Eau potable "gratuite" et tarification sociale : 5 questions à René Revol pour comprendre le projet de la métropole de Montpellier

L'accès à l'eau est un enjeu majeur de société surtout en Occitanie où de plus en plus, sécheresse et canicule alternent. La métropole de Montpellier réfléchit à une nouvelle tarification de l'eau potable pour 2023. Avec une fraction gratuite pour tous et un surcoût pour les gros consommateurs. Une vision sociale et écologique que nous a expliqué René Revol.

C'est une petite phrase, concernant la gratuité de l'eau, prononcée devant des journalistes, lors d'une visite le 7 novembre, à la source du Lez, qui a finalement fait les gros titres, ce mardi matin. Mais son auteur, René Revol, veut préciser qu'il s'agit d'un projet à l'étude, certes bien avancé mais pas encore finalisé. Et surtout, l'eau du robinet ne sera pas gratuite comme certains ont pu le comprendre.

5 questions à René Revol, vice-président de la métropole de Montpellier en charge de l'eau et maire de Grabels.

France 3 Occitanie : l'eau du robinet sera-t-elle bientôt gratuite à Montpellier ?

René Revol : "NON. Malheureusement, c'est impossible ! Car sur votre facture d'eau, outre la consommation d'eau, il y a l'assainissement, l'abonnement du compteur, plusieurs TVA et une taxe de l'agence de l'eau qui sont des coûts obligatoires et incompressibles. En revanche, la Métropole travaille sur une nouvelle tarification écologique et solidaire de l’eau pour 2023. C'est un projet dont nous étudions la faisabilité économique".

Vous parlez de l'eau comme d'un "bien essentiel à la survie humaine, un besoin indispensable".

"OUI. Face aux aléas climatiques et à la rareté de la ressource, l’eau est devenue un enjeu local et national majeur, qui nous impose d’agir pour protéger les habitants et notamment les familles les plus vulnérables. Notre projet prévoit une part de la consommation d'eau par compteur qui serait gratuite. Entre 10 et 20m3 par an, nous sommes en train de chiffrer cette proposition. C'est le besoin nécessaire minimum en eau pour vivre, soit 15.000 litres, par abonnement et par an. C'est une mesure sociale et écologique car les foyers économes en eau verront leur facture baisser.

Et pour les autres ?

"Un foyer avec 2 enfants consomme entre 90 et 120m3 d'eau potable par an. Une personne seule autour de 20 à 30m3. L'idée, c'est la gratuité des 10 à 20 premiers mètres cubes, puis une tarification progressive, d'abord normale puis avec un surcoût. Plus on consomme, plus on paye. Une famille qui remplira sa piscine de 60m3 augmente fortement sa consommation, donc sera facturée plus chers les derniers mètres cubes. C'est aussi en partie cette péréquation qui permettra de financer la gratuité des premiers mètres cubes".

Qui sera concerné et quand ?

"Les 14 communes concernées par ce projet de nouvelle tarification écologique et solidaire de l’eau pour 2023 sont Montpellier, Grabels, Juvignac, Montferrier-sur-Lez, Jacou, Vendargues, Le Crès, Villeneuve-lès-Maguelone, Pérols, Lattes, Sussargues, Saint-Brès, Prades-le-Lez et Murviel-lès-Montpellier. Celles de la régie de l'eau de Montpellier. Cela représente 84% de la population de Montpellier Méditerranée Métropole. Si notre projet abouti et est validé et voté le 5 décembre prochain par le conseil de métropole et le conseil administratif de la régie des eaux, ce sera pour 2023".

Une taxation des entreprises qui commercialisent l'eau en bouteille est-elle à l'étude ?

"C'est une proposition de loi qui n'a rien à voir avec notre projet sur la métropole de Montpellier. Mais je la soutiens. Elle est portée par Gabriel Amard, député du Rhône, qui est venu visiter la source de captage du Lez. La proposition vise à instaurer la gratuité de 50 litres d'eau du robinet du domicile principal, par jour et par personne. C'est très ambitieux et surtout il faut trouver le financement d'une telle mesure... D'autant qu'il veut aussi instaurer la gratuité du compteur d'eau au domicile principal et la mise en place de fontaines publiques d’eau potable dans toutes les communes de France. Concernant l'installation de fontaines publiques, une quinzaine existent déjà à Montpellier depuis 3 ans, cela permet l'accès des SDF à l'eau potable et aussi à tous en cas de canicule".

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