherche au CNRS à Montpellier abonde : "Les habitants des quartiers populaires ne se sentent pas représentés. C'est toujours un symptôme le fait de ne pas voter dans une société démocratique. Cela est à prendre au sérieux. Les politiques publiques vont être menées pour des gens qui n'ont pas votés pour des exécutifs élus".
Va-t-on connaître un rebond de participation dimanche prochain ? Beaucoup en doutent.