ENTRETIEN. "J'étais impressionné" : le dessinateur Dadou a rencontré Didier Raoult, héros de sa nouvelle BD

"Chloro King", la nouvelle BD du dessinateur montpelliérain Dadou, sort ce week-end. Dans cet album, le très médiatique Didier Raoult est présenté comme un dangereux dealer de chloroquine. "Ça l'a fait beaucoup rire", explique Dadou, qui a pu rencontrer le professeur marseillais jeudi dernier.

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Casquette à l'envers, cheveux au vent et sacoche remplie de pilules suspectes : voici le portrait du Didier Raoult imaginé par David Buonomo, alias Dadou. Le dessinateur montpelliérain, qui a longtemps caricaturé les coups de gueule et frasques de Loulou Nicollin, a choisi de mettre le professeur marseillais à l'honneur dans "Chloro King".

À l'occasion de la sortie de sa nouvelle BD ce week-end, Dadou a pu rencontrer jeudi 10 décembre à Marseille l'homme qui a occupé ses pensées ces six derniers mois. Il nous raconte. 

Comment est née l'idée de faire une BD sur Didier Raoult ?

Ça m'est tombé dessus ! Je réalise habituellement des dessins de presse pour le milieu du sport, et je travaille également dans l'événementiel : comme tout s'est arrêté professionnellement pendant le premier confinement, je dessinais tous les jours sur des choses qui me faisaient envie.  

Ce personnage m'a rapidement intéressé. Déjà, il est très facile à dessiner : il ressemble un peu à Panoramix avec ses cheveux longs et son look, en trois coups de crayon, on sait que c'est lui. Mais pour moi, c'est aussi le vrai rebelle de 2020. En avril, j'avais fait un dessin sur lui et Emmanuel Macron, à l'occasion de sa visite à Marseille.

Je lui ai de suite donné ce rôle de dealer de chloroquine, qui parle comme un jeune de 15 ans. Sur les réseaux sociaux, le succès a été dingue. C'est là que je me suis dit que je tenais quelque chose et j'ai eu envie de poursuivre. Je me suis documenté, je me suis appuyé sur l'actualité et l'inspiration est venue. J'ai commencé en mai et j'ai mis six mois pour dessiner ma BD, je suis allé vraiment au bout de ce que j'avais envie de faire.

Au départ, je ne comptais sortir qu'un seul tome mais comme l'épidémie de Covid a continué, je vais poursuivre mon travail ! J'ai encore beaucoup de choses à raconter. Et d'ailleurs, j'ai eu la chance d'être très inspiré : j'ai quasiment écrit l'intégralité du tome 2 en deux nuits, deux jours après la fin de la première BD ! 

Comment s'est organisée la rencontre avec le professeur Raoult ?

Initialement, j'ai contacté le chargé de communication de l'IHU de Marseille : je voulais envoyer quelques BD aux soignants pour Noël et avoir le retour du professeur Raoult. Je lui ai donc envoyé un texto avec la couverture de l'album.

Il m'a rappelé une heure après, très enthousiaste, et il m'a dit : "J'ai compris que c'était vous qui aviez fait le dessin d'Emmanuel Macron et du professeur Raoult au mois d'avril et on l'a vu !" Plus que ça encore, il m'a expliqué que mon dessin avait été projeté lors d'une réunion à l'IHU et que tout le monde était mort de rire !

Ça m'a énormément rassuré : je suis resté chez moi tout seul pendant des mois, sans montrer mes dessins à personne et sans avoir une seule idée de l'impact que la BD pourrait avoir. Je n'avais pas forcément de doutes sur la capacité du professeur Raoult à rire de lui-même, mais je craignais que mes caricatures soient mal accueillies.

C'est donc comme ça que je me suis donc retrouvé avec un rendez-vous d'un quart d'heure avec le professeur Raoult dès le lendemain, à Marseille.

Comment s'est déroulé votre entretien ?

Lors de notre rencontre, le professeur Raoult était très timide et réservé. Moi qui suis très détendu d'habitude, j'étais impressionné... comme si je rencontrais le doyen de la fac ! Il a vu la BD, ça l'a beaucoup fait rire. Il m'a dit qu'il prendrait le temps de la lire tranquillement. Nous avons fait quelques photos puis je me suis rendu en salle de repos pour rencontrer les soignants. Ça se bousculait dans la pièce : tout le monde était à fond et voulait avoir sa dédicace. C'était très amusant parce que j'ai pu rencontrer plein d'autres intervenants de ma BD. 

Didier Raoult sortait de temps en temps de son bureau et passait une tête dans la salle pour regarder : je crois qu'il était content de voir le personnel heureux, alors qu'il est constamment sous pression depuis des mois. Sur les coups de 16h30, il est revenu me voir : j'ai profité de l'occasion pour lui demander de dédicacer ma BD, en souvenir. 

Il m'a regardé, m'a demandé de m'asseoir et a commencé à me caricaturer. C'était du rapide, il m'a dessiné en 4 secondes : et honnêtement, c'était pas mal, j'ai déjà vu des dessinateurs de presse faire exactement la même chose ! Je peux vous dire qu'il a un truc ! Il a ajouté un mot dans mon livre : "Merci pour cette merveilleuse idée".

Que retirez-vous de cette rencontre ?

Je crois que les scientifiques et les artistes ont un lien : on est à la fois dans notre monde et de l'autre côté, on observe ce qu'il se passe autour de nous. Je pense que Didier Raoult est curieux et rock'n'roll, c'est pour ça qu'il a vraiment compris l'esprit de mes caricatures. 

Il y a encore 10 ans, je n'aurais eu aucune crainte d'avoir la réaction d'une personne que j'ai caricaturée. Mais je constate depuis quelques années que notre société a beaucoup évolué dans son rapport à l'humour. La rencontre avec le professeur Raoult était finalement un moment extraordinaire et elle m'a donné de l'espoir. Pourquoi ? Parce que cette année, on a non seulement parlé de Covid et de confinement, mais on a aussi parlé de liberté d'expression. Et quel plus beau symbole que de voir l'homme que j'ai dessiné sous les traits d'un dealer en train de se marrer ?

Cette année, on n'a pas toujours réussi à faire la part des choses : les gens sont soit pro-Raoult, soit anti-Raoult. Je tiens à dire que ma BD s'adresse à tout le monde : elle plaira à la fois aux personnes qui considèrent le professeur comme un Dieu, mais aussi à celles qui ne le supportent pas. Finalement, peu importe l'avis qu'on a sur cette personnalité : l'important c'est d'en rire.

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